GUERRE: Boréale VS Originelle

Les loups du Nord avaient patienté pour ce moment depuis des lunes déjà. Azara en avait lourd sur les épaules depuis un bon moment, mais voilà qu'ils passaient enfin à l'acte. Une première neige était tombée au sol et, respectant son accord avec les loups du Sud, la meute Boréale s'apprêtait à se rendre au centre pour attaquer par surprise Varzar et les siens. Affaiblir leurs troupes, en espérant qu'au Sud, Keva et les siens en faisaient de même. S'ils tenaient bon suffisamment longtemps, les deux meutes arriveraient à se rejoindre pour un combat ultime. Azara frissonna. Ce n'était pas gagné d'avance. La nourriture avait recommencé à se faire rare au Nord, avec le retour du froid et les inondations dans les dernières semaines, sans compter qu'ils étaient peu nombreux. Tout allait se jouer aujourd'hui. Azara se sentait anxieuse, mais aussi un peu dans le déni. Elle ne réalisait pas tout ce qui se jouait en cette matinée glaciale et venteuse.

La louve blanche écouta les demandes de son alpha et ils se mirent tous en route vers la forêt mixte, lentement, silencieusement. La bêta espéra du plus profond de son cœur que la meute Originelle n'avait pas eu vent de leur plan. Toute l'opération reposait sur la surprise. Si les loups du centre savaient ce qui les attendait, ceux du Nord, eux, étaient foutus. Les dents serrées, Azara avançait vers son destin.

Le vent soufflait. La neige tombait à gros flocons au sol. Ce n'était pas la température idéale pour attaquer une meute ennemie. Mais Azara était déjà venue ici. La forêt mixe ne lui était pas entièrement étrangère et entre le brouillard blanc, elle distingua le paysage où elle avait jadis rencontré Keva. Alors que tous écoutait le silence autour, le souffle coupé, Azara vit une masse grise se faufiler entre les arbres à toute vitesse. Elle n'eut pas le temps de déclarer l'alerte qu'un loup ennemi percuta un jeune loup noir à ses côtés. Linéa se jeta dans la mêlée, alors qu'Azara, les sens en alerte, se crampa au sol, prête à se défendre si on l'attaquait.

Varzar... Où es-tu, Varzar?

*

Elderi ouvrit les yeux ce matin-là et, bien qu'il était installé en boule au fond de sa tanière, il sentit le froid lui pénétrer les os. Il savoura un moment cette sensation déstabilisante. Le jour était enfin arrivé. Ces idiots du Nord, affamés et désespérés, allaient marcher vers eux. Elderi n'avait pas trop compris comment toute cette situation avait vu le jour. Il se mêlait guère aux décisions politiques de sa meute. Son seul travail était de former les petits. Les aider à trouver leur voie... les aider à devenir redoutables. Quand on lui avait annoncé une guerre à venir, la défense importante de sa meute, le vieux loup n'avait pourtant pas hésité. Il en n'était pas à son premier combat, mais c'était le moment ou jamais de mettre en pratique ce qu'il apprenait à ses protégés depuis des années. Foncer. Être sans pitié.

On avait décidé de l'envoyer au Nord. Prendre par surprise ces loups qui croyaient avoir été plus fins qu'eux. La même chose se produirait aussi au Sud. Elderi secoua son pelage terni par les saisons et se mit en route. Il n'avait rien à perdre. Il avait déjà amené à sa meute tout ce qu'il avait pu lui amener. Sa famille, toute décimée depuis des lunes. Il ne lui restait qu'un fils, un guerrier qui avait décidé de rester au sein de la meute Originelle. Il se battrait à ses côtés et rendrait les siens fiers.

La température était infernale. Le vent s'était levé et les flocons tombaient et brouillaient leur vision, ce qui arrivait rarement au centre, où la météo était plus tempérée. Ça ne l'empêcherait pas de tout donner. Il connaissait le lieu par cœur. Chaque arbre, chaque branche, chaque racine. Il contourna tous les obstacles dans un silence crispé. Il savait que ce combat pouvait mal tourner pour lui. Mais la tentation de sentir les corps chauds des idiots du Nord s'écraser sous ses pattes lui donna des frissons de plaisir. Il était prêt.

Il n'était pas le seul à avancer vers les terres du Nord, espérant croiser la meute Boréale et la réduire en bouillis. Plusieurs des siens s'y rendaient aussi, d'un pas assumé. Elderi resta à l'arrière, observateur. Le vent monta et le percuta violemment. C'est alors qu'il sentit une odeur inconnue au fond de ses narines. Tous se figèrent dans un même mouvement. Les loups du Nord.

Les secondes s'écoulèrent. Même les siens avaient perdu un peu de leur ferveur. Personne n'osait se lancer. C'était maintenant ou jamais. L'angoisse monta d'un cran. Elderi eut un petit sourire en coin. Il n'avait rien à perdre. C'est tout ce qu'il se disait. D'un bond puissant, il s'élança droit devant lui, ses pattes s'enfonçant dans la terre. Gagnant rapidement de la vitesse, malgré sa course maladroite due à l'âge, Elderi vit les loups ennemis au même moment où il tomba sur eux. Il percuta de plein fouet un mâle à la fourrure foncée.

C'était parti.

Elderi:

La louve blanche se figea d'abord sous l'angoisse. Elle avait beau s'y être préparée, elle n'était pas une combattante. Elle chassait des proies plus petites qu'elles, elle respectait l'ordre de la nature, elle tuait pour se nourrir. Elle ne tuait pas les siens. Pourtant, il fallait agir, sinon elle allait elle-même y laisser sa peau. Il était fini le temps où Azara pouvait méditer dans son coin, en observant la situation. Elle devait sortir de sa zone de confort et se battre. Devant ses yeux, deux loups ennemis déboulèrent à toute vitesse. Ils s'en prirent à un des siens. Elle entendit le couinement effrayé du loup du Nord lorsque son adversaire lui déboita violemment la mâchoire. Un élan de colère monta à la gorge de la bêta. Ils avaient tant souffert: hors de question qu'elle les laisse les mettre en morceaux. Au même moment, l'adversaire leva les yeux vers elle. Elle n'eut que le temps de reconnaître Varzar avant qu'il se jette sur elle.

La petite louve blanche, piquée dans son ego, partit elle-même à la course et rejoint l'alpha du centre à mi-chemin. Les deux bêtes se percutèrent durement, assez pour en perdre toutes deux l'équilibre. Azara remonta rapidement sur ses pattes. La petite neige qui couvrait le sol à présent était peut-être glissante pour les loups de la meute Originelle, mais pas pour les siens, qui savaient prendre la météo à leur avantage. Elle retroussa les babines, grogna vers Varzar, hérissa son poils et gonfla son poitrail. Elle n'avait plus aucun respect pour le dominant dès la minute où il avait blessé l'un des siens.

—Alors, gros tas, tu es prêt à subir la plus grande défaite de ta vie?

Azara n'était pas stupide. La peur animait chacun de ses membres et elle voyait bien que le mâle, plus corpulent qu'elle, était aussi beaucoup plus féroce et habile. Mais il n'avait pas sa vitesse. Azara avait toujours été une des plus rapides.

—Il faudra commencer par m'attraper si tu veux sauver ta réputation.

Le provoquer. Suffisamment pour qu'il décide de la suivre. Elle profita de l'hésitation de l'alpha pour poursuivre sa technique et évoquer une carte à laquelle elle avait énormément réfléchi dans les dernières semaines.

—Tu te crois plus malin que nous. Tu n'as rien vu encore. Keva se moquerait bien de toi.

Azara bluffait un peu. Les loups du centre commençaient déjà à les envahir. Azara entendait les jappements enragés tout autour d'elle. Mais ils ne se laisseraient pas abattre et évoquer l'alpha du Sud allait probablement semer le doute dans la tête du loup gris. Comme il avait fait avec la sienne. Lançant à Varzar un sourire mauvais lorsqu'elle le vit prêt à charger à nouveau vers elle, elle décampa à toute vitesse dans la direction opposée. Le vent monta, la neige l'enveloppa, mais elle savait que Varzar suivrait. Dans sa fourrure blanche, elle devait paraître invisible à présent. C'était parfait. Entraîner Varzar avec elle, loin des siens pour le défendre, invisible dans la tempête.

Azara jouait avec sa vie.

Spoiler:

*

Elderi s'enfonça de tout son poids sur le petit mâle de la meute adverse. Il n'eut que le temps de se relever, un peu plus loin, pour voir une autre louve lui venir en aide. Quel lâche. Incapable de se battre seul. Cette louve avait toutefois du cran. Elle lui sauta immédiatement sur le flanc, qu'elle mordit à pleins crocs. Elderi retint au fond de sa gorge un cri de douleur. Ne jamais montrer sa faiblesse à l'ennemi. Acharnée, son adversaire balançait sa tête à gauche et à droite, déterminée à le mettre en morceaux. Malgré la douleur, le vieux loup n'avait pas dit son dernier mot. Alors que la poigne de la louve lui fit perdre l'équilibre et tomber au sol, Elderi arriva à attraper une des pattes de son adversaire entre ses crocs. Sans hésiter une seule seconde, il mordit de toute ses forces, assez pour attendre avec satisfaction les os de la blanche craquer un peu. Elle se dégagea trop vite pour qu'il arrive à lui casser une patte, mais il venait certainement de la lui fouler.

Dans un rire à mi-chemin entre le bonheur et le grognement, Elderi profita de son coup pour se remettre sur ses pattes et percuta la louve au pelage clair pour la faire tomber au sol à son tour. Il lui griffa le ventre et sentit le sang perler au bout de ses pattes. Il ne faisait pas un travail très propre. Le mentor était maladroit, mais dévoué. Il donnerait tout ce qu'il avait. Essayant de ne pas montrer son souffle saccadé, il continua de combattre la louve, ignorant le souffle qui s'échappait à plein flot de sa propre blessure.

Spoiler:

Les mots de la louve des neiges avaient fait leur effet. Varzar essayait de l'attraper par le collet. Elle pouvait voir la haine brûler dans ses yeux. L'espace d'un instant, Azara trouva cette guerre absolument ridicule. Elle détestait si profondément le loup gris, ce mâle vantard et arrogant, qui lui semblait l'unique obstacle à leurs problèmes. Mais à quoi bon? Si seulement la meute du centre avait accepté de partager ses ressources dès le départ, de travailler de façon solidaire avec eux, mais avec les loups du Sud aussi, ils n'en seraient pas là. Mais les vieilles guerres, ce qui avait il y a de cela de nombreuses générations séparé les loups de cette terre, continuaient de faire leur effet. Varzar lui hurla de se taire lorsqu'elle évoqua Keva et la bêta s'éclipsa dans la neige tourbillonnante avec un sourire en coin. Éloigner l'alpha. Puis, le réduire en pièces.

Azara sauta à gauche et à droite pour éviter les racines sur lesquelles elle se bûchait. Son propre souffle saccadé remplissait ses oreilles, si bien qu'elle ne remarqua que trop tard qu'elle n'entendait plus les pas à la course du loup derrière elle. La louve blanche n'eut le temps que de s'arrêter quelques secondes pour regarder derrière elle avant que le loup gris lui fonce dedans de plein fouet par devant. Azara eut le souffle coupé. Elle sentit les crocs de la bête dans sa fourrure et elle lâcha un couinement avant de réussir à se débarrasser de la poigne de l'alpha. Une crainte commençait à s'installer dans son esprit. Elle avait pensé qu'elle arriverait à déstabiliser le loup, mais Varzar avait vu clair dans son jeu et connaissait ses terres mieux qu'elle. La louve blanche se débattait du mieux qu'elle le pouvait pendant de longues minutes. Son seul avantage était sa vivacité. Elle arrivait à se déplacer suffisamment rapidement pour éviter les coups du loup. En revanche, il était plus fort qu'elle et à chaque fois qu'elle s'approchait en essayant de lui mordre le cou, d'y chercher la jugulaire, Varzar arrivait à la jeter au sol. C'est ce qui venait d'arriver à nouveau lorsque le loup se jeta sur elle sans prévenir et lui mordit la patte avec violence. Azara lâcha un cri horrifié et enragé. Elle lança un coup d'une de ses pattes encore valides sur le museau du gris, lui laissant une belle entaille. Mais ce n'était rien en comparaison au sang qui s'échappait déjà de sa patte arrière droite. Dommage que ton sang coule si vite. Avec un peu de chance tu aurais pu avoir un merveilleux souvenir de moi si tu aurais eu la chance de rester en vie. Haletante, Azara resta couchée sur le flanc, retenant en elle un grondement face à l'arrogance du loup. Sa seule chance de se sortir de ce combat était de sembler le plus faible possible, comme morte. Elle avait échoué à s'en prendre à Varzar. Elle le savait.

Le loup gris avait compris la même chose. Il s'éloignait déjà vers le combat principal. Azara resta perplexe. Pour une meute sanguinaire, comme on le lui avait toujours appris, le dominant n'osait même pas l'achever complètement? Elle en était surprise. Il l'avait laissé en vie. Mais cela changerait-il quelque chose à son état?

La louve blanche leva la tête pour regarder la plaie sur sa patte. Elle essaya de la lécher pour calmer l'hémorragie, mais elle se sentit aussitôt toute étourdie et retomba au sol. L'information se mélangea dans sa tête. Trouver des plantes. Faire une pâte. Garder en elle le sang qui s'échappait de sa plaie. C'était ce que lui avait appris la jeune Imala. Mais à présent, Azara se sentait paralysée, incapable d'appliquer ce qu'on lui avait montré. Partout, de la neige. Aucune plante comme ils avaient au Nord. Azara couina doucement, à nouveau. Elle avait été trop sûre d'elle et elle en payait le prix.

À deux doigts de la mort, Azara pensa à sa mère.

Un flocon. Deux flocons. Trois flocons. Azara ne sentait plus rien outre la neige qui venait se fondre contre son museau, contre son corps, contre le sang chaud qui s'échappait toujours de sa blessure à la patte. Alors, c'était tout? Une vilaine morsure et elle abandonnait? Je t'ai appris mieux que ça, Azara. La bêta cligna lourdement des paupières. C'était trop difficile. Elle voyait au fond de son esprit la carrure de sa mère, ses oreilles bien droites, ses muscles bandés. Prête à la chasse. Grandiose. Puissante. C'était comme ça que la louve blanche voyait sa mère lorsqu'elle était toute petite. Tu es capable de tout si tu y crois vraiment. Puissant, avant qu'elle se blesse et qu'elle meure à petit feu. Comme Azara mourait elle aussi maintenant.

—Je veux juste dormir, Maman.

Une voix râpeuse. Avait-elle vraiment parlé ou se l'était-elle imaginé? Un vague couinement lui répondit. Dormir. Ne plus rien dire. Ne plus rien sentir. Un voile sombre recouvrait déjà ses yeux lorsqu'une truffe vint se poser sur la sienne. Maman. Maman. Je suis là Azara, je vais t’aider. Oui... La louve mit quelques secondes avant de reprendre ses esprits. Ce n'était pas la voix de sa mère. C'était quelqu'un d'autre. Elle connaissait cette voix. N'y voyant toujours que du noir, Azara commença à paniquer, à vouloir bouger. Aucune force dans son corps pourtant. Elle sentit une langue contre sa blessure et couina, elle sentit qu'on la traînait dans la neige. Varzar était revenu l'achever. Je reviens vite près de toi. Garde courage. Non, ce n'était pas Varzar. Imala!

Azara écouta attentivement le bruit du vent et fut soulagée d'entendre les pas de la petite louve dans la neige. La guérisseuse lui demanda de mâcher quelques plantes avec de la neige. Azara rassembla toutes ses forces et se mit au travail. Le mélange n'avait pas un goût si difficile, mais chaque bouchée lui donnait pourtant la nausée. Son cœur battait si fort dans sa poitrine qu'elle le sentait presque cogner dans sa plaie ouverte. La tête lui tournait, mais Azara continua. Force était de constater qu'elle se sentait un peu mieux déjà. Plus positive. Imala était là, elle l'aiderait. Elle n'allait pas mourir.

Pourtant, ce n'était pas suffisant. Imala lui dit qu'elle avait perdu beaucoup de sang et que la pâte qu'elle venait de lui mettre sur la patte pouvait se déplacer si elle se mêlait trop aux combats. Si tu es à nouveau blessé, tu pourrais en mourir, il vaut mieux que tu reste un peu en retrait des combat pour le moment Azara... Azara regarda les yeux vairons de son amie, un peu honteuse. Elle voulait être de ceux qui sauveraient sa meute. Elle ne pouvait rester dans un coin. Mais après tout, n'était-ce pas ce qu'elle avait toujours fait, rester en retrait? Observer... et agir quand cela était le temps. Elle murmura d'une petite voix à la louve grise:

—Varzar... Il croit que je suis morte. La surprise a toujours été notre meilleure alliée.

Elle s'arrêta, persuadée qu'Imala comprendrait. Surprendre l'alpha en lui montrant qu'elle était toujours sur ses pattes. Le déjouer que pour quelques secondes, suffisamment pour qu'un autre loup l'attaque pendant qu'il a l'attention ailleurs. C'était le meilleur plan qu'elle pouvait offrir aux siens, maintenant.

—Merci Imala. Finissons cette guerre maintenant.

Dans l'air, des nouvelles odeurs se mélangeaient. Keva. Les loups du Sud. Ils avaient tenus leur promesse. Azara continua de reprendre son souffle, avant de devoir rejoindre les siens.

*

Cette louve avait du cran. Malgré qu'il venait de lui labourer le ventre, la louve bouscula Elderi de sa patte valide et lui mordit aussi violemment le museau. Alors qu'elle se accrocha de toutes ses forces pour se remettre sur ses pattes, le vieux loup ne put s'empêcher de couiner de douleur cette fois. Il s'échappa quelques secondes de la prise de la louve et secoua son visage blanchi par les années. Il retroussa les babines et poussa un grognement, ce qui déclencha une vague de douleur tout au long de son facial. Il n'en grogna qu'encore plus. La louve était rapide, toutefois. Elle n'avait pas froid aux yeux. Elle se jeta sur sa nuque avant qu'il ne puisse se protéger. Elderi lança en grognant:

—Non!

Mais la louve trébucha sans avoir touché sa jugulaire, ce dont il craignait. Elle tomba au sol en entraînant avec elle la chair du loup qui hurla de rage cette fois. Il vit le sang gicler partout dans la neige auparavant immaculée. Le paysage devant ses yeux tremblota légèrement et il vit trouble. La douleur était sans nom et il n'arriva pas à atteindre sa blessure pour la lécher, la protéger. Elderi se sentit vulnérable pour la première fois depuis le début du combat.

Il remarqua que la louve regardait autour d'elle. Le spectacle n'était pas beau à voir. Des loups des deux camps gisaient au sol, mais Elderi voyait bien que les loups de la meute Originelle gagnaient pour le moment le combat. Ce constat lui redonna de la force, bien que le sang coulait maintenant à plein flot de la plaie à son cou et que le sang sur son museau lui brouillait la vue. Il lança un violent coup de patte à la louve au pelage clair. Il sentit ses griffes lui transpercer un œil, avant qu'il se jette de toute ses forces sur la mâchoire de la femelle, toujours au sol. Un craquement satisfaisant se fit entendre. Un œil aveugle et une mâchoire foulée, cassée s'il avait été chanceux. Cela ne tuerait pas la louve, bien sûr. Mais c'était suffisant pour lui donner une bonne leçon. Elle aurait à jamais sur son visage la trace d'Elderi.

Elderi vit son alpha refaire surface parmi les troupes. Soudainement faible, il battit retraite. Il ne pourrait pas tuer cette louve. Pas maintenant. Il devait reprendre des forces. Au fond de lui, bien qu'il détestait se l'avouer, il espéra qu'elle ne reviendrait pas à la charge contre lui.