Une allégeance instable [PV Ciel]

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Tu n'aimais pas particulièrement les landes. Pendant la journée, il faisait chaud, si chaud, et même le vent qui se levait n'aidait pas la situation. Le sable te piquait les yeux et bien souvent, le sol brûlant blessait tes pattes. La nuit, c'était pire. Il faisait un froid saisissant, à lequel tu n'arrivais pas à t'habituer. Tu n'étais pas comme ces loups du Nord. Mais tu ne te plaignais pas. Ça faisait partie de ton travail: tu étais une sentinelle et tu parcourais ton territoire, dans tous ses racoins, pour t'assurer qu'aucune menace n'était présente. De toute façon, depuis toujours, tes tournées de surveillance, bien que difficiles à cause de l'aridité de vos terres, te permettaient de t'éloigner des tiens. C'était plus facile d'être loin d'eux. Personne ne pouvait t'accuser de quoique ce soit si tu n'étais pas là. Parce que tout le monde avait quelque chose à te reprocher, ton père le premier.

La journée tirait à sa fin, le seul moment où tu appréciais la température sur ces terres venteuses et inquiétantes. Le soleil se couchait à l'horizon et la fraîcheur revenait pendant quelques temps, avant de laisser place au véritable froid. Tu marchais en silence, jetant des regards à l'horizon, tes oreilles noires comme la nuit dressées sur ta tête. C'était ton travail, tu le faisais, oui, mais il n'y avait jamais rien ici. Les Australes venaient parfois chasser, mais à part quelques loups sauvages plus courageux que toi, personne ne vivait ici. À part ces créatures étranges, à deux pattes, que tu n'avais pas croisé encore, mais dont on parlait depuis quelques mois. Depuis un temps où Keva était toujours là. Tu soupiras. Tes pensées revenaient toujours à elle. À elle et son ventre maintenant énorme. Elle qui t'avait abandonné, toi et les tiens. Ta marche devint plus agressive et tu enfonças tes griffes dans le sol sablonneux. Tu n'étais pas parfait, mais tu faisais de ton mieux. Tu avais tout fait pour prouver à ta meute que tu étais un bon loup et comment Keva t'en remerciait? En te quittant? Tu n'arrivais toujours pas à comprendre son geste. Et maintenant qu'elle était enceinte, qu'est-ce que cela signifiait? Qu'elle était partie pour créer sa propre meute? Pourquoi? Tu grognas dans le vide. Les pensées se mélangeaient dans ta tête. Tu continuais d'avancer, longeant la frontière des landes silencieuses. Il n'y avait rien à voir ici. Tu fis demi-tour et revint tranquillement vers la forêt. Le ciel se peignait d'orangée et de rose. Bientôt, la noirceur arriverait. C'était le temps de rentrer.

Tu remarquas une silhouette qui venait vers toi.

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Ciel avait beaucoup eut à faire depuis la Grande Chasse, mais cela ne s’était pas passer aussi bien qu’il l’avait pensé. Dans un premier temps, cela avait semblé bien marché, puis Keva avait montré le boue de sa truffe et là, les choses s’étaient passées de façon assez mitigées. Certains loups avaient achevé le rejet en la voyant grosse, mais pour d’autre, c’était une trahison encore pire et ils souffraient. Le Bêta propulsé en chef de meute accordait alors du temps à chacun d’entre eux pour essayer de les apaiser le plus possible. Cependant, il y avait un loup qu’il n’avait pas réussit à trouver. Un loup qu’il savait se sentir vraiment mal depuis le départ de leur ancienne Alpha.

Il croisa des Sentinelles et écouta leurs rapports avant d’incliner la tête. Pourtant, avant de les envoyer se reposer, le mâle demanda si ils savaient où était Elior. Si il n’y avait pas vraiment de loup pour le rejoindre, ce n’était un secret pour personne qu’il se trouvait dans les landes. Ciel n’aimait pas ça avec ces étranges deux-pattes dans les alentours. Il choisit alors de se mettre à la recherche du jeune mâle Sentinelle, se fiant à sa truffe et à ses talents de pisteur. La chaleur ne le dérangeait pas, il s’était endurcit à tenir sous toutes les température. On ne savait jamais après tout.

Quoi qu’il en soit, le chef temporaire des Australes était sorti de la forêt depuis peu quand il remarqua la silhouette d’un loup un peu plus loin. Les oreilles du Bêta se dressèrent assez vivement, attentif. Oui, c’était bien lui. Elior. Le loup gris se rapprocha alors d’un pas trottinant en direction du loup noir. Puis, quand il avait ensuite rejoins la Sentinelle, il avait posé sur lui un regard un peu moins dur que d’habitude, presque inquiet. Il s’était arrêter à quelques mètre d’Elior, laissant ce dernier achever de le rejoindre, puisqu’il allait dans sa direction, puis, il le salua d’un signe de tête.

« Elior, comment c’est passé ta ronde ? Et toi, comment te sens tu ? Je sais bien que ce qui s’est passé à la Grande Chasse a laisser sa marque sur toi, j’aimerais que nous parlions. »

Il n’était pas aussi froid que d’habitude, mais il savait que le mieux à faire pour le moment était d’apaiser Elior, Il voulait lui montrer que malgré le départ de Keva, il n’était pas seul et que la meute serait là pour lui, comme une sorte de famille en quelque sorte. Il ne voyait pas trop ce qu’il pouvait faire d’autre que cela après tout, mais comme toujours, il faisait de son mieux. Il gardait les épaules droites et bien haute, tout comme sa queue, parfaitement immobile dans son dos. Ses oreilles étaient toujours dressées fièrement sur le haut de son crâne. Ciel ne voulait pas non plus brusqué le jeune mâle, alors, il le laissa simplement répondre à son rythme, faisant de son mieux pour ne pas se montrer trop brusque ou trop sévère envers elle. C’était un peu compliqué pour lui, mais il devait bien s’adapter, il n’avait pas d’autre choix pour le bien des siens, pour le bien des Australes.

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Il ne te suffit que quelques instants pour reconnaître ton nouveau dominant, bien que le poste ne lui était que temporaire. Ciel, la tête haute, les oreilles droites, imposant. Ton cœur se mit à battre plus vite et tu t'arrêtas, retournant dans ta tête les tâches qu'on t'avait demandé de faire pour la journée. Avais-tu oublié quelque chose? Ce n'était pas particulièrement dans les habitudes du loup gris de venir à toi. C'était plutôt l'inverse. Il avait d'autres soucis, bien avant toi. Du moins, c'était ce que tu croyais. Ciel s'approcha et te salua d'un signe de tête. Tu baissas la tête à son approche, pas craintif, mais tout de même soumis. Tu avais hâte de voir ce qu'il te voulait. Elior, comment c’est passé ta ronde ? Et toi, comment te sens tu ? Je sais bien que ce qui s’est passé à la Grande Chasse a laisser sa marque sur toi, j’aimerais que nous parlions. Tes yeux s'arrondirent légèrement et tu essayas de cacher ta surprise. Ah non, pas ça. Tu n'étais pas en mesure de parler, de mettre des mots sur ce que tu ressentais, encore moins à Ciel. C'était lui qui dirigeait maintenant. Et si jamais tu disais un mot de travers, qu'allait-il te faire? Te mettre dehors de la meute, pour te renvoyer à Keva? Non, décidément, tu devais rester sur tes gardes et garder quelques informations pour toi. Tu espérais que Ciel n'avait rien remarqué de particulier dans ton comportement. Il semblait calme pourtant, moins dur qu'à l'habitude, et tu eus un peu d'espoir qu'il venait s'informer comme il l'avait fait pour tout le monde, pas parce qu'il s'attendait à une réponse précise de ta part.

—Rien à signaler pour la ronde, dis-tu d'abord, pour gagner du temps. Je n'ai croisé aucun loup, ni aucune proie d'ailleurs. Je m'apprêtais à rentrer aux tanières.

Le temps changeait rapidement. Tu sentais déjà le froid de la nuit s'approcher et tu frissonnas. Mais était-ce vraiment à cause de la température? Plutôt du stress, oui. Tu n'étais pas bon menteur.

—Je m'excuse de mon comportement à la Grande chasse.

Non, idiot. Il ne fallait pas dire d'entrée de jeu que tu avais eu un comportement à réprimander. Il fallait éteindre le feu, lui faire croire que la situation avec Keva ne te faisait plus rien, qu'il y avait un malentendu, qu'il pouvait passer à autre chose.

—Enfin, je veux dire...

Tu commençais déjà à bégayer. Tu repensas à Adazel et à sa réaction en voyant Keva enceinte. Un instant lui avait suffit pour qu'elle comprenne que la louve vous avait trahis. Pourquoi était-ce si difficile pour toi?

—Je veux dire que je vais bien et qu'il n'y a pas d'inquiétudes à avoir. Ce n'est plus Keva. Tu répétais les paroles de ton amie, qui t'étaient restées en tête. Je sais qu'elle nous a abandonné.

Tu évitais toutefois les yeux du loup gris, grattant le sol avec ta patte. Tu voulais juste éviter cette conversation, que tu n'étais pas prêt à avoir avec toi-même.

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Ciel avait rejoint Elior avant d’essayer de parler de ce qui s’était passé durant la Grande Chasse, vis à vis de Keva. Le moins que l’on puisse dire, c’était qu’il n’avait pas vraiment perdu de temps pour annoncer la raison de sa venue. La Sentinelle lui semblait assez tendu, mais le Chef de Meute temporaire ne laissa rien marqué de cette observation. La première chose que le loup noir lui répondit fut qu’il n’y avait rien à signaler à la ronde, pas plus pour des loups que pour des proies. Il poursuivit également qu’il s’apprêtait à rentrer et Ciel avait alors incliné légèrement la tête.

« C’est une bonne chose. »

Mais ce n’était pas ce qu’il lui avait demandé. Il commençait à faire un peu froid, mais le loup gris ne s’en souciait pas le moins du monde. Encore quelques instants et il s’excusa de son comportement à la Grande Chasse. Le loup le regarda, mais comme il n’avait pas eut de réponse à cette question, il continua simplement à l’écouter, les oreilles dressées sur le haut de son crâne alors qu’Elior reprenait la parole. Et le voilà maintenant qui bafouilla. Ciel pencha très légèrement la tête sur le coté, le laissant poursuivre ce qu’il avait en tête. Il lui avait alors assurer qu’il allait bien et qu’il n’y avait pas d’inquiétude à avoir. Il dit que ce n’était plus Keva, mais Ciel doutait un peu qu’il soit déjà passé à autre chose. Le Bêta ferma les yeux une seconde avant de laisser échapper un soupire.

« Elior, je sais que tu étais proche d’Elle. Comme d’autre au sein de la meute, c’est normal d’être perturbé. Cependant, tu as vu toi même ce qu’elle avait dans la tête. En attendant, tu n’es pas seul Elior, la meute est là pour toi, comme une famille. Tu n’as pas à t’isoler comme tu le fais. Si tu as besoin de parler pour avoir l’esprit clair, n’hésite pas à venir me trouver. Rester troubler, ce n’est pas une bonne chose. »

Le loup gris garda quelques instants son regard clair posé sur la Sentinelle. Il était inquiet pour lui et pour les doute que ce dernier pouvait avoir pour le moment. Il voulait que les Australes gardent l’esprit aussi clair que possible. Il n’allait pas laisser Elior tranquille… Pas tant qu’il ne pourrait pas s’assurer que l’esprit du jeune loup n’était pas dans les ombres. Non, il n’avait pas réussit à exprimer ce qu’il ressentait… Il n’était pas très bon pour les discours, c’était pour ça qu’il n’avait jamais voulu être Alpha malgré sa soif de pouvoir… Ciel inspira alors profondément, avant de reprendre :

« Ce que je veux dire, c’est que la guerre et son issue à affaiblit la Meute. Elle a fait ses choix et ne se sentait plus digne de son rang… Mais je pense aussi que pour agir comme elle la fait, elle devait penser qu’on pourrait sa débrouiller sans elle. Il ne faut pas la décevoir. D’autre part, elle est une traîtresse encore plus aux yeux des Boréales que des nôtres. Avec la menace d’une vengeance Originel qui plane, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre cette alliance. Est-ce que tu comprend Elior ? »

Le regard du mâle Bêta se fit plus intense alors qu’il fixait Elior pour voir si il avait compris. Ils étaient une meute, il ne pouvait pas laisser les Australes se disperser et se perdre dans les méandres du groupe. Il voulait faire comprendre à Elior qu’il ne l’obligeait pas à oublier Keva, mais qu’elle avait sa vie – surtout maintenant où elle avait montré qu’elle s’en tirait bien – mais qu’il leur fallait avant tout penser au bien et à la sécurité de leur meute.

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Ciel te parlait et tu continuais à fixer le sol, n'étant pas assez courageux pour le regarder dans les yeux. Tu avais envie de fuir à toutes pattes, pour éviter cette confrontation. Le nouveau dominant te rassurait. Te disait que c'était normal de se sentir perturbé après tout ce qui s'était passé, que tu n'étais pas seul avec tout ça. La meute est là pour toi, comme une famille. Tu n’as pas à t’isoler comme tu le fais. Quelque chose se coinçait dans ta gorge. De la peine? De la colère? De l'amertume? Tu ne savais pas trop mais jamais tu ne te sentais à ta place complètement dans cette meute. Ta meute était peut-être ce que tu avais de plus proche d'une famille, oui. Mais ce n'était pas encore tout à fait ça, comme si ce n'était pas... la tienne. Et si Keva était ta vraie famille? Ton cœur s'emballa, comme si tu avais soudainement peur que Ciel puisse lire dans tes pensées. Tu ne savais pas quoi lui répondre, si bien que tu gardas le silence.

Le loup gris continua. Keva avait fait son choix et, en plus, il pensait que si elle l'avait fait, c'était bien parce qu'elle croyait qu'ils pourraient s'en sortir sans elle. Il ne faut pas la décevoir. Tu relevas les yeux à ce moment. Non, tu décevais tout le monde, mais pas elle. Pas elle. Mais est-ce que Ciel disait vrai? Était-ce ce qu'elle attendait de toi? Mais bien vite, Ciel rappela qu'elle était une traitresse, pour eux comme pour les loups du Nord, et qu'ils ne pouvaient se permettre de risquer leur alliance avec eux en supportant Keva. Est-ce que tu comprends Elior ? Son regard était dur dans le tien et soudainement, tu vis dans les traits de Ciel ceux de ton père, toujours là pour te rappeler tes torts et pour te ramener sur ce qu'il considérait comme le droit chemin. Anxieux, tu hésitais entre t'écrouler sous le regard de Ciel, ou lui grogner au visage comme tu voudrais le faire envers ton père. Tu en avais marre. MARRE. De lui, de Ciel, de la meute. Tu étais peut-être mieux seul.

Mais tu restas impassible.

—Je comprends.

Tu comprenais. Tu ne voulais pas nuire aux tiens. Tu tenterais d'oublier Keva, du mieux que tu pouvais.

—Mais je ne pourrai jamais la voir totalement comme une traitresse, tu avouas finalement très bas.

Tu pensas à ta famille. À ta mère, partie depuis longtemps avec tes sœurs. À ton père, qui s'était retrouvé seul avec toi à sa charge. Il n'avait pas d'amour pour toi. Tu ne lui étais pas cher. Avec Keva, c'était différent. Tu étais important pour sa meute. Avec ta mère, c'était différent. Elle n'était pas là pour prouver qu'elle te détestait elle aussi. Ton regard devint triste. Ciel voulait que tu parles, tu parlais, maintenant.

—C'est plus fort que moi. Je m'attache à ceux qui m'ont abandonné parce que leur absence est plus facile à gérer que la colère de ceux qui restent.

Mais Ciel ne voulait pas entendre ton histoire. Il voulait que tu ne sois plus un problème. Pouvais-tu faire ça pour lui?

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Ciel regardait Elior et tentait de le comprendre comme il le pouvait. Il parla pour essayer de faire parler loup noir, mais quand ce dernier dit qu’il comprenait, le Bêta ne fut pas plus satisfait que cela. La sentinelle avait alors avoué qu’il ne pourrait jamais voir totalement Keva comme une traîtresse. Le mâle gris le regarda un moment, en silence, puis, Elior poursuivit disant qu’il s’attachait à ceux qui l’abandonnait puisque l’absence était plus facile à gérer que la colère. Ciel ferma les yeux une seconde. Il ne lui ressemblait pas, lui n’avait pour ainsi dire été que ça, en colère. Mais il pouvait le comprendre, puisque être à la tête de la meute l’obligeait à tempérer sa rage.

Ciel se rapprocha alors du jeune loup et commença à lui tourner autour, lentement, sans pour autant se montrer agressif envers lui. Il commença alors à parler d’une voix calme, sans pour autant s’arrêter de tourner.

« Écoute, Elior. Je ne te demande pas de la haïr comme certains d’entre nous, ni même de la maudire pour sa traîtrise. Mais ne t’éloigne pas de la meute comme tu semble le faire. Nous avons besoin de toi et tu as besoin de nous... »

Il s’approcha alors d’Elior et, geste qui allait probablement surprendre ce dernier, lui lécha doucement la tête un bref instinct, comme pour souligner que la meute était sa famille et que, même si il n’était pas forcément du même avis, Ciel était là pour veiller sur lui et non pour le surveiller. Ce n’était pas dans les habitudes du Bêta. Il savait l’importance d’Elior, il lui était reconnaissant de lui avoir permis de mettre les choses à plat avec Keva avant qu’il ne doive prendre sa décision. Mais il était maladroit, il n’était pas vraiment habitué à parler de ce qu’il ressentait. Le loup gris s’éloigna à nouveau, ne voulant pas trop s’imposer, après tout, ils n’avaient pas été proches… Cependant, il avait tout de même finit par reprendre la parole en regardant Elior du coin de l’oeil. Il voulait le réconforter, lui aussi avait souffert de la décision de Keva, mais il n’avait pas le choix et il devait agir… Le mâle regarda un long moment Elior avant de recommencer à avancer, lentement, pour lui permettre de le rattraper. Il avait les oreilles bien droites sur le haut de son crâne, tout comme sa queue dans son dos.

Pour autant, il ne semblait pas aussi « fier » que d’habitude. Ciel avançait, encore un peu, puis, il se tourna vers la Sentinelle et pencha doucement la tête sur le coté, attendant qu’Elior le rejoigne. Dans le même temps, il laissa un sourire se poser sur ses babines alors qu’il lui disait :

« Viens, rentrons aux Tanières, Adazel va finir par s’inquiéter pour toi si elle ne te vois pas là-bas en dehors de tes rapports. »

Après tout, les deux jeunes loups lui avait semblé bien proche durant l’assemblée où il avait annoncé le sort de Keva… et pendant la Grande Chasse aussi. En attendant, il guettait une réaction venant de l’autre loup, les oreilles toujours dressées sur son crâne.

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À quoi tu t'attendais? Que Ciel accepte tes paroles comme si elles étaient banales? Elles ne l'étaient pas, tu le savais bien. Le loup gris commença à tourner autour de toi, relativement calme, mais ses mouvements te rendirent anxieux. Plus que jamais, tu sentais qu'il était une bombe à retardement et qu'il ne tolèrerait plus tes écarts de comportement. Parce que bien sûr, tu ne l'avais pas convaincu. Tant que tu ne te convaincrais pas toi-même, tu serais toujours une menace pour lui et les tiens. Il continua de parler, t'expliquant qu'il ne te demandait pas de détester Keva, mais plutôt de ne pas t'éloigner de la meute comme tu le faisais à cause d'elle. Tu méditas sur ses paroles. Elles étaient pleines de sens. Tu pouvais faire ça, non? Mettre tes opinions à part et simplement faire partie du groupe, travailler pour ceux qui étaient encore là, pas ceux qui étaient partis. Mais les paroles du dominant et ses mouvements pour t'encercler te donnaient plus que jamais l'impression qu'on voulait te mettre en cage, t'enfermer, te brimer de ta liberté. Quelque chose te mettait mal à l'aise et plus que jamais tu avais envie de partir. Loin. Être seul, là où personne ne pourrait t'en vouloir.

Mais quelque chose se passa au même moment. Ciel te lécha la tête, geste bref, mais qui disait tout. Un peu de réconfort, une façon de dire qu'il était là. Si Ciel semblait aussi en colère que ton père face à ton comportement, au moins le dominant montrait envers toi un peu d'affection. Une vague de honte monta en toi. Comment en étais-tu venu à voir ta meute comme l'ennemie? Keva ne méritait pas que tu mettes en l'air toute ta vie pour elle. Ciel s'éloigna de toi et repris la route vers vos terres, le pas lent, comme s'il t'attendait. Dans ta tête, les pensées se bousculèrent encore un peu, mais tu avais déjà fait ta décision, n'est-ce-pas? Ciel s'arrêta et se tourna vers toi, comme s'il devinait ton hésitation. Viens, rentrons aux Tanières, Adazel va finir par s’inquiéter pour toi si elle ne te vois pas là-bas en dehors de tes rapports. Adazel. Tes oreilles se dressèrent sur ton crâne en entendant son nom, tes muscles se relaxèrent, tes yeux brillèrent un peu. Comment avais-tu pu penser l'abandonner? Elle te comprenait, non? Tu avais ta place ici tant qu'elle y serait. Et elle avait besoin de toi. Tu avais besoin d'elle. Ciel avait mis le doigt sur ce qui te motivait le plus à rester au Sud. Alors que tout te permettait de fuir dans la direction opposée et de clore ce chapitre de ta vie, tu te mis plutôt en marche et suivis Ciel, en direction de la forêt. Tu avais fait ton choix.

Quand tu arrivas à la hauteur du loup gris, tu t'excusas.

—Je te demande pardon, Ciel. Je ferai mieux à l'avenir.

Tu observais l'horizon en parlant.

—Je crois que toute cette histoire m'a fait oublié ce qui était le plus important.

Et ce n'était pas Keva qui importait. C'était ta vie ici, que tu construisais pierres par pierres, même si tout te semblait instable pour le moment. Tu t'imaginas avec Adazel, une portée de loupiots vous entourant. Tu allais te créer la famille unie que tu n'avais pas eu et tu avais besoin de ta meute pour y arriver.

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Ciel montrait certains signes de nervosité, mais il voulait se montrer aussi juste que possible envers Elior et envers la meute. Il prenait sur lui pour tempérer son mauvais caractère. Le Bêta aux commandes de la meute avait également eut un geste d’affection à l’attention du loup noir. Le mâle gris avait ensuite commencé à marcher pour retourner aux Tanière et il s’était permit d’un électrochoc, puisqu’il lui avait sembler que la Sentinelle était proche d’une louve. Puis, il l’avait attendu un peu plus loin, attendant qu’il se décide en tout état de cause. Finalement, il vint le rejoindre en lui demandant pardon et en disant qu’il ferait mieux à l’avenir. Le Gris inclina légèrement la tête, signe qu’il entendait ses excuses, puis, il s’était ensuite à nouveau redresser alors que le loup noir reprenait la parole maintenant. Il lui dit que toute cette histoire lui avait fait oublier le plus important. Un léger sourire se posa sur les babines de Ciel avant qu’il ne hoche la tête et ne reprenne calmement la parole :

« Ne t’en fait pas, cela arrive à tout le monde d’être un peu perdu, mais il ne faut pas que tu t’isole comme ça. Nous sommes là pour toi Elior, c’est aussi ça une Meute. »

Il le regarda un moment avec son regard clair, puis, il avait encore une fois simplement hocher la tête. Ciel avait alors continuer à avancer pour revenir vers l’endroit où se trouvait le plus gros des Tanières des Australes. Le Bêta était soulager de voir que le loup noir semblait s’être repris en patte et avait une expression qui le guidait vers un objectif. C’était donc pour le mieux. En tout cas, c’était ce qu’il pensait de ce qu’il pouvait voir. Ciel faisait de son mieux pour apaiser autant que possible les tensions de la meute et celles avec le Nord. Keva l’avait laisser avec beaucoup de troubles sur les pattes, mais il le ferait pour la meute et il trouverait un bon Alpha pour les guider, peu importe le temps que cela prendrait. Les oreilles du loup gris étaient bien dressées sur le haut de son crâne et sa queue restait assez haute dans son dos. Il regardait de temps en temps Elior sans vraiment avoir l’air de le faire. Il voulait juste voir si le jeune loup était plus serein maintenant. Si c’était le cas, ce serait pour le mieux. Il ne voulait pas forcément que les Australes l’aiment, mais il voulait se montrer juste et droit et il savait qu’il pourrait se battre sur n’importe quel terrain pour la Meute.

Alors qu’ils avançait, Ciel entendait les loups se mouvoir, la meute se reprenait doucement en pattes et avançait. Elle se reconstruisait peu à peu et bientôt, elle pourrait être forte à nouveau. Oui, il avait fois en ce point. Le loup gris porta encore une fois son regard sur Elior et il finit simplement par hocher la tête et prendre la parole :

« A l’avenir, si tu as des doutes ou des questionnements. Viens me trouver, c’est aussi mon rôle envers les Australes. »

Ciel le regarda du coin de l’oeil, attendant de voir la réaction qu’allait avoir l’autre loup quand à ce qu’il venait de dire. Le mâle gris gardait un air fier, puisque c’était ce qu’il était après tout. Il savait aussi qu’il aurait probablement bientôt besoin de partir en chasse pour décompresser.

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Ciel continua de te rassurer, te demanda de ne plus t'isoler du groupe comme tu l'avais fait. Tu entendais ses demandes et tu ferais de ton mieux pour te lier aux tiens. Tu baissas la tête vers lui avec respect. Il te semblait que Ciel avait vraiment l'air d'un alpha, à présent, surtout lorsqu'il te proposa de venir vers lui à l'avenir si tu avais des doutes. C’est aussi mon rôle envers les Australes. Il te vint à ce moment l'idée que Ciel n'était pas du tout comme ton père. Ton père pouvait être rude, comme lui, mais n'avait jamais été ouvert à t'écouter. Et si Ciel devenait le père que tu n'avais jamais eu? Les choses iraient pour le mieux maintenant, tu le sentais.

—Je viendrai. Merci pour tout.

Il faisait presque noir à présent et vous étiez de retour aux tanières de la meute. Tu humas l'air à la recherche de l'effluve d'Adazel. Elle aussi méritait des excuses à propos de ton comportement. Elle avait eu raison de cesser de supporter Keva, après tout, et tu n'avais pas été très compréhensif. Tu devais apprendre à penser comme elle. Tu te tournas vers ton alpha.

—J'ai terminé mon travail pour aujourd'hui. Je crois que je vais retrouver Adazel, maintenant.

Tu saluas le loup gris de la tête et reculas lentement. Tu ne savais pas ce que tu penserais de cette situation demain matin mais pour le moment, il y avait enfin de la paix dans ton esprit.

[OUT]

Spoiler:

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Ciel faisait de son mieux pour apaiser la jeune sentinelle et il pensait que l’esprit de ce dernier était un peu apaiser maintenant. Il proposa à Elior de venir lui parler si il avait des doutes à l’avenir. Il s’engagea à venir et il le remercia. Le loup hocha alors simplement la tête. Il n’était pas à l’aise dans ce genre de rôle, mais cela ne l’empêchait pas pour autant d’être sincère. Les deux loup avaient regagné les Tanières et le loup noir avait humé l’air avant d’annoncé qu’il avait terminé pour aujourd’hui et qu’il allait aller retrouver Adazel. Un sourire un peu amusé se posa sur les babines du loup gris.

« Bien. Profite de ton temps libre et repose toi également. »

Il répondit au salut du jeune loup et le regarda s’éloigner sans un mot de plus… Oui, Elior avait l’air d’être un peu plus serein maintenant. Ciel s’était alors ébroué, puis, il avait encore une fois décidé de faire le tour des Tanières pour peut-être rassurer certains loups ou s’assurer qu’il n’y ait pas de tension. Les choses avaient l’air calme maintenant. La Meute reprenait des forces et une certaine contenance. Oui. Elle se remettait peu à peu sur ses pattes et bientôt, tout serait comme si de rien était… ou presque en tout cas. Qu’il parvienne à trouver un Alpha ou pas, il serait là pour les Australes. Se retrouvant finalement à nouveau seul, la meute vaquant à ses occupations. Le Bêta aux commandes de la meute s’était alors étiré longuement avant de retourner à sa propre Tanière. Il ne s’y engagea pas totalement, comme pour rester en parti accessible pour ses loups. De toute façon, si il avait besoin d’être seul, rien ne l’empêcherait de s’isoler de la meute, juste le temps d’une chasse ou quelque chose comme ça. Il n’avait pas une grande patience, il le savait, mais avec les circonstances actuelles, il faisait au mieux pour prendre sur lui.

Un long soupire lui échappa et le loup gris posa doucement sa tête sur l’une de ses pattes, laissant ses oreilles suivre les bruits de la meute et ceux de la forêt. Il n’y avait rien de mauvais où d’inquiétant, la nature suivait son cours et pour le moment, Ciel voulait profiter de cet instant de répit pour la meute, Il ne savait pas si cela durerait longtemps, mais tant que ce serait possible, ce serait bon pour tout le monde. Il savait aussi qu’il devait rester sur ses gardes pour pouvoir veiller sur la meute et prendre soin de chacun de ses membre… Maintenant que Keva était partie, la situation le forçait à penser un peu différemment.

[OUT]

Spoiler:

» Imala [2/3] / Ciel [0/3]
» Au sujet de l'alliance [Ciel - Linéa - Croc Blanc]

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