Tu m'as piégé [PV Keva]

L'alpha des Originelles gardait les yeux ouverts dans la pénombre. C'était ainsi depuis plusieurs nuits déjà, de part la chaleur douce et la brise légère de l'été et d'autre part, par toutes ses voix et discussions qu'il ressassait sans cesse dans sa tête pour en tirer le meilleur. Des problèmes dans le sud, des problèmes dans le nord et chaque file rejoignait comme un cœur représentant sa meute. Où plutôt ses terres voisines. L'idée qu'une meute quel-qu’elle soit viennent se rapprocher de ses frontières faisait monter en lui une anxiété peu digne de sa froideur habituel.
Cette nuit-là, il se retrouvait pris de nouveau en pleine réunion de ses plus proches soutiens. Eux seul étaient au courant pour le moment de la potentiel alliance et des véritables problèmes qui apparaissaient petit à petit. Varzar n'avait pas voulut tirer la sonnette d'alarme et inquiéter tout le monde. La plupart qui suivait de près les frontières se doutaient déjà de quelques choses, du moins le mâle l'espérait car sinon, cela voulait dire qu'il avait une meute peu intelligente. La dernière réunion avait une nouvelle fois créer des discordes au sein même de ses sbires. Les plus bourrus comme son frère par exemple ne voyait en là que le moyen de commencer une guerre. Les plus sages, et il y en avait peu dans les Originelles préconisaient l'attente afin de peaufiner un plan de contre-attaque. Lui, le dominant, écoutait la voix de tous et les réécoutaient encore et encore alors que la lune se levait toute les nuits. Et malgré tout l'entourage qu'il avait, une seule alternative pour lui était possible. Intelligente, coup de maître même mais encore trop juvénile pour en parler à quiconque. Même à ses plus loyaux camarades. Oui... si cela devait tourner mal... sachant qu'il n'espérait pas en venir là car cela donnerait lieu à de grande souffrance pour tous, il y aurait toujours cette solution. Un choix qu'il aurait très bien pu accomplir rapidement au simple bonheur des Originelles s'il n'y avait pas eu tout ceci.

S'étirant les membres tel un félin, l'alpha quitta sa tanière sans trouver le sommeil. Le ciel étoilée était clair grâce à la pleine lune et les rayons blanchâtres traversaient le feuillage en inondant le camp de sa lumière. Tout le monde dormait sauf quelques sentinelles. La température était tellement agréable que Varzar se demandait souvent pourquoi il ne pouvait pas toujours en être ainsi. Son regard s'éternisa sur ces loups fidèles et il décida de bouger en se rendant compte qu'il s'était mis à sourire.
Après avoir saluer les gardes à l'entrée, le mâle s'éloigna avec déjà en tête l'endroit où ses pattes le mènerait. Il y avait bien un coin... qui peut-être changerait un jour tout. C'était bien le coin que Varzar appréciait le plus. Un endroit si extraordinaire dans un paysage camouflé par les parois rocheuses. Pour l'atteindre, il y avait bien un peu de chemin à faire, mais il avait tout le temps. Marcher lui faisait du bien, pour une fois qu'il n'avait pas de projet derrière la tête. De projet à réaliser sur le champ bien sûr.
Le rythme cardiaque ayant accéléré après une petite ascension d'une bonne vingtaine de minutes, le spectacle au bout en valait la peine. Il avait laisser son territoire pour une nuit. Un vent nouveau ébouriffa sa fourrure, tiède et chaleureuse alors que la vue devant lui s'installait. Le fjord semblait avoir été façonné par une bête gigantesque. Les eaux très bas devant lui reflétaient le clair de lune. Oui, ce coin lui appartenait. À lui seul et à ses pensées. Décidant de s'allonger le museau pointer devant le spectacle, il laissa libre à son imagination devant la voûte céleste. Lui qui d'habitude gardait tout derrière un faciès de marbre se laissait aller un court instant.

Cette journée là, Keva sentait que quelque chose était différent. Était-ce l'air? La journée fut agréable, certes, mais elle ressentait le besoin de s'isoler de sa meute. L'avenir était en jeu. Elle le savait et ne pouvait le nier. Alors que le soleil descendait dans le ciel et que sa meute était maintenant au repos, elle décida de s'éclipser. Désirait-elle réellement être seule? Ou voulait-elle l'être à deux? Keva secoua vigoureusement sa fourrure tandis que ses pattes trottinaient d'un pas léger.

Il y avait un bon moment déjà que la louve pensait à Varzar. Son "ennemi". Depuis combien de nuit ne l'avait-elle pas vu? Depuis cette fois au marécage... Combien de temps s'était-il écoulé? L'avenir... Sa meute. La meute Originelle. Varzar... Devant elle se dressait un dilemme sans fin qui l'empêchait de dormir depuis son retour des marécages. Son alliance avec le Nord... Devait-elle s'y rendre? Devait-elle jouer de cette manière avec Varzar? Celui-ci savait désormais son plan. L'effet de surprise ne lui serait plus d'aucune utilité. À quoi avait-elle pensé en lui révélant ses intentions? Voulait-elle lui donner une chance? Ouvrir une porte à une alliance? Simplement être honnête envers lui? Keva n'en savait rien.

Une fois de plus, elle secoua son pelage, comme pour chasser ses idées. Du sable tomba au sol autour d'elle. La louve poussiéreuse... Les mots du mâle alpha de la meute originelle lui revenait en tête. Pourquoi était-elle incapable de se sortir cette présence de son esprit? C'était-elle à ce point entichée de son rival? Elle ne le pouvait. Cela remettrait trop de chose en jeu... Sa survie. Celle de sa meute. Son rôle d'alpha. Elle devait avant tout protéger sa meute. D'autant plus que sa position ne pouvait lui permettre une telle liaison.

La rousse s'arrêta à la rivière. Elle s'assit un instant devant le ruisselement du cours d'eau, pensive, à la recherche de son reflet. La lune commençait à se faire plus haute dans le ciel. Le soleil laissant encore une teinte orangé à l'Ouest. Bientôt, il ferait complètement sombre. L'air était frais. Elle aurait donné beaucoup pour garder une température aussi agréable plus longtemps. Au Sud, les températures n'étaient pas aussi douce que lorsque l'on s'approchait du centre.

L'alpha poussa un long soupir et reprit son trot. Varzar et ceux qu'elle avait croisé entre temps avait été clair. Il n'était pas question qu'elle s'aventure de nouveau sur ces terres sans bonne raison.

À l'intérieur d'elle-même, Keva ragea quelque peu. Comment ce loup pouvait l'affecter à ce point? Elle devait oublier tout cela. Oublier ce mâle. Elle devait penser à sa meute. À sa survie et à son père. Se montrer ambitieuse. N'était-elle pas la fille de son père? Jamais sa mère n'avait été la priorité de son père. Pour son père, l'important était de gagner des terres. Avait-il vu l'avenir et le danger qui les guettait? La jeune louve décida de prendre un chemin différent. Elle n'avait pas encore eu l'occasion d'explorer plus à l'Ouest.

Sa surprise fut agréable. Rapidement, elle tomba dans un montagne où les pentes parfois abruptes, parfois douces, lui permettaient de se défouler adéquatement et de se vider la tête. Arrivée à ce qu'elle considéra comme un sommet, elle fixa l'horizon. Au bas de cette falaise, se trouvait un fjord étincellant qui révélait son aspect magique sous la lune brillante. Levant la tête vers le ciel, Keva poussa un long hurlement. Celui-ci avait un petit côté mélancolique, mais il restait tout de même puissant.

Longtemps, elle laissa résonner son hurlement entre les parois qui protégeaient l'eau tout en bas. Décidant d'explorer davantage, elle poursuivit sa route, longeant le haut de la parois, pour ne pas perdre un instant de la beauté de ce paysage. En revanche, son allure léger s'arrêta net. Figée sur place, les yeux grands ouverts, Keva sentait une odeur qu'elle connaissait que trop bien.

La louve resta sur place un moment. Son poil s'hérissa soudainement sur son dos, preuve d'une terrible angoisse. Elle hésita un moment. Devait-elle aller à sa rencontre? Devait-elle rebrousser chemin? Avait-il entendu sa longue plainte dans la nuit? Que pourrait-elle bien lui dire? Était-il sage de rester? Était-il sage de partir? Sans réfléchir davantage, elle décida de faire ce qui était bien pour sa meute. Alors qu'elle s'apprêta à rebrousser chemin, elle entendit un craquement. Il devait l'avoir repéré. Si ce n'était pas grace à son hurlement, c'était son odeur qui l'avait trahi. Le vent soufflait délicieusement d'un côté comme de l'autre. Imprévisible et fougueux. À travers les arbres, les éclats de lune permettaient de voir une ombre se diriger vers elle. Désormais, elle ne pouvait rebrousser chemin.

Une chouette effraie le survola dans un silence magique. Dans quel rêve ses pattes l'avaient emmené ? Le rapace partit en survolant les eaux et se perdit dans le lointain alors que Varzar restait couché au-dessus du spectacle. L'impression de dominait toute ces terres était jouissif et apaisant à la fois. Rien ne pouvait venir raviver l'esprit somnolant de l'alpha.
Rien ? Ai-je bien entendu ? Qui, parmi tout les loups vivant aux alentours, aurait l'audace de s'immiscer dans la tête détendu du mâle ? .... Un chant mélodieux résonna soudain dans le Fjord. Varzar qui venait de fermer les yeux en ouvrit d'abord un, puis le second les nerfs soudain électrisait par une nouvelle énergie. Le choc était brutal, passer d'un état endormis à un état aussi vif lui donna quelque peu le tournis. Non... cela ne se pouvait.
Le mâle tourna son museau vers la provenance du son. Plus sur la gauche, dans des hauteurs. Et il eu soudain envie de plonger son museau dans la terre. Il avait terriblement honte d'avoir ressentit cette électrisation au son d'une voix reconnaissable entre mille. L'agacement était de mise, agacé par ses propres sensations et par cette entêté de louve. Mais pourquoi avait-il donc se foutu sourire sur le museau ?! Levant les yeux vers les étoiles Varzar reprit contenance.

- T'as un sérieux problème, déclara t'il en s'adressant au ciel.

Inspirant une grande goulée d'air, le mâle n'hésita pas un instant à se lever. La colère était là, plus une colère sur lui-même d'ailleurs. Mais... même s'il savait pertinemment qu'il aurait mieux fait de faire demi-tour ce soir là, le chant de Keva résonnait comme un appel chez lui. Pourquoi diable annoncé sa présence ? Carrément, la louve ne se gêne pas de prévenir tout les loups environnants... Madame est de sortie. Que cette louve pouvait l’agacer ! Encore à fouiner là où il n'y a pas lieu d'être. Dans mon coin ! Un vrai gosse Varzar,tu es un vrai gosse...

Trottinant sans trop savoir s'il allait la retrouver, le mâle alpha laissa libre court à son instinct et à son flaire. Une fourrure blanchi par la lune fut enfin visible entre quelques arbres. Varzar plaqua son faciès froid mais il n'était pas sûr de tenir cette nuit-là. Il ne savait pas si c'était enfin le sommeil qui le guettait où tout simplement la douce température de cette nuit d'été qui le mettait aussi détendue mais il allait être difficile de paraître enragé cette fois. Il plaça son petit sourire narquois sur son museau et plus il se rapprochait plus il revoyait cette louve. Elle s'en était bien sortit. S'était rétablie de ce fâcheux jour aux marécages. Se raclant la gorge, il n'attendit pas d'arriver jusqu'à elle pour entamer la discussion.

- Décidément, le monde veut que tu me colles au derrière Keva.

Sortant des fougères, il arriva jusqu'à elle. Il remarqua tout de suite qu'elle avait en premier lieu décider de partir pour ne pas le voir. S'était sage de sa part. Mais pourquoi être resté dans ce cas ?
La contournant sans faire preuve de position menaçante, le mâle cachait mal son plaisir de l'embêter encore un peu. Se comporter de la sorte n'était pas du tout digne d'un Varzar puissant et froid ! Depuis quand était-il comme ça bon sang ! Un nuit. Accorde-moi une nuit où je ne me prend pas la tête. C'est trop demander ?

- C'est quoi t'on problème de chanter comme ça dans les hauteurs ? Tu veux que des loups sauvages rappliquent pour te botter les fesses ? Où mieux, tu veux qu'ils rappliquent oui ! Bonjour, moi c'est Keva et je vais voler tout les territoires du pays pour ma meute !

Comment osait-il ? Prendre en rigolade un sujet bien trop important. Mais cette nuit, il n'en avait cure. Elle pouvait bien voir qu'à ses yeux, Varzar jouait encore un jeu. Moqueur et brillant, il continua à lui tourner autour avant de s'arrêter pour se lécher la patte. Sa joie de l'a revoir était bien trop voyante à ses yeux. Alors c'était ça quand on ressentait de la joie pour avoir des nouvelles d'un autre ? Mon dieu... non il ne valait mieux pas penser à tout ce qu'il pensait actuellement.
Le mâle se racla la gorge comme pour se rappeler lui-même à l'ordre, un frisson invisible parcourut ses membres alors qu'il se revoyait une seconde aux marécages. Osant enfin la regarder dans les yeux, aucun orage ne se profilait à l'horizon mais l'air était soudain devenu électrique.

Lorsque Varzar coupa le silence de la nuit avec sa voix, Keva ressenti une multitude d'émotions. Elle hésita un moment. Était-il furax de la retrouver ici? Elle trouva son attitude étrange, mais familière à la fois. La louve se souvenait de leur première rencontre. Varzar était avant tout un loup d'esprit. Alors que ses petites phrases provocatrices faisaient leur chemin, Keva afficha un petit sourire narquois en coin, tout en ressentant quelques frustrations orgueilleuses.

Elle se souvenait des sauvages et de cette nuit aux marécages... Lui être silencieuse n'avait servi à rien. Les sauvages l'avaient tout de même trouvé. Et puis, elle comptait sur les montagnes du fjord pour disperser ses hurlements et rendre confus ceux qui lui voudraient du mal. Alors que Varzar lui tournait autour, la rousse en profitait pour regarder ce mâle sous toutes les coutures. Dire qu'il n'y a pas si longtemps, elle s'était appuyé contre son corps. La rousse avait senti son odeur de si près que quelques effluves étaient encore existantes dans ses sous poil. Varzar se racla la gorge. Se pouvait-il que celui-ci éprouve un malaise? Keva qui ne l'avait vu que de glace hésita un peu sur la démarche à prendre. Le regard vert de Varzar se planta dans les yeux de la louve. Cela eu pour effet d'électriser le moindre de ses poils qui se soulevèrent rapidement sans qu'elle ne puisse y faire quoi que ce soit.

La louve s'ébroua légèrement avant de s'étirer longuement devant Varzar, lui montrant bien sa croupe et sa taille fine. Son regard taquin se plongea dans celui du mâle, tout en se relevant. La louve resta au même endroit, bien droite, lui démontrant par le fait même que sa blessure au cou n'était qu'un vilain souvenir. D'un ton provocateur, mais enjoué, elle lança:


La louve laissa un très bref silence, avant de poursuire sans hésitation, tout en lui faisant un sourire arrogant:

La rousse resta là, soudainement hésitante. Pouvait-elle se permettre une telle remarque sur son ambition? Alors que Varzar connaissait ses plans envers ses terres? Pouvait-elle jouer avec un sujet aussi sensible qu'une bataille entre deux meutes? Sachant qu'elle devrait se battre contre ce dominant? Keva savait qu'il pouvait se battre. Elle l'avait vu faire aux marécages. S'étant battu à ses côtés, elle avait pu voir une de ses tactiques. Et il avait pu également l'analyser sur ses démarches de combat. Cela rendait la chose encore plus compliqué. C'était malsain.


Ne sachant plus quoi faire, elle resta debout un instant, provoquant le mâle du regard. Son côté impulsif lui criait de se rapprocher de lui. Son côté réfléchi lui disait de rester le plus loin possible de Varzar. Le résultat était une louve figée sur place. Impossible pour elle de bouger le moindre de ses muscles. Que voulait-elle vraiment?

Il reconnaissait bien là le regard malicieux de l'alpha du désert. La blessure à son coup n'était peu être qu'un mauvais souvenir maintenant. Il pouvait voir la cicatrice laissait par l'agresseur pendant qu'elle s'étirait à son tour de toute sa longueur. Dire qu'il avait fallut peu pour que Keva ne quitte elle aussi ce monde. Sa voix provocatrice fit écho dans la tête de Varzar. Bien entendu elle ferait tout pour ne pas avoir tort. Je te cerne maintenant.
Ses phrases pouvaient avoir un goût âpre sur la langue. Toujours aussi provocatrice. Keva... Keva... ce jeu finira mal pour tout le monde. Alors s'il en était si conscient, pourquoi continuer à jouer ?
Un regard faussement choqué s'installa sur le faciès naturellement froid du mâle.

- Mais bien sûr, à vos ordres, votre majesté.

L'alpha des Originelles s'inclina très bas avant de relever la tête brusquement et de bondir sur la louve. S'écroulant sur elle, il l'a bloqué encore de tout son poids. Ce n'était pas la première fois n'est-ce pas ? Elle allait être folle de rage...
Levant le museau maintenant grâce à son flanc la louve sur le dos Varzar baissa son regard vers Keva un sourire aussi malicieux qu'elle il y a une minute seulement.

- Mmmh, Keva, je ne sais pas toi, mais je crois que j'ai déjà vu ça quelque part... attend voir... oh mais crois-tu vraiment que j'ai besoin de prendre exemple sur les autres ? Tu sais aussi bien que moi que je suis unique en mon genre...

Le mâle laissa la louve se redresser mais il prit tout son temps pour rouler dans la poussière sur le côté. Mais que faisait ce gosse ce soir. Varzar ? Varzar, oui l'alpha des Originelles, où étais-tu donc passé ?
Son crâne était tellement désespéré pour ses enfantillages que même ses craintes se taisaient. Un soir, il n'allait pas crever. Keva... si peut-être devant un tel acte.
Léchant sa patte avant il attendait de se faire incendier de paroles son oeil malicieux planté sur sa patte. Elle savait bien qu'il n'avait pas peur d'elle. Pas après les marécages. Ses plans, un peu plus mais il fallait écarter cela pour la lune.

- Tu as la langue chargée d'une trop grande confiance en toi. Mon dieu mon dieu...

Varzar cessa de lécher sa patte pour retrouver un poil de sérieux.

- Je crois bien avoir à te donner les salutations d'une louve blanche Keva.

Toujours couché par terre, il lui tournait le dos attendant sa réaction.

Un sourire se glissa sur les lèvres de la louve. Le mâle lui fit une révérence alors que la rousse profita de cette vue, tout en s'enflant quelque peu la tête. Varzar savait la flatter dans le sens du poil. Satisfaite, les traits de son visage se détendirent. Ce moment ne dura qu'un instant. Sans prendre le temps de comprendre ce qui lui arrivait, Keva se retrouva plaquée au sol, dans une position peu digne d'une alpha. La louve pestiféra.


Keva avait crié cette phrase d'une voie de petite loupiote capricieuse qui venait de perdre la partie de bataille. Elle plongea son regard dans celui de Varzar. Cette fois, les paroles provocatrices du mâle la mit hors de-elle.



Cependant, cela ne prit pas la tournure qu'elle aurait espéré. En elle, aucun sentiment de colère ou de vengeance ne venait. Non c'était plus pur que cela. C'était purement enfantin. C'était de l'orgueil et rien de plus. La rousse voulu montrer à ce mâle qu'elle aussi pouvait jouer de l'effet de surprise pour le plaquer au sol. Alors que Varzar se dégageait lentement de la louve, celle-ci se releva le plus rapidement possible et ébroua sa fourrure qu'elle hérissa par la suite. Est-ce que son orgueil était piqué? Oh que oui. Est-ce qu'elle était vexée de s'être fait prendre au jeu deux fois de suite? Certainement. Ses yeux se réduisaient à présent en deux petites fentes qui lançaient des poignards bien affûtés aux mâles qui était de dos. La rousse grogna quelques insultes bien placées dans sa fourrure, tandis que le mal lui rappela sa grande confiance en elle, sous un ton désinvolte.

Alors que Keva s'apprêtait à lui montrer ce dont elle était capable, il lui mentionna les salutations d'une louve blanche.


Soudainement, un sentiment de malaise envahi la louve. Derrière ces jeux et cette complicité, il y avait quelque chose de plus sérieux qui se tramait. Elle ne pouvait l'oublier. Il était donc allé voir Azara. Dans quel contexte? Pourquoi? Keva réfléchissait à toute vitesse. Dans quel but lui avait-il dit cela? Était-il possible qu’Azara montait sa meute contre la meute Australe avec l’aide des Originelles? Rien ne faisait plus de sens. La louve n’avait d’autre choix que de demander des informations. Après un court silence, elle déclara d’un ton sérieux qui ne laissait plus place à la plaisanterie :


La rousse ne savait pas encore que Varzar ignorait encore le nom d’Azara. Venait-elle de faire une erreur, en trahissant celle avec qui elle pouvait peut-être s’allier? Varzar allait-il sérieusement lui dire le but de leur rencontre? Keva en doutait fortement. Cependant, leur récent rapprochement lui laissait croire que peut-être ce soir, allait-il être sincère envers elle. Du moins elle l’espérait fortement.

Le silence qui suivit son propos emplit l'alpha d'une certaine satisfaction. Heureusement que Keva n'était pas en face de lui, sans ça, elle pourrait voir sur son museau un merveilleux sourire comblé par ce malaise instauré. Varzar avait le chic pour balancer une réplique qui n'avait peut-être pas lieu d'être à ce moment mais que voulez-vous, il aime ça ! Il imaginait le cerveau de Keva s'actionnait à toute vitesse dans une inquiétude soudaine.


Le mâle gris garda son sourire encore un peu. De par ces mots, la rousse des sables donnaient l'angoisse qui venait de s'immiscer en elle tel un serpent. Azara. Ainsi donc, voilà comment la bouffeuse de neige se nommait. Il n'y avait plus de doute sur les deux fouteuses de troubles. Varzar connaissait maintenant les deux bouts de la ficelle. Cachant son sourire narquois derrière un masque froid quoique légèrement amusé par la situation, le mâle se leva en s'étirant encore une fois. Montrer une forme de décontraction pendant un moment pareil était quelque peu provocateur. Keva le savait de toute façon, pourquoi ne pas continuer ? Et puis, leur regard se croisèrent et Varzar cessa son jeu pour en prendre un nouveau. S'avançant vers elle sans geste brusque. Il s'approcha pour coller son museau contre la joue de la femelle.

- Je crois que tu devrais te méfier un peu plus des loups que tu rencontres Keva. Et pas seulement les Originelles.

Le mâle recula d'un pas en regardant les yeux vert de Keva comme s'il pouvait s'y plongé. Il sentait toujours cette tension palpable et si étrange entre eux-deux que cela en devenait presque lourd à force. Il mêlait jeu, danger, supposition, question et sentiment en même temps. Personne de censé peut supporter une si lourde charge. Mais les dés était lancé. Il s'était sans trop savoir comment, attaché ? Oui, il était temps de se regarder en face, attaché à la désertique en face de lui. Son caractère des plus tenaces, ses courbes superbes, son regard intelligent et ambitieux, mais s'il voulait prendre la main sur toute cette histoire, il devait foutre le trouble des deux côtés. Le mâle avait mis en garde Azara donc, contre Keva et sans jamais lui mentir. Il était vrai que Keva cherchait simplement le meilleur profil pour gagner des terres et l'avenir des Boréales lui était bien égal à coup sûr. En revanche, pour le cas de la rousse, Varzar était obligé de se plier à ses propres règles en étalant un avertissement contre ceux en qui elle semblait avoir donner sa confiance. Il n'avait pas le choix. Et depuis le temps qu'il trouvait la meilleure solution, celle-là revenait le plus souvent.

- Ce n'est pas cette Azara qui est venu me rendre visite. C'est moi qui suis monter au nord pour voir le grabuge des hauteurs.

Il ne précisa pas non plus qu'ils s'étaient avec son frère un peu fait prendre sur le territoire Boréale.

- Pour répondre à ta question sans divagation, cette rencontre c'est ma foi, très bien déroulé, pour moi en tout cas.

L'alpha entama une ronde autour de la femelle comme elle l'avait fait lors de leur première rencontre.

- J'ai appris de nombreuses choses... Varzar attendit quelques secondes en plaçant son petit sourire insupportable sur le museau... sur les Boréales et aussi sur toi ma chère.

C'était vrai dans un sens. Mais sans pour autant que se soit véridique. Pour lui, tout était plus clair peu à peu. Ironie du sort quand il savait qu'il était en train d'embrouiller les deux meutes adverses. Arrêtant de lui tourner autour, un frisson froid se répandit dans tout son corps quand le mâle lorgna la pelisse de la louve. Il ne devait pas penser à ses choses. Varzar leva les yeux vers le chemin par lequel il était arrivé et l'envie de remonter vers les hauteurs lui donna une idée assez bizarre. Mais que s'était-il dit plus tôt ?

- Suis-moi.

Varzar s'arrêta dans le chemin avant de tourner la tête vers la femelle.

- À moins que tu ne sois qu'une froussarde en ma compagnie ?

Sans attendre l'insulte venante, le mâle rigola une seconde savant pertinemment que Keva n'en resterai pas là dans la conversation, et surtout pas après cette remarque provocatrice.

Bifurquant du chemin principal, le mâle commença une ascension à risque mais le final en valait la peine. Sautant avec précaution de rocher en rocher, tout en montant de plus en plus haut, le sommet fut un peu un soulagement. La haut, une pierre plate les attendaient, parfaite pour observer la vue extrême du fjord et de la totalité des terres jamais connus de l'horizon. Les montagnes étaient visible grâce à la lune.
Le mâle se donna un coup de langue sur le poitrail en retrouvant sa respiration plus calme tout en attendant la rouquine. S'asseyant en face de ce panorama, Varzar attendit Keva qui devait prendre moins de plaisir avec l'angoisse qui lui avait placé en pleine figure.

- Aux marécages... tu as dit à un moment, "si les circonstances auraient été autrement..." mais tu n'as pas fini.

Sans savoir s'il parlait tout seul, le mâle sentit son coeur s'emballa se qui l'exaspéra au plus haut point. Il cherchait le bâton pour se faire battre où quoi ? D'habitude il réfléchissait avant de dire des choses aussi débile ! Trop tard.

- J'aimerai entendre ce que tu voulais me dire.

Le mâle se leva enfin. Quelle attente insoutenable pour la rousse. Alors que son regard croisa le sien, Varzar s'approcha de manière bien calculé et plaqua son museau contre la joue de la louve. Keva eut un bref mouvement de recule, mais resta là, la truffe de son compagnon contre elle, tout en montrant légèrement les crocs. Varzar avait le don de la surprendre. Et à vrai dire, elle n'aimait pas cela... Si Keva arrivait à se faire déjouer dans un tel contexte... Qu'en serait-il d'un combat? Ce dernier la perturbait au point de ne pas savoir sur quelles pattes danser. Le mâle lui lança une remarque en lui signifiant de porter davantage attention à ceux et celles envers qui Keva donnait sa confiance.

Cette phrase eut pour effet de rendre la louve un peu plus confuse. Que pouvait-elle bien avoir dit, cette sotte d'Azara? Voulait-elle se retourner contre elle? Un pacte entre la meute Originelle et la meute Boréale était-il envisageable. La rousse bouilla soudainement de l'intérieur. Et Varzar... Pouvait-elle vraiment s'appuyer sur son sentiment de confiance envers lui? Avait-elle oublié qui il était vraiment? Le mâle se recula finalement et plongea son regard dans celui de la louve. De nouveau... C'était comme si une décharge électrifiait le corps entier de la louve chaque fois qu'il plongeait ses yeux verts dans les siens. Elle n'aimait pas ce que cela augurait.

Varzar lui intima que c'était lui qui s'était rendu au Nord et non l'inverse... Il ajouta que cette rencontre s'était déroulée parfaitement pour lui. Que cela signifiait-il? S'en était-il prit à Azara? Avait-il fait une alliance avec cette louve pour se battre contre la meute Australe? Alors qu'il se mit à tourner autour de Keva tel un rapace, il lâcha qu'il avait apprit bien des choses sur elle. Sa remarque concernant la meute des Boréales ne la fit point réagir... Mais sur elle? La fougue s'empara du regard de la louve. Keva s'apprêtait à lui sauter dessus et le plaquer au sol. Mais elle n'eut pas le temps, que le mâle lui ordonna de le suivre.


La louve bomba le torse et un léger grognement s'éleva au fond de sa gorge. Son regard se voulait énervé et en colère. Personne ne disait d'ordre à l'alpha des Australes. Ni même ce loup qui lui faisait tant d'effet. Pour ajouter à ses sentiments, Varzar ajouta un commentaire provocateur. La rousse n'eut pas le temps de réagir que déjà, Varzar était loin. Keva l'insulta intérieurement avant de partir à sa suite. Elle n'avait pas l'intention de le laisser s'en sortir ainsi. Et si elle devait obéir à son ordre de le suivre pour y arriver, elle le ferait. Le mâle semblait prendre un énorme plaisir à l'énerver et à la provoquer. Pouvait-elle réellement être amie avec ce mâle?

Keva soupira en montant les rochers. Comment pouvait-elle apprécier un tel personnage? Alors que ses pensées tournoyaient dans son crâne, Keva rejoint finalement le mâle. La vue était magnifique. Un énorme plateau rocheux s'offrait à elle, baignant dans une lumière douce et réconfortante... La lune... Le panorama... Varzar... La meute Boréale... Un pact... La confiance... Keva resta loin derrière Varzar, désormais méfiante de sa prochaine tactik. Son but était-il d'en finir avec elle? S'était-elle trompé à son sujet et ce, sur toute la ligne? Il n'en aurait fallu de peu pour permettre de fournir un parfait alibi à la mort de la louve... Au delà du plateau rocheux, le vide l'attendait. Varzar avait-il en tête de la pousser en bas? Craintive et mal aisée de peut-être faite berné à ce point, Keva resta là, loin derrière, écoutant les paroles du mâle.

"Aux marécages... tu as dit à un moment, "si les circonstances auraient été autrement..." mais tu n'as pas fini. J'aimerai entendre ce que tu voulais me dire."

Pouvait-il simplement user de manipulation? D'abord l'énerver, ensuite se montrer... En quelque sorte vulnérable? Les paroles du mâle étaient entrées en elle, la percutant de plein fouet. Qu'avait-elle voulu dire? Qu'ils auraient pu être amis? Amants? Un couple d'alphas? Une fois de plus, les pensées de Keva s'emmêla. Il fallait gagner du temps. Trouver la bonne réponse. Elle ne pouvait se montrer aussi directe. Aussi franche. Ni envers Varzar, ni envers elle-même. La rousse avait des devoirs envers sa meute. Elle ne pouvait faire une telle confession. Et si Varzar souhaitait réellement savoir? Et s'il ressentait la même chose? Qu'en serait-il? Que pourraient alors faire les deux alphas? Toutes vérités étaient-elles bonnes à dire?

Keva ne réfléchit pas davantage. Il fallait qu'elle en ait le coeur net. D'un élan gracieux et imprévisible, elle sauta sur le mâle qui se présentait dos à elle. La rousse réussit à le plaquer au sol et le retourna sur le dos afin qu'il ne puisse s'enfuir. Connaissant le risque qu'elle prenait, elle le coinça sous ses pattes un instant. L'une d'entre elle se posa sur le poitrail du mâle. Le regard de la louve, indescriptible, se plongea dans celui du mâle en tentant d'y trouver un quelconque indice. Cette situation allait sans doute le mettre de très mauvaise humeur et avec chance, il en oublierait sa question.


Changement de sujet. Keva devait tout faire pour éviter la question. Tout se passa très vite en une fraction de seconde. Un petit sourire moqueur s'afficha soudainement sur le visage de Keva, comme un masque qu'elle se mit à porter pour se protéger, elle et sa meute. Son coeur battait rapidement, comme s'il voulait sortir de sa poitrine. Comment se sortir de cette situation sans trop de dommage alors qu'on ne savait pas ce que ce loup avait dans la tête? Keva souhaitait se retirer et le laisser se relever, mais elle désirait également cette proximité entre lui et elle. Elle resta là. Son commentaire allait-il le faire réagir? Le fait d'être au dessus de lui et de l'avoir positionné de manière soumis allait-il le faire sortir hors de lui? Varzar allait-il affiché moindrement ses réelles intentions? Pouvait-il se montrer honnête? Allait-il se défendre et reprendre l'avantage, comme à son habitude? Keva était troublée par une telle imprévisibilité. Peut-être l'image qu'elle se faisait de lui n'était pas réel. Pourtant, ses sentiments lui hurlaient le contraire.

Ce moment, si court où tout arriva en même temps, lui paru une éternité. Elle sentait la brise dans sa fourrure. Elle sentait la lumière de la lune. Elle sentait la roche. L'air frais. Elle sentait, la fourrure et le thorax de Varzar sous sa patte. Elle sentait le coeur de Varzar... Ainsi, il en avait bien un. Elle sentait son souffle chaud se mêler à celui du mâle. Elle sentait le regard de Varzar sur elle. Keva fut parcouru alors d'un frisson. Comment arrivait-il à faire cela? Comment pouvait-il à ce point prendre le contrôle des pensées et de l'esprit de Keva? La louve avait-elle suffisament réussi à brouiller l'esprit de Varzar un instant afin qu'il oubli cet épisode au marécage? Elle l'espérait.

Varzar sentait toujours son cœur palpitait dans sa poitrine. C'était détestable. Vraiment, ce sentiment était détestable... Il sentait le souffle accéléré de Keva derrière lui. Il se doutait qu'elle était furieuse contre-lui. C'est qu'il commençait à la connaître ! C'est mal Varzar est-ce que tu en as conscience gros bouffon ? M A L. N'avait il pas réussi à obtenir tout ce qu'il voulait en devenant l'alpha des Originelles ? Il était le loup respecté d'une meute entière. Plutôt doué, sans se vanter... un peu quand même. Apprécié, encouragé et suivit. Alors pourquoi se mettre en pareil posture ? Avec toute les femelles qui n'attendaient qu'un mot de lui, il ressentait pareil chose pour une louve qui voulait, ses terres, renverser sa meute pour son propre profit. Mais s'était une grosse blague cette histoire...
Sentant à nouveau la colère monter en lui particulièrement contre la rousse qui était la cause de ces problèmes. Oui la cause ! Il ne percuta pas tout de suite ce qu'il venait de se passer. Son inattention l'avait rendu vulnérable et Keva en avait abusé. Cette satanée de louve ! Keva venait de lui sautait dessus dans la mesure ou il serait impossible au mâle de faire quoique se soit pour se dégager. Ses yeux lancèrent des éclairs dans ceux de Keva, qui semblait bien fière d'elle. Il se débattit quelques secondes en grondant mais lâcha l'affaire lorsqu'il compris qu'il n'y avait pas grand chose d'autre à faire que d'attendre. Il savait que l'alpha des sables ne lui ferait rien. Rien... facile à dire alors que ses joues poilus étaient en feu. Gêné, furieux, honteux dans cette posture, il écouta la répartie provocante de la louve les oreilles en arrières. Qu'est-ce qu'elle m'agace ! La respiration forte, il continua a lui lancer un regard noir le temps qu'elle finisse de parler. Comment en deux secondes, ils s'étaient retrouvés en pareil posture ? Bien sûr qu'elle mentait. Elle devait être terrifié par l'esprit du mâle. Oh grand jamais elle ne l'avouera mais Keva était terrifiée.
Le sourire moqueur qu'elle afficha par la suite figea alors Varzar. Alors qu'il avait réfléchi à lui renvoyer la balle, il n'en fit rien. Ce n'était pas normal de ressentir de tels sentiments dans une posture pareille. C'était... totalement impossible. Il le savait. Elle était là, fière de son action avec un regard qui vira peu à peu vers autre que la ruse et l'amusement. Lui, il ne pouvait plus bouger. Non pas parce qu’il était retenu, mais parce que son corps tout entier refusait de lui obéir. Que se passait-il ? Il n'en savait rien. Elle était, si proche de lui. Avec un regard pareil, que la peur l'envahit soudainement. Il se rappelait les marécages, il se rappelait la rivière, et il se rappelait toute ses fois ou il avait pensé à elle malgré lui. Une seconde et Varzar comprit que Keva ressentait aussi quelques choses. Bien que depuis les marécages, il avait cette peur, la voilà qui éclatait en lui, cette nuit-là. Ils respiraient tout les deux à l'unisson, dans un silence mortelle. Il n'arrivait même plus à ressentir la colère. Il ne se rendit même pas compte que tout son masque froid sur son museau avait disparut.

- Keva...

Varzar s'arracha à la contemplation des prunelles de la rousse pour poser sa tête au sol le regard vers le fjord. Il n'avait même plus de répartie. Varzar ! Ouhou Varzar ! Où es-tu ? Que t'arrive t'il tout à coup ? Je suis... fatigué. Sonné était le meilleur terme.
Il aimait cette louve. Oui, il l'aimait sincèrement. Et il ne pourrait jamais vivre avec elle. Est-ce que tout ceci était-il juste ?
N'osant plus l'a regardé en face, la tristesse le transperça. Il venait d'arrêter de se voiler la face. Et s'était si douloureux.

- Tu m'as piégé.

Le regard toujours porté vers le lointain, le loup soupira et ferma les yeux quelques secondes. Que pouvait bien ressentir Keva ? En vérité ? Pourquoi était-ce toujours si compliqué lorsqu'ils étaient tout les deux ?

À son grand étonnement, Varzar resta à sa place, sous le poids de la louve qu'il aurait pu renvoyer facilement. Cela ne fut qu'empirer l'angoisse de la louve et la mit mal alaise, encore plus qu'elle ne l'était déjà. Le mâle sembla passer par une gamme d'émotions. Son regard se montrait bien communicatif pour un fois. Ce dernier n'était pas empreint de la lueur qui l'animait habituellement. Keva avait-elle enfin Varzar devant elle? Le vrai Varzar?

Le coeur de la louve fit trois bonds dans sa poitrine. Sa gorge se serra et son estomac lui chatouilla le ventre un instant. Dans sa tête, plus rien, mais tellement de chose en même temps. Le ton avec lequel Varzar avait prononcé son nom la glaça sur place, puis la fit perdre pied. Elle sentait ses pattes sous son corps qui hésitaient. La rousse se retira. Le mâle posa sa tête au sol, déviant le regard vers le Fjord.


Les pensées de la rousse ne tenaient plus. Pendant un instant, sa meute, les hommes, la guerre, ses ambitions et l'ennemi qui était devant elle n'existe plus. Il ne restait que Varzar. Varzar, le mâle plein d'esprit. Le mâle qui l'avait sauvé alors qu'elle avait franchement besoin d'un coup de patte. Ce mâle qui avait le don de lui faire ressentir toutes sortes d'émotions en si peu de temps. Le mâle qui arrivait à lui faire perdre la raison par le simple fait de prononcer son nom... Varzar... Le dominant de la meute adverse... Keva se secoua légèrement avant d'écouter la suite.


Keva ressenti un picotement traverser tout son corps. De la tête, au bout de sa queue. Ainsi, le mâle ressentait également quelque chose... Ou alors était-ce simplement pour lui dire que la louve avait gagné cette fois-ci? Elle ne pouvait être certaine... Mais Varzar semblait sensible pour un fois. Il semblait vrai. Que devait-elle faire? Pouvait-elle se permettre tout cela? L'espace d'une nuit?

Sans réfléchir davantage, Keva vint s'étendre contre le corps du mâle. Se laissant aller complètement, en fourra son museau dans la nuque de Varzar. La louve ferma les yeux un instant, inspirant l'odeur du mâle. Cet odeur à la fois réconfortance et annonciatrice de malheur... Elle soupira et ouvrit les yeux de nouveau avant de poser sa tête au sol, contre le cou de l'adversaire.


Keva ne savait que dire. Qu'allait-il se passer? Maintenant? Plus tard lorsqu'elle retournerait auprès de sa meute? Lors de la bataille qui menaçait les deux meutes? Lors de son futur combat contre Varzar? Que pouvaient-ils bien faire? Keva ne pouvait se résoudre à laisser combattre sa meute en se réfugiant au loin. Elle devait mener. Elle devait se battre pour eux, à leurs côtés. Un combat avec Varzar était obligatoire dans cette situation. Elle devait se battre contre l'alpha et non contre les guerriers originelles. La louve s'ouvrit alors, laissant couler le flot de ses pensées, comme si cela n'allait jamais cesser de couler...


La rousse observa Varzar du coin de l'oeil. Venait-elle réellement de tout balancer cela? Allait-il se foutre d'elle? Était-ce un piège? Pourtant cela lui semblait si réel. La fourrure de Varzar contre elle. Sa douce chaleur... Keva soupira. C'était compliqué. Tellement compliqué.

Elle ne disait... voulait-elle partir le trouvant trop étrange ? Allait-elle s'en aller pour ne pas avoir à le regretter ? C'était la meilleure chose à faire. Varzar sentait une boule se former dans son ventre. Jamais, au grand jamais ses sentiments ne lui avaient éclaté au museau de la sorte. Il n'arrivait même plus à ressentir de la colère, ni même de l'angoisse. Non, c'était véritable une tristesse sincère et pathétique. Un autre jour, ou a un autre moment, il aurait sans doute était dégoûté de lui même. Comment pouvait-il s'imaginer une seconde, pendant sa prise du pouvoir, tomber amoureux... oui tomber véritablement amoureux d'une louve d'une part, d'une meute adverse, et d'autre part, l'alpha de cette meute adverse. Cette histoire était totalement folle. Ce n'était pas censé se passer ainsi. Oui il taquinait les femelles sans jamais éprouvé les sensations qu'il avait développé en compagnie de Keva, mais il s'était pourtant bien mis en tête, qu'un jour, une de ces femelles le rejoindrai pour porter ses petits. Non avec tout ça... comment construire un avenir ? Comment y voir plus clair ?

La rousse devait vouloir partir... ou... rester ? Elle devait réfléchir à une quelconque magouille venant du mâle sans doute. Le voir, sans sourire, sans l'oeil taquin, juste allongé les yeux dans le vague devait être assez perturbant il est vrai. Puis, sans l'a regardé, il l'a vit faire un mouvement. Son parfum chatouilla sa truffe et ce même frisson si détestable lui traversa l'écuine quand il l'a sentit s'allonger contre lui sans rien dire, le museau plongé dans sa propre nuque. Varzar avait les membres totalement tétanisés si c'était le bon terme. Ce contact voulait dire bien trop de chose qu'il se refusait à entendre. Comment tout ceci allait terminé ? Mal sans aucun doute. Ainsi... par ce geste, les alphas s'étaient enfoncés dans des sables mouvants. Par ce geste, Keva semblait avoir prit une décision. Enfin de ce que l'alpha gris en déduisit. Il ne bougeait toujours pas. Une voix lui hurler de fuir à toute jambes et une autre bien plus forte encore lui disait de rester ici et de profiter seulement pour cette nuit. Ou était passé les deux loups qui se lançaient des piques d'insultes ? Oh très loin ce soir.


La louve avait prit une position plus confortable au sol. Elle semblait si désorientée. Elle semblait être... comme lui.

Ce flot de parole lui envoya une décharge de douleur. Oui tout était vrai dans ses dires. Elle disait à haute voix ce qu'il pensait tout bas. Ce qu'il venait de percuter il n'y avait seulement que quelques minutes.
Varzar releva sa tête pour enfin avoir le courage d’affronter son corps. Son pelage, son dos, ses oreilles, ses yeux. Avait-il le droit de faire cela ? Il n'avait pas envie de se cacher se soir. Le fait que Keva lui dise ces choses en face lui avait redonner l'envie à la parole. Un petit sourire léger vînt s'installer et un regard rempli de tendresse se planta dans celui de la louve. Jamais il n'avait regardé quelqu'un de la sorte. Jamais.

- Te souviens-tu de l'histoire de nos ancêtres ? Entama t'il doucement. Lorsque j'étais petit, on me disait que c'était une légende et qu'il fallait en retirer une leçon. Cette louve qui avait été expulsé de sa meute à cause d'un amour interdit. On me disait, vois-tu lorsque l'on enfreins la loi, on fini toujours par le payer. Mais moi, ce que je voyais dans mes yeux de louveteau, c'était une mère qui avait réussit à survivre seule pour pouvoir mettre au monde ses enfants. Sans elle, sans cette amour étrange, jamais les Originelles, les Boréales et les Australes n'auraient pu voir le jour. Nous n'aurions jamais pu fouler ses terres. Ce que je veux dire par là... c'est que tout est parti d'un...

Varzar se rendit compte de son baragouinage et s'arrêta dans ses paroles. Tout était partit d'un amour interdit ? Mais pourquoi avait-il dit ça si ce n'était pour entrevoir une possibilité d'avenir en compagnie de Keva ? Comment pouvait-il dire une chose pareil ? Était-il devenu complètement amnésique ? Avait-il oublié qui il était ?

- La vie peut prendre mille chemins différents. Il suffit de faire un choix pour que tout bascule...

Varzar se secoua la tête avant de fermer les yeux.

- Je ne sais même pas ce que je raconte. Je suis ridicule.

Varzar toisa la louve longtemps sans plus rien ajouter.

- Tu peux m'expliquer comment tout ceci à pu se produire ?

Le mâle rigola un instant avant de cesser de sourire. "Seulement cette nuit ?"

Varzar n'attendit pas que Keva répondre pour lui donner un coup de langue affectueux sur le front.

Un sourire se dessina sur les lèvres du mâle. Keva fut surprise. Pour une fois, ce sourire ne se voulait pas moqueur. À vrai dire, le regard rempli de tendresse du mâle envers la louve lui fit fondre le coeur. De plus, ce regard tendre n'était pas destiné à n'importe qui. Il était destiné à elle. Et à elle seule. Puis Varzar enchaîna, parlant de leurs ancêtres. Il était vrai que tout avait commencé par un amour interdit... Et si l'histoire devait se répéter une fois de plus? Mais que voulait réellement dire Varzar? Jamais Keva ne serait prête à abandonner sa meute. Jamais elle ne serait prête à se faire banir de sa famille... Et puis si cela devait arriver, elle savait que jamais, elle ne pourrait trouver refuge auprès de Varzar. Le mal serait fait. Il serait trop tard.

Varzar fini par secouer la tête et fermer les yeux. Il lança qu'il se trouvait ridicule. Ce n'est pas l'impression que Keva eut. Elle le regarda avec un regard ambigü. À la tendresse, se mêlait la douleur. Le mâle lui demanda comment cela s'était produit. La rousse posa le regard au sol et fronça les sourcils. Comment en étaient-ils arrivés là? Pourquoi lui? Pourquoi elle? La chaleur du mâle se mêlait toujours à la sienne. C'était troublant. La chaleur de son corps. D'un corps ennemi. Elle savait qu'un jour, elle pourrait sentir cette chaleur, mais tout autrement. Dans un combat. Elle sentirait les crocs de Varzar sur elle et vis versa. Pouvait-il seulement y avoir une autre issue?

Bien sûr, une alliance pouvait naître. Mais elle savait que Varzar n'y laisserait pas ses terres. Et la rousse ne pouvait abandonner au détriment de sa meute. Deux ambitions différentes... Et tellement conflictuelle. Keva soupira. Une brise fraîche vint ventiler ses idées tandis que la langue rugueuse de Varzar passa sur son front. Cela était si réconfortant. Si affectueux.

La rousse ne pu répondre à la question de Varzar, pas dans l'immédiat. Cette dernière venait de se perdre dans ses pensées. Depuis toujours, elle avait été la fille de son père. La fille de l'alpha. Et à sa mort, personne n'est venu se mettre dans son chemin pour accéder au trône. Keva y était destinée. Ses ambitions étaient grandes. Elle était une femelle solide que très peu osait défier. Quel loup aurait préféré que les choses soient autrement? Keva n'était pas comme les femelles de son âge. Elle ne cherchait pas le loup parfait pouvant combler tous ses besoins. Non. En fait, Keva se convenait parfaitement. Elle et elle seule. Jamais elle n'avait réellement envisagé un mâle à ses côtés. Pour elle, il n'était pas question de partager le pouvoir. Son ambition prenait toute la place et elle ne voulait personne pour la dissuader de faire quoi que ce soit. La rousse trouvait même l'amour stupide, sans intérêt et assez limitant... Et puis, Varzar est apparu.

Varzar. L'ennemi. L'alpha de la meute Originelle. Aurait-elle pu tomber plus mal? Décidément, elle n'avait pas choisi son partie. Dans tous les cas, il y aurait des répercussions.

"Je crois que... Nous faisons une grave erreur.

"

Cette phrase était sortie d'elle même, sans que Keva en ait eu le contrôle. Son coeur se déchirait en deux. La rousse se redressa d'un bon. Là où la chaleur de Varzar la réconfortait plus tôt, il y avait maintenant un grand courant d'air froid. Elle resta planter sur place un moment. Elle désirait sa chaleur. Elle désirait être couché près de lui encore. Figée, elle ne pouvait plus bouger.


Le regard inquiet et plein de bonne volonté de la louve s'incrusa dans celui du mâle, attendant une réponse, malgré qu'elle ne savait pas si elle voulait réellement l'entendre...

La première phrase qui suivit sa question cassa quelque chose d'interdit dans le mâle. Bien qu'il luttait depuis déjà de nombreuses semaines à chasser n'importe quelle image de Keva dans son esprit, bien qu'il savait pertinemment qu'il venait tout juste de pénétrer dans une zone très dangereuse, les mots de la louve raidirent tout ces muscles. Comme si la bulle savonneuse qui venait tout juste de se fermer sur eux venait d'éclater en mille morceaux. Un rêve se terminant brûtalement dans une chute dans le vide. Une gifle sur son museau. Oui c'était ça qu'il ressentit bien vite, rebutant ainsi toute la tranquillité et l'apaisement qui avait osé l'envahir pendant de brèves secondes.
Le contact chaud de la louve près de lui s'envola en même temps que Keva se levait, laissant un gouffre glaciale entre eux. Varzar cligna des yeux pour la première fois, l'esprit aussi lent qu'un escargot. Le regard qu'elle lui lançait l'intriguait malheureusement une colère commençait à monter en lui. Peut-être qu'il s'était fait berné ? Pour la première fois, il avait peut-être agis de la pire façon possible... Allez savoir ce qu'elle pensait véritablement. Oui tout à coup, le doute s'immiscer chez le loup gris. Se redressant tout en restant couché, Varzar l'écouta et le doute sembla disparaître en fumée. Elle avait hélas raison sur tout. Il fallait arrêté de se voiler la face sur le problème qu'ils étaient tout deux en train de créer. Le mieux dans tout ça aurait été de ne jamais tomber amoureux d'une alpha adverse. Mais qu'avait t'il dans le crâne ? Avait-il fait tout ceci pour qu'au final, il se fasse chasser comme Yorak avant lui ? Il était tombé si bas ? À ce point, pour une simple louve sans importance ?

Qu'il était difficile de se dire ça à soit même. La douleur était détestable. Un sentiment pareil n'aurait jamais dû voir le jour. Le regard inquiet de la louve lui donnait une grosse envie de la rassurer. De lui dire que tout allait bien se passer. Mais bien sûr, c'était impossible. Des idées encore pire lui traversaient l'esprit. Des idées qu'il ne pouvait pas croire que cela venait de sa tête et pourtant si... Partir d'ici, avec cette louve magnifique et vivre une vie pleinement, fonder une nouvelle meute et vivre comme il le souhaitait sincèrement à ce moment précis. Varzar.... Varzar. Il fallait cesser maintenant.

Le mâle s'arracha au regard inquiet de la louve et la douleur s'intensifia alors qu'il se relevait. Ce n'était pas une douleur physique malheureusement. Il plaça un regard froid, le même qu'il portait depuis sa prise de pouvoir.

- Nous n'aurions jamais dû nous rencontrer dans ce cas. Arracha t'il de sa gueule d'une voix caverneuse.

Elle l'avait dit. "Je ne veux pas me battre contre toi". Mais avait-elle le choix ? Avaient-ils le choix ?

- Il faut cesser ce jeu maintenant. Keva...

Commença t'il en détournant le regard. Il n'allait plus l'a regardé, il ne pouvait plus s'il voulait partir d'ici.

- Nous pouvons garder en nous le fait que nous nous sommes aimés. Tôt ou tard, le passé nous rattrapera et il n'est pas possible que ma meute empathie de cette stupide erreur de parcours.

Quel orgueil. Quel égoïsme. Quel douleur. Des mots qu'il ne pensait pas mais qui allait faire souffrir la seule personne qui comptait plus que tout à ses yeux à ce jour.

- Je t'aurai sûrement fait souffrir de toute façon.

C'est avec le coeur déchiré que le mâle commença à s'éloigner de la louve. Il était trop tard pour chasser les mots qui étaient sortit de sa gueule.

- J'espère que tu trouveras ton bonheur... tout de même...Keva.

Il le fallait. Il n'avait pas le choix... Il fallait s'arrêter maintenant et c'était Keva qui avait été la plus raisonnable dans cette histoire. Le mâle commença à s'éloigner, l'odeur de la femelle encore dans sur tout son corps.

Varzar se relevait. Les paroles qui suivirent ne firent qu'écorcher l'âme de la louve. Il n'aurait jamais dû se rencontrer. Cela aurait-il réellement été possible? Keva ne le pensait pas. Tôt ou tard, elle aurait tombé nez à nez avec ce mâle si enhivrant. Le regard de Varzar avait changé. Où était passé toute cette douceur et cette attention? Il était de glace maintenant, tout comme lors de leur première rencontre. La louve ne savait plus quoi penser de cela. S'était-il joué d'elle afin de la manipuler? Afin de l'affaiblir émotionnellement pour gagner le combat? Se pouvait-il que Varzar ait même une compagne à l'heure actuelle?

Son regard n'allait plus croisé celui de la louve, bien qu'elle l'ait espéré. Elle tenta en vain de recroiser ses yeux verts. Il lui fit part qu'ils pouvaient tout deux garder en eux ce qu'il avait vécu. Ainsi c'était la solution? Enterrer au plus profond de leur être ce qu'ils ressentaient? Un déchirement sans fin... Peut-être n'était-il pas trop tard? Peut-être pouvaient-ils tout quitter et fonder un monde nouveau? Non... Jamais Keva ne pourrait s'y résoudre. La suite ne fit qu'empirer les choses. Le mâle lui confia qu'il lui aurait tôt ou tard fait du mal. Ainsi était son désir? Blesser la louve? Son intention première était de lui faire du mal? Keva s'offusqua. Derrière sa colère se cachait une peine terrible qu'elle tentait d'enterrer et d'ignorer. Il s'était joué d'elle. C'était certain maintenant.

Varzar commença à s'éloigner.


Comment pouvait-elle penser ainsi? Alors que l'ennemi venait de lui avouer son intention de lui faire du mal? La rousse était loin de se douter qu'il s'agissait là d'une grave erreur de compréhension. Mais cette phrase avait été suffisante pour allumer en elle un brasier prêt à tout pour se venger. Elle aurait les terres du mâle. Il venait, sans le vouloir, lui fournir la force de passer à l'acte. Mais sa douleur... Keva secoua sa fourrure et regarda le mâle quitter dans le plus grand déchirement. Elle resta cependant sans mot. Elle ne le retint pas. La louve resta ainsi à fixer l'horizon jusqu'à ce que sa silhouette disparaisse dans la pénombre. L'alpha des Australes resta ainsi encore un bon moment. Jusqu'au levé du soleil. Elle devait rentrer.

Comment avait-il trouvé la force de quitter? Les pattes de la louve ne lui obéissaient qu'à moitié. La tête basse, la queue frôlant le sol, elle repassa la scène dans sa tête. Depuis le début. Sa rencontre à la rivière. Les marécages... Le fjord. Sa chaleur. Son sourire. Lentement, la rousse déforma ses souvenirs. Elle s'inventa des failles. Des indices qui lui laisseraient croire qu'elle s'était fait piégé depuis le début. Que les sentiments de Varzar envers elle n'étaient que haine et trahison. Dans le but de la détruire. Du début à la fin.

En chemin, elle s'arrêta de nouveau à la rivière. Elle ne pouvait pas retourner au sein de sa meute, l'odeur du mâle ennemi collé à sa peau. L'odeur du traître. Il l'avait bien berné. Lentement, elle plongea dans l'eau froide de la rivière et y nagea un instant. Keva se trouva stupide de lui avoir ouvert si facilement son âme. Son coeur. Elle s'en voulu. En sortant de la rivière, elle ébroua son pelage. Le soleil commençait à la réchauffer de ses rayons. En un long hurlement, elle dit sa peine, sa douleur, son déchirement. Ce fut le dernier de ce genre. Elle cacha ensuite ses sentiments au plus profond de son être. Pour elle-même. Comme Varzar le lui avait recommandé. Désormais, elle alimenterait des sentiments de haine et de dégout envers ce mâle. C'était la seule manière qu'elle avait trouvé pour se protéger.

Lentement, elle rentra sur ses terres, plus que décider à mettre ses plans à exécution. Plus rien ne l'arrêterait.