Seuls quelques clapotis dans l'eau et sauts de grenouilles se faisaient entendre dans les marais. Les pas de la louve étaient légers et elle prenait bien garde à éviter les flaques. Ses empreintes dans la boue étaient l'unique preuve de son passage. Il était tôt, très tôt. Le soleil se levait encore, sur tout le chemin, Lumka avait eu le droit à un brouillard matinal. Mais sur le marécage, la visibilité était vraiment très faible.
La louve n'était encore jamais venue là. Ce n'est pas un territoire très bon pour la chasse. Ce n'est même pas un territoire d'ailleurs, les marais n'appartiennent à personne. Qui en voudrait en même temps ? Du brouillard aussi épais que l'écume de la mer, une odeur épouvantable et de la boue.
C'était l'attrait pour l'exploration qui avait mené Lumka ici. Exploratrice, certes, mais prudente. Elle prenait soin d’éviter de tomber directement dans l’eau, ou pire de s’enliser dans le marais.
Elle n’avait pas peur. Silencieuse, elle était presque invisible dans son environnement. Ainsi, elle ne bougea pas quand une ombre se fit dans la brume.
Comme un fantôme, la silhouette avance. Toujours sans un bruit, la louve s’écrase au sol. Mais le spectre fait un pas de plus et franchit l’épais rideau de brume. Elle ne sut dire qui était le plus surpris des deux.
Un instant se passa, pendant lequel les deux se fixèrent du regard. Lumka se sentit en position d’infériorité, là, tapis à terre et regardant le nouveau venu depuis le bas. Elle se demandait qui allait briser la glace en premier.