Qui es-tu? [PV Croc Blanc]

Le temps froid et humide de l'automne pénétrait sous la peau de Rise alors qu'il explorait les terres environnantes. Lui qui n'avait jamais connu de grand froid, il était surpris de voir à quel point l'automne pouvait être mordant dans sa nouvelle meute d'acceuil. L'hiver n'était toujours pas arrivé, mais au Nord des terres Boréales, on pouvait retrouver des glaciers qui semblaient rester éternel et qui s'étendaient à perte de vue.

Rise marchait lentement en faisant bien attention aux endroits où il mettait les pattes. Le terrain était glissant et dangereux par moment. D'autant plus que les pluies interminables avaient recouvert la glace d'une fine couche d'eau qui rendait le tout imprévisible.

Le mâle gris repensa à son arrivé sur les terres boréales il y avait déjà deux lunes de cela... Il n'avait toujours pas rencontré son alpha, mais il était persuadé que cela ne tarderait pas. Après tout, il n'avait pas intégrer une nouvelle meute dans le but de stagner à un simple poste de delta. Il avait bien l'intention de gagner la confiance de la louve blanche, de monter les échelons et de, qui sait, régner à ses côtés sur la meute Boréale.

Alors que les nuages se dissipaient par moment, puis revenaient ensuite à la charge, gorgé d'eau, Rise posa son regard au loin et frissonna devant ce paysage blanc. Il espérait rapidement s'acclimater aux températures du Nord. Les pluies et le vent froid ne rendaient pas la tâche facile, d'autant plus qu'une guerre se préparait entre les meutes.

Le regard toujours fixé sur l'horizon, quelque chose attira son attention. Une tache sombre, dans ce décor d'un blanc immaculé. Et il lui semblait bien que cette tache se mouvait dans sa direction. Sans hésitation, Rise se mit à trotter d'un pas confiant vers cet inconnu, la tête haute, les oreilles droites et l'expression froide. Le loup devant lui n'était pas sur les terres de sa meute, mais il s'approchait dangereusement de la frontière. Rise voulait avant tout protéger les intérêts de sa nouvelle meute.

Une fois arrivé au niveau de l'autre mâle, Rise garda sa posture de dominant, bien qu'il n'en était rien. Le gris était un mâle confiant et sûr de lui et il le faisait bien transparaître. Il resta là, planter devant l'inconnu, ses yeux gris rivés sur lui. Le delta ne dit pas un mot et se contenta de garder son air froid et impénétrable, attendant que l'autre se présente avant tout.

La terre des loups était immergée sous une nuit dégagée. Un ciel parsemé d'étoiles, toutes plus scintillantes que les autres. Mais elle n'était pas plongée dans l'obscurité absolue, loin de là, le soleil avait laissé place à la forte lueur de la lune. Elle n'apportait pas de chaleur certes, mais sa forte luminosité suffisait pour offrir une bonne visibilité des environs. On passait d'une journée fraîche et ensoleillée, grouillante de vie, à une nuit silencieuse et très froide.

Sous cette lueur blanche, hors des forêts et des bois, hors des prairies et des plaines, un loup surplombait ces terres du haut de sa colline. La lune dos à lui, la face totalement plongé dans l'ombre généré par la lune. Il s'agissait de toi, Croc Blanc. Tu guettais les environs, tu étais là, debout, le regard toujours en quête d'une silhouette lupins mais aussi et surtout, profiter de ce doux privilège du calme et de sérénité. Avoir cette sensation d'être le seul à vivre cette voute céleste majestueuse. Tu étais parfois pensif, te demandant ce qu'il pouvait se trouver derrière cette montagne face à toi. Ton voyage avait déjà duré de longs mois, les rencontres furent rares. Des solitaires la plupart du temps. Tu te trouvas un abri, une petite cavité inhabitée où tu pouvais poser une petit sommeil, un regain d'énergie n'était pas de refus.

A la lueur du jour, le temps avait subitement changé, un ciel grisâtre, un vent de froid venait de s'inviter à la fête. Ce n'était pas encore l'hiver, mais l'automne semblait déjà t'annoncer la couleur. Cela n'allait pas te décourager loin de là, tu avais déjà connu les grands froids , ton épaisse fourrure allait te maintenir au chaud. Tu repris ton ascension en arpentant la montagne, ton but était de franchir un col et de voir ce qu'il s'y trouvait derrière. Après de longue marche en emprunter des sentiers abandonnés, tu arrivas enfin à ce col. Une étendue de glace à perte de vue. Un glacier immense, bordé de forêt de conifère. La suite du voyage n'allait pas facile, le temps semblait à la fois pluvieux et froid, la combinaison parfaite pour glisser en cas de manque de vigilance. Tu posas tes premiers pas sur ce glacier.

Après une bonne heure de marche, le vent t'apporta une odeur qui te titilla la truffe, légère mais perceptible, tes sens se mirent aux aguets. Tes yeux scrutèrent minutieusement l'horizon lorsqu'une silhouette mobile fixa ton regard. Tu l'observais pendant quelques minutes au loin jusqu'au moment où cette même silhouette se stoppa, sa tête se tourna également vers ta direction. Cela ne te faisait plus aucun doute, il s'agissait bien d'un loup.

D'un pas décidé, tu t'approchas de cet individu, tu le voyais d'ailleurs faire de même. Tes pas étaient lents, on pouvait tes muscles rouler sous ta peau. L'inconnu lui, venait en trottinant. Tu pouvais observer sa posture droite et se voulant dominant, le regard froid. Son odeur ne te disait rien, mais sa posture te donnait déjà la puce à l'oreille, certainement un haut gradé. Cela te semblait évident que tu n'étais pas loin de son territoire, certainement une meute, tu connaissais les codes. De ton coté, tu avais une posture fier, droite, robuste. Tes yeux dorés fixèrent les siens. Ton visage, il était sans expression. Un véritable mur d'impassibilité, tu ne laissas aucune émotion transparaître. La peur ou le manque d'assurance était totalement absent. Ton souffle chaud laissait apparaître une légère buée depuis ta truffe. Tu brisas le silence d'une voix grave et raisonnante. Tu te contentas de très peu de mot pour le moment. Tu comptais observer son attitude avec attention, afin de voir si tu pouvais trouver un quelconque intérêt à ce loup, avant de te dévoiler d'avantage.

- Salutation, loup.

Étrangement, Rise senti en lui une émotion difficile à définir... Devant lui se tenait un mâle qui lui ressemblait d'une certaine part. La confiance qu'il dégageait, la prestance, la musculature, l'impassibilité et quelque peu la froideur. Un reflet parfait dans le miroir. Son alter ego ou son ennemi.

Rise resta de marbre lorsque la voix grave de l'inconnu perça l'air froid des glaciers. Porté à même le vent, le mâle se senti aussitôt en compétition avec cet intru venu de nul part. Son esprit compétitif lui criait qu'il s'agissait d'une menace... Et s'il venait courtiser Linéa lui-aussi? Pourtant, le gris boréale ne dit pas un mot, ne lassa rien transparaître et continua d'observer l'autre dans le plus profond des silences.

L'inconnu n'avait dit aucune information utile. Ni son nom, ni d'où il venait. Rise s'appliquerait à faire de même. Le gris n'avait pas l'intention de laisser les choses aller longuement avant d'en savoir plus. Ainsi, il gonfla le torse un peu plus, loin de se laisser intimider par la confiance de l'autre qui se prenait pour son égal.


Son ton se voulait froid et dur. Aucune salutation. Aucun tact. Rise voulait savoir la raison de sa venue. Et si elle lui paraissait futile, alors il chasserait ce mâle inférieur en tout point. Après tout, il ne portait pas l'odeur d'une meute des environs... Il devait donc être un sauvage. Et quoi de plus lâche qu'un sauvage? Bien que Rise vécu un moment en solitaire, cela ne l'empêchait pas moins de mépriser ces derniers qu'il considérait de rebus de meute... Des loups qui n'étaient même pas complet par eux-mêmes...

Mise à part un peu de mépris, le gris ne laissa rien paraître à l'intru. Une bourrasque vint ébouriffer son pelage et le fit frissonner un instant. Rise n'était toujours pas acclimaté au froid de plus en plus prenant du Nord. D'ailleurs, le ciel s'assombrit de nouveau de nuage gris et la neige se mit à tomber... Le delta senti un soulagement à cette précipitation... L'hiver était en route et bientôt, la pluie et les inondations prendraient fin. La neige était pour lui, un gage d'espoir. Centrant son attention sur son rival, il attendit une réponse.

Le climat du glacier était certes très froid mais tu étais plutôt habituer, ton épais pelage te maintenait au chaud suffisamment. Tu n'étais pas un loup du nord pour rien, tu te sentais à ton aise.

Après tes quelques mots prononcés, tu restas toujours de marbre, ne laissant rien présager. Une posture certes très confiante, droite, fière, mais un visage vide de toute expression. Ce loup ne t'intimidait en rien, ta carrure imposante était déjà un argument suffisant pour témoigner de ta puissance. Ta brève parole, aussi courte que possible, ne laissa guère de manœuvre à l'autre canidé, l'absence d'information te concernant n'avait que pour but de le tester et d'observer le comportement de cet inconnu. Un simple bonjour, suivi d'un unique « loup » devait lui montrer que tu ne le considérais pas plus que ton égal. L'inconnu sembla d'abord garder une posture tout aussi droite et un regard froid qu'au début de votre rencontre, avant de bomber le torse d'avantage. Tu ne fis aucune réaction en retour, ton assurance était tel que tu n'en ressentais pas le besoin d'en faire d'avantage, ce loup ne se voulait pas se considérer comme ton égal, il voulait certainement te montrer qu'il ne se laissait pas intimider, cela rassurait-il son égo ? De ton coté tu n'avais rien à prouver, tu restas impassible, immobile, seul tes yeux de braise fixèrent les siens, ne le quittant pas du regard. Toi, tout ce que tu voulais, c'était de trouver un quelconque intérêt à ce loup, s'il n'en était rien alors tu allais reprendre ta route et l'oublier, comme un simple passage sur  une page d'histoire. Tu étais ambitieux, tu n'avais qu'un seul but, trouver une meute, prouver tes valeurs et gravir les échelons. Tu ne voulais pas perdre ton temps. Tu restas posé, prêt à écouter les quelques mots de l'inconnu.

-Tu es bien près de notre frontière. J'espère que tu as une bonne raison.

Tu te trouvais donc bien face à un membre d'une meute, le fait que ce loup s'exprimait avec un ton froid et peu amical, accompagné d'une posture se voulant dominante ne faisait qu'affirmer ton jugement qu'il était un haut gradé. Certains loups de ton ancienne meute avait ce comportement. Son regard méprisant en disait long sur son jugement te concernant, cela ne devait pas être joyeux. Cela te suffisait amplement pour cerner légèrement le personnage, un loup méprisant et te prenant de haut. La seule chose que tu pouvais saluer, c'était son dévouement et sa loyauté pour sa meute. Il était prêt à te chasser pour la simple sécurité de sa meute, ce que tu pouvais comprendre, tu restais un inconnu pour lui. Ce que tu voulais maintenant c'était de prendre connaissance des environs, y avait il d'autres meutes ? Étaient ils ennemis ou amis ? Tu voulais d'abord savoir dans quoi tu allais mettre tes pattes, avant de t'y intéresser d'avantage mais avant cela, tu voulais d'abord commencer par une réponse, lui donner la puce à l'oreille que tu n'étais pas qu'un simple solitaire perdu dans la nature.

- Je n'ai pas l'intention de la franchir, n'importe quel loup sensé connaît cette règle.

Tu n'en donnais pas plus dans un premier temps, ta première réponse n'avait que pour but d'affirmer que tu n'étais pas né de la dernière pluie. Tu voulais le faire cogiter dans son jugement. Tu poursuivis ensuite, reprenant une voix grave et conservant un ton neutre, dissipant peu à peu l'épais brouillard servant d'inconnu te concernant.

-Je viens de loin, d'une terre dont vous ignorez son existence. Vous êtes le premier loup que je vois depuis deux saisons.

Tu laissas une légère pause, puis tu terminas sur ces dernières paroles avant de laisser le tour au loup.

- Nul doute que je suis face à un loup de haut rang, je salue le dévouement que vous portez pour votre meute. Cependant, avant de me lancer d'avantage dans ma quête d'une meute, je souhaite connaître les meutes qui comportent cette région.

Ta voix raisonnante laissa place à nouveau au silence, quelques douces brises firent ébouriffer ton épais pelage. Tu ne voulais pas tourner autour du pot, ta voix était calme, une absence totale de froideur, elle ne laissa transparaître que de la sagesse.  Ton visage, quand à lui, garda toujours sa neutralité de départ, une posture toujours aussi confiante. En fait, tu ne prenais pas en considération  le manque de tact et le mépris de ce loup. Tu conservais donc ta politesse et ta sagesse. Tu comptais donc bien observer à nouveau la réaction et le comportement de celui ci, et de peut être corriger ton jugement le concernant au fur et à mesure de vos échanges durant cette première rencontre.

Le mâle devant Rise prit la parole de nouveau. Il ne montra aucun signe de soumission. À l'intérieur de lui, Rise en était fortement irrité. Mais il n'en montra rien. Comment un solitaire pouvait-il à se point se présenter avec autant de contenance que le faisait ce mâle?

En écoutant sa réponse, Rise remarqua que ce sauvage tenta de le rassurer, mais aussi de flatter son ego. Cela ne fit qu'empirer l'émotion négative que le boréale lui portait. Rise restant pourtant de marbre. Filtrant ses émotions avec brio, il laissa cependant le dédain remplacer le mépris dans ses yeux. Cet inconnu devait comprendre qu'il n'était pas le bienvenue dans les environs, mais aussi qu'il était en tout point inférieur à Rise et que ce dernier ne se laisserait pas apprivoiser par des subterfuges.

Rise porta une attention aux paroles de l'inconnu qui n'avait toujours pas mentionné son nom pour l'instant. Il lui intima qu'il n'allait pas franchire ses terres. Dans ce cas, ce loup n'aurait d'autre choix que de rebrousser chemin. Pourquoi venir d'aussi loin de terres inconnus, alors qu'il faudrait rebrousser ensuite chemin? D'ailleurs une question traversa l'esprit de Rise. Pourquoi ce gris avait-il quitter ses dernières terres? Avait-il été en meute?

Finalement, tel un espion, cet inconnu lui demandait indirectement des informations concernant les meutes environnantes. Croyait-il sincèrement que Rise se laisserait berner et laisserait entre les pattes de ce vaux-rien des informations aussi précieuse concernant la situation délicate entre les meutes? Et encore, concernant sa propre meute? L'excuse du gris n'était, selon Rise, pas valable. Il disait vouloir rejoindre une meute.

Ne répondant pas à son questionnement, Rise toisa toujours l'inconnu. Son énervement ne dépassa pas la carapace de son corps extérieur. Ainsi, l'inconnu ne savait que le dédain et le léger mépris qu'il lui portait jusqu'à maintenant. Mais Rise était fait ainsi. Il ne considérait comme ses égals que les loups fortement gradés et méprisait tous ceux de son rang, les trouvant pathéthique et misérable.


Le ton de Rise était froid et impératif, comme à son habitude. Il regarda un peu plus longuement ce mâle devant lui. Il n'avait plus rien à dire à ce mâle. Il devait rebrousser chemin et ne plus revenir dans les parages. Il n'y avait aucune autre issue pour descendre dans le Sud à la rencontre des autres meutes. Pourtant, Rise n'avait d'autre choix que de rester. Simple question d'assurer que la frontière ne soit pas pénétré. Cela serait le comble que ce loup soit l'espion d'une autre meute venu s'en prendre à son alpha. Ou encore qu'il finisse par rejoindre la meute ennemie, engraissant les rangs de ces derniers. Décidé d'en apprendre un peu plus, Rise poursuivi, de manière expéditif, sans trop s'attarder sur les détails. Sa posture ne changea pas d'un poil.


Cette question était vague, mais complète à la fois. Rise souhaitait connaître l'historique de ce loup. Pourquoi il avait quitter sa région natale? Avait-il un jour intégré une meute? Pourquoi l'aurait-il quitté? N'y avait-il donc aucune autre meute là-bas qu'il pouvait intégrer? Il était une nuisance à ce point, de vouloir parcourir des kilomètres pour trouver une meute où aucune réputation ne l'attendait? Que cherchait-il à fuire? Que cherchait-il à cacher? Son histoire allait-elle tenir la route ou si un combat se déclancherait et Rise découvrirait alors qu'il s'agissait d'un mâle originelle qui avait bien déguisé son odeur? Le delta était prêt à tout éventualité.

Le mépris du loup ne cessa de croître envers ton égard, il ne semblait n'avoir pas changé ses positions. Tu compris rapidement qu'il ne voulait pas de toi. Cependant, il était hors de question de rebrousser chemin, cela faisait des lunes que tu marchais sur divers contrées, ta soif d'aventure et de challenge était grande, ce n'était pas ce loup qui allait te faire reculer, loin de là. Ta détermination était inébranlable, tu comptais bien aller jusqu'au bout de tes ambitions. Ce loup n'était qu'une embuche sur ton parcours. Et puis si jamais ça ne marchait pas, alors tu allais continuer à descendre plus au sud, tu n'avais qu'à contourner leur territoire et l'affaire était réglé.

Il te répondit enfin et sa réponse ne te surprit pas des moindres. Ce loup était décidément campé dans ses positions et il n'en démordait pas. Ce loup devait te percevoir comme une menace, tu ne voyais pas autrement, alors tu n'avais aucune intention hostile. Il t'agaçait légèrement mais tu prenais ton mal en patience.

Tu restas toujours de marbre, tes émotions toujours aussi sagement gardées au plus profond de toi. Ta posture toujours aussi neutre et un regard perçant qui ne le lâchait toujours pas. Ton assurance n'avait pas bougé. Ainsi, après que la question du loup fut posé, tu allais répondre toujours avec aisance, d'une voix toujours aussi raisonnante et grave. Cette fois tu décidas de jouer une autre carte, te présenter plus ouvertement et faire part de tes motivations, mais aussi lui faire entendre que tu étais près à partir plus au sud si jamais ta candidature ne lui intéressait pas. Peut être que les meutes ne s'entendaient pas ? Cela pouvait être dommage de devenir un potentiel adversaire... et passer à coté d'un guerrier redoutable. Tu repris donc la parole d'une voix toujours aussi posé et raisonnante.

- Mon nom est Croc Blanc. Mon engouement pour l'aventure et le challenge est grand. Ma détermination est inépuisable. Cette soif de défi m'a poussé à quitter ma meute. L'inconnu ne me fait pas peur, partir sur des bases nouvelles sont ce que je recherche. Porter ma pierre à l'édifice est mon souhait, rejoindre votre meute m'envie. Je suis un combattant expérimenté, il serait dommage de passer à coté.

Un brève pause et tu terminas sur ces dernières paroles.

- Toutefois si mon profil ne vous intéresse pas, alors je reprendrais mon chemin. Je contournerais votre territoire et je partirais plus au sud voir d'autres meutes. Reculer ne fait pas parti de mon vocabulaire.

Enfin, le gris répondit et exprimer sagement ses désirs à Rise. Ce dernier, toujours méprisant, ne détourna pas les yeux du regard insistant de l'autre qui se prénommait Croc Blanc. Ainsi, le défi l'avait poussé à partir... Plusieurs théories se glissèrent dans les pensées du mâle. Il disait vouloir rejoindre sa meute. Mettre sa pierre à l'édifice. Et pourtant, si son désir d'aventure était si grand, comme Rise pouvait-il se fier à sa parole? Son désir reprendrait sans doute un jour le dessus. En temps de guerre, ce n'était pas l'idéal. Cela affaiblirait la meute.

Et puis justement, Rise se dit que ce mâle devait être un espion. Il jouait bien le jeu, cet es-Croc... Venir dans la meute Boréale, se présenter comme un guerrier d'expérience. La meute enviait de tel guerrier. C'était le plan parfois pour venir détruire sa meute d'adoption de l'intérieur. Et si Rise laisserait passer une telle chose, ce serait dommageable pour son image et sa position... Mais d'un autre côté, s'il était vraiment un guerrier d'exception comme il le faisait si bien paraître, Rise ne serait pas dans une meilleure posture s'il refusait une telle aide et donnait ce guerrier à la meute ennemi.

Dans toutes ses réflexions et ses doutes, Rise décida de creuser un peu plus loin, ignorant totalement la requête de l'intru pour le moment. Le gris ne dérogea pas du ton dégoûté qu'il avait choisi pour s'entretenir avec ce sale sauvage.

"Alors pourquoi ne pas retourner dans ta meute après une si longue absence? Nous ne recherchons pas des déserteurs."

Les paroles de l'autre l'avait quelque peu énervé. Ainsi, il irait plus au Sud s'il lui refusait sa demande. Rise n'avait aucunement l'intention de le laisser s'échapper ainsi. S'il était un espion, il fallait le garder à l'oeil. Peut-être pourrait-il jouer le jeu également? L'accueillir dans la meute, faire semblant de croire à ses histoires, puis lui tendre un piège le moment venu... Rise trouva cette solution parfaite. Et puis cela esquivait le doute qu'il avait de le croire... S'il s'avérait que Croc Blanc était un bon guerrier, au moins, il serait du bon côté.

Toujours sous un froid glaçant, les échanges entre les deux loups se poursuivirent, l'un, se présentait méfiant, ne le croyant que très vaguement aux histoires de l'inconnu, toi, tout ce que tu voulait, c'était rejoindre une meute et t'investir le maximum. Tu étais un loup motivé, tu ne rechignais pas à mettre les mains dans la pâte. Tu gardas ton calme olympien, un regard toujours aussi neutre et inexpressif.

Tu ne te forças pas à ne rien laisser transparaître, c'était ton naturel. Tu avais toujours cette posture droite et sûr. Tu ne faisais que reprendre ce que ton père t'avait enseigné. Tu te souvins toujours de ses paroles, de ses conseils, " Regardes les toujours droit dans les yeux, n'exposes pas tes émotions, exposes ta sagesse et laisses leur mépris de coté. Ceux qui aboient ne sont pas tes véritables ennemies !". Ces mots qui te fient échos intérieurement, t'offraient un élan de détermination.

Ce loup n'avait pas confiance en toi pour le moment, bien qu'il ne l'exposait pas, tu t'en doutais, sinon cette discussion n'aurait pas duré aussi longtemps. Tu ne lui laissais guère de manœuvre que le doute. Malgré tes paroles tu restais flou pour lui. Le battement de ton cœur était lent, ta respiration silencieuse, ta sagesse était sans faille. L'autre loup, garda son mépris et son air dégouté. Il te répondit.

- Alors pourquoi ne pas retourner dans ta meute après une si longue absence? Nous ne recherchons pas des déserteurs.

Intérieurement, tu étais bouche-bée, réfléchir aussi longtemps pour sortir cette conclusion ? Comment pouvait il te juger aussi mal ? toi ? un déserteur ? quel insulte. Toi, tu ne refusais jamais les combats, qui n'hésitait pas à te donner pour faire vivre la meute. Mais surtout, pourquoi te poussait il à retourner sur tes terres ? Jamais dans ses mots il te laissait la possibilité de descendre plus au sud, cachait il quelque chose ? craignait il quelque chose ? Tu gardas ton calme et reprit la parole assez rapidement, préservant toujours ta voix grave et sage.

- Nous n'étions points en guerre, je ne peux donc être un déserteur. J'ai quitté, je ne me suis pas absenté. Mon départ s'est fait de manière franche.

Tu laissais quelques secondes avant de reprendre.

- Dans vos mots, vous dites rebrousser ou retourner mais jamais continuer ou allait voir ailleurs. Quelque chose vous déplaît au sud ?

Rise écoute la réponse du loup, mais n'y comprenait toujours rien. Pourquoi vouloir quitter de manière franche une meute, lorsque l'on a pas d'alibi valable? Ou lorsque l'on a rien à se reprocher? À l'intérieur de lui, Rise restait toujours méprisant face à Croc Blanc. Toutefois, cette fois, il ne laissa plus ce sentiment s'extérioser et redevint neutre. Il devait jouer le jeu. Pour la sécurité de sa meute.

Le gris écouta la question de l'intru, mais n'y répondit pas. La raison était évidente. Il n'y avait pas d'autre chemin que les terres de Boréale pour se rendre au Sud. Du moins aucune terre que les loups du coin ne connaissaient. Rise était également un voyageur et il avait traversé divers territoires avant d'en arriver ici. Mais il n'avait toujours pas fait mention de ces terres inconnues et luxuriantes à sa nouvelle meute d'adoption. Les enjeux étaient importants et il tenait à faire profil bas quant aux solutions envisagées face à la guerre. Mettre la parole et la décision de Linéa en doute ne l'avantagerait certainement pas.

Ainsi, face à Croc-Blanc, il décida de jouer la carte de la franchise. Sans répondre directement à sa question, il la contourna, mais en lui donnant une information qui ne les mettraient pas en danger. Après tout, s'il était un espion, il savait déjà cela et s'il était vraiment inconnu de tous, alors ce serait pour lui un genre de test à passer pour intégrer la meute.


Rise espérait qu'il comprendrait cette invitation à venir se battre à leurs côtés et non pour l'ennemi. Et puis, s'il était espion, il ne pourrait jouer le jeu jusque là. Puis en guise de bonne figure, mais aussi pour que le mâle croit à son changement d'attitude, le gris s'ouvrit un peu plus.



De cette manière, Rise s'assurait que Croc Blanc resterait assez près pour ne pas choisir d'aller rendre visite à d'autres meutes et suffisament loin pour ne pas qu'il interfère avec les plans de la meute Boréale. Il ne restait qu'à attendre la réponse du voyageur, tandis que Rise le dévisagea froidement et durement, ce qui était en fait, son état naturel.

La première réaction de l'autre fut de laisser croire à Rise qu'il n'était pas au courant de rien. Mais l'autre mâle pouvait jouer aussi bien son jeu que le gris. Ainsi, Rise n'ajouta rien au commentaire de Croc Blanc. Un bref silence s'immisa entre les deux mâles. L'un voulant devenir l'alpha, l'autre ayant toute la prestance de le devenir. Rise devrait se surveiller. Ce nouvel arrivant ne lui signifiant rien de bon. Il avait l'impression qu'une compétition interminable se dresserait entre eux. Il n'avait pas idée à quel point.

Croc Blanc lui donna ensuite sa parole, que Rise laissa entrer dans une oreille et sortir par l'autre. Venant de cet intrus, cela n'avait aucun poids pour lui. Il le regardait toujours aussi froidement. Rise ne bougeant pas de sa position, il invita ensuite de manière subtile, l'autre à quitter les lieux.


Rise mentait. Il savait très bien que la guerre devait avoir lieu à la première neige. Toutefois, si Croc Blanc était un espion, et bien, l'effet de surprise serait bien protéger. L'avantage serait tout de même à la meute Boréale. Rise resta là, attendant que l'intru décide de faire demi-tour. Il n'était toujours pas question que ce loup aille au Sud, ni qu'il reste dans les parages. Là dessus, Rise ne démorderait pas.