Une patrouille qui aura son lot de surprises.

Messages : 619

Aller faire une patrouille aux terres du centre, observer la situation chez la meute Originelle, découvrir si l’hiver avait été aussi dur pour eux que pour nous.

Voilà l’ordre qu’Azara avait reçu de son alpha au petit matin. Ce n’était pas elle qui, habituellement, allait espionner sur les territoires plus au Sud, mais les derniers mois avaient été difficiles pour la meute Boréale et plusieurs loups de tous les rangs avaient péris. Étant jeune et en pleine santé, c’était son devoir de faire cette longue route et cette aventure un peu périlleuse. Elle ne savait pas ce qui l’attendrait: c’était d’ailleurs la première fois qu’elle allait aussi loin de son lieu natal, seule par dessus le marché.

Azara se mit en route le plus tôt possible. Elle quitta la forêt de conifères pour se rendre au marécage, une terre plutôt nauséabonde qui n’appartenait à personne, ou plutôt à ceux qui devaient s’en contenter. Sa marche lente devint vite plus rapide et, au risque de perdre son énergie, elle se mit à courir, réveillant les muscles de ses longues pattes, sentant le vent dans son poil. Cela faisait quelques semaines que la seule chose qui trottait dans sa tête était la mort de sa mère et ce défoulement lui libérait l’esprit. Toujours plus vite, elle galopait entre les arbustes, les troncs d’arbres, les herbes de toutes sortes, se sentant libre pour la première fois depuis longtemps, comme lorsqu’elle chassait le lièvre avec sa mère.

Après quelques heures, elle arriva enfin à la frontière des territoires de la meute Originelle. Le marécage laissait place aux arbres de toutes sortes: c’était la forêt mixte des terres du centre. Azara se figea quelques instants. Dans ce fouillis vert, il lui semblait qu’elle était un être si facilement repérable, avec son pelage d’un blanc immaculé. Elle observa autour d’elle. Il avait probablement plut la veille, car la terre au sol était humide, presque boueuse. Azara se mit donc à se frotter dans tous les sens au sol. Un pelage sale, brunâtre, valait mieux que des poils de neige, en territoire ennemi.

Elle se mit ensuite à déambuler entre les arbres, attentive aux bruits autour. Les oiseaux chantaient quelque part entre les branches et des moustiques allaient et venaient autour de sa tête. Les arbres autour étaient feuillus, d’un vert vif. Des fruits poussaient dans certains arbustes au sol et un vent chaud s’engouffrait dans la forêt. Décidément, les terres de la meute Originelle étaient plus luxuriantes qu’au Nord. Sa meute bénéficierait sans doute de pouvoir chasser dans le coin, où les proies abondaient sûrement. Elle se lécha les babines d’envie.

Puis un craquement parvint à ses oreilles. Elle fut aussitôt aux aguets, se cachant tant bien que mal derrière un arbre. Un loup venait d’apparaître à quelques mètres d’elle. L’observait-il depuis longtemps?

Messages : 626

Je ressens le froid... Où suis-je? Dehors tout est blanc. Serait-ce le néant? Je regarde mes pattes. Elles touchent à quelque chose de mou, parfois solide et surtout blanc... C'est froid sous mes pattes. Un vent glacial traverse ma fourrure et me saisit de froid. Je frissonne. Un bruit sourd, suivi d'un long hurlement se fait entendre. Je sursaute.

La louve ouvrit les yeux et se redressa rapidement. Après une brève analyse, elle reprit son souffle. Elle n'était pas dans ce monde froid et blanc. Elle était à l'orée de sa forêt. La forêt de feuillu, où le sol était sec et sablonneux. Rien à voir avec cette poudre blanche dont elle venait de rêver...Plus loin,on entrevoyait la rivière qui coulait dans ses sillons. La louve frissonna, s'étira et secoua sa fourrure pour s'activer. Elle se mit immédiatement en route.

La veille, alors qu'elle arpentait ses terres à la recherche de gibier avec deux jeunes loups prometteurs, quelque chose d'étrange l'avait marqué et avait enclanché en elle son besoin d'exploration. Elle était dans les landes quand tout ça était arrivé. Personne n'avait vu venir quoi que ce soit. Il y eu un bruit sourd, puis le corps d'un des deux mâles tomba lourdement au sol dans une plainte longue et douloureuse. Puis le sable du sol devint rouge sombre. La louve avait regardé au loin, mais n'avait rien aperçu, si ce n'est qu'une odeur nauséabonde et puissante qui lui piquait le nez. Elle avait senti le parfum des hommes, mêlé à l'odeur du savon, shampoing et autres cosmétiques artificiels d'usages quotidiens. Aussitôt, elle quitta les landes avec le jeune loup survivant et s'enfonça dans la forêt. Le loup blessé n'y surviva pas.

Aussitôt arrivé au sein de sa meute, elle prit la décision de remettre la direction de la meute aux pattes des bêtas et de partir en quête de territoire nouveau, où l'homme n'y chasserait pas le loup. Elle traversa ainsi toute la forêt avant d'aller dormir non loin de la rivière. En repensant à tout cela, la louve ne s'était pas rendu compte qu'elle venait de franchir ce qui lui semblait être une prairie riche en petits rongeurs. L'orée d'une toute nouvelle forêt s'offrit à elle.

Le sol de cette forêt était meuble et riche. Dans l'air, une odeur de fraîcheur et de gibier. Cela lui ouvrit l'appétit. Puis un peu plus loin, l'odeur bin distincte d'une meute. Keva avait entendu bien des histoires sur différentes meutes au delà des terres de la meute Australe. Jusqu'ici, elle n'avait jamais dépassé la rivière. Territoire qui fut convoiter maintes fois par son père avant elle. Mais ce nouveau territoire qu'elle venait de découvrir était luxuriant et riche. Ces loups ne devaient manquer de rien... Il fallait qu'elle réussisse à mettre la patte sur une petite parcelle de ces terres.

Bien décidé à s'imposer, la jeune louve se mit en mode exploratoire. Reniflant les limites du territoire établies par la meute, cherchant les indices de présence, elle devait tout apprendre sur cette meute avant de pouvoir y amener la sienne afin de se disputer le territoire. En parcourant ainsi la forêt mixte, quelque chose accrocha son regard. Une tâche d'un blanc immaculé au loin. Une douce brise chaude vint lui apporter les effluves de cette tâche. Un loup. Une femelle. Jamais Keva n'avait vue un loup si blanc... Elle s'approcha en douce. Cette louve, en plus d'être blanche, était d'une taille beaucoup plus petite que les loups qu'on aperçevaient dans le Sud. Keva remarqua que les oreilles de l'intruse était plutôt arrondie. Elle trouva cela assez comique. Un petit sourire se glissa sur ses lèvres. Elle resta ainsi, à l'affut, à l'observer pendant un moment.

Ainsi sont les loups de la meute Originelle... Blancs et petits. Ce n'est pas très pratique question camouflage...

Le pelage de Keva, bien qu'assez roux, se fondait parfaitement dans le décor. La blanche fit quelque chose qui sonna une cloche à Keva. Elle se roula dans la boue... À moins que ce soit pour éloigner les insectes, l'alpha se dit qu'il s'agissait sans doute d'une tactique pour cacher son odeur et également le blanc de sa fourrure. Ainsi, en réfléchissant quelque peu, Keva en vint à la conclusion que cette louve n'appartenait pas à la meute présente sur les terres. Quel serait l'intérêt de se cacher autrement? Ce moment d'inattention suffit à Keva pour faire une erreur. Avec sa large carrure, elle cassa une branche dans les petits arbustes dans lesquels elle se cachait.

La louve semblait l'avoir repérer et tenta de se cacher. À peine Keva voulu s'approprier le territoire, déjà les emmerdes commençaient. Et si cette louve était également venue pour voler la terre qui lui revenait? Keva sortie alors des buissons en se bombant le torse. Elle se dit quu'une aussi petite louve se laisserait facilement impressionnée. Sans montrer les crocs, Keva poussa un grognement d'avertissement féroce. Il n'était pas question que cette petite inconnue lui vole les terres qui ne lui appartenait pas encore. Keva toisa sévèrement l'inconnue de ses yeux verts. À qui avait-elle affaire?

Messages : 619

Le craquement qu'Azara venait d'entendre provenait bien d'un loup qui était apparu à quelques mètres d'elle. L'animal avait beau être loin, elle voyait très bien qu'il était plus large et plus grand qu'elle. Son pelage était roux, parsemé de tâches plus foncées. Elle se dit à cet instant qu'il ne devait pas avoir besoin de se couvrir de boue pour se camoufler, comme elle. Il se fondait dans le décor: c'était sûrement un loup de la meute Originelle.

Sa cachette n'avait pas été fructueuse non plus: le loup l'avait bien repéré et s'avançait déjà vers elle, le torse bombé, avec un grondement sortant de sa gorge. Le son était faible, mais son regard était suffisamment sévère pour qu'Azara avale sa salive de travers. Elle aurait préféré observer le territoire, sa meute, ses habitudes, avant d'avoir à les confronter, eux. C'était trop tôt. Son cerveau tournait à toute vitesse: elle ne voulait pas décevoir son alpha.

Elle mettait d'ailleurs trop de temps à réfléchir. Les yeux d'un vert profond de l'autre continuait de l'observer et elle ne voulait surtout pas l'impatienter. Azara sortit de sa piètre cachette d'un pas lent, prudent. Elle savait que l'accueil d'un rival pouvait être glacial, mais elle pourrait certainement rebrousser chemin si elle posait les bons gestes. Elle baissa la tête au sol, en signe de soumission. L'attitude que prenait l'autre lui faisait croire qu'il était l'alpha de la meute. Le vent, à ce moment, s'éleva, et elle sentit très clairement l'odeur du loup... de la louve plutôt! C'était bien une femelle, et elle traînait avec elle l'odeur humide de l'eau, du sel des roches, des herbes et du sable, ainsi qu'une autre effluve étrange, qu'Azara n'avait jamais senti avant. Se concentrant sur son odorat, Azara continua de l'observer. Elle n'était pas très loin de la frontière du marécage. Ce devait être fréquent que les loups des terres du centre croisent des étrangers frôlant leurs terres. Alors pourquoi gronder contre elle, avant même de voir ce qu'elle cherchait à faire par chez eux? L'avait-elle prise par surprise? Dans ce cas, pourquoi était-elle si surprise de croiser une intruse? Azara releva lentement la tête, perplexe. Il y avait quelque chose d'étrange chez cette louve. Elle parla tout de même, espérant mettre toutes les chances de son côté pour discuter, se faire une alliée plutôt qu'une ennemie. C'était pour le bien de sa meute.

—Bonjour. Je m'excuse de mettre les pieds sur un territoire qui n'est pas le mien. Pour être bien honnête, j'aurais préféré passer inaperçue.

Azara secoua son pelage, se débarrassant un peu du costume brunâtre dont elle avait voulu se revêtir. Tout en gardant une bonne distance avec l'inconnue, elle se présenta:

—Je m'appelle Azara.

Elle ne dit pas de quelle meute elle venait. Mieux valait pour elle qu'on la prenne pour une sauvage.

Messages : 626

Lorsque Keva s'approcha en grogna, la louve blanche fini par sortir de sa cachette insignifiante. L'inconnue lui fit clairement voir un signe de soumission. Comme Keva l'avait espéré, cette louve était facilement impressionnable. Aussitôt, cela eu pour effet de calmer l'alpha des Australes. Elle cessa de grogner et continue de s'avancer fièrement, la tête très haute et le poil hérissé sur son dos pour se faire plus imposante.

Une fois assez près, mais assez loin, Keva s'immobilisa, scrutant la louve dans les moindre détails. Ce blanc couvert de boue... Il était si blanc. L'odeur qui émanait de cette louve avait quelque chose de glacial. Sans comprendre pourquoi, cela lui rappela son rêve où tout était blanc autour. Cette louve sentait également un mélange de lichens et de mousse, de terre aride et de la douce odeur sucrée des conifères. Et cette odeur derrière... Quelle était-elle? La louve lui parla finalement. Elle s'excusa de sa présence sur les terres qui n'étaient pas encore celles de Keva.

Keva fut surprise par l'accent de cette louve. Décidément, elles ne venaient pas du même monde. Lorsqu'elle se secoua, la boue séchée retomba un peu sur le sol. Keva était omnubilé par la blancheur de ses poils. À son odeur, Keva eu l'impression qu'elle n'était pas qu'une simple sauvage. D'autres odeurs lui collaient à la fourrure. Des odeurs de loups. Pourquoi une louve irait si loin de sa meute? Était-elle une espionne? Elle tentait de passer inaperçue... Alors pourquoi se dévoiler maintenant? Peut-être était-elle réellement une sauvage, mais en infiltration?

Perplexe, Keva retenue cependant la seule information que la louve lui donna. Son nom était Azara. Pourquoi tant de mystère? Pour Keva, le suspense était insoutenable. Son impulsivité la poussait souvent à découvrir ce qu'elle voulait, lorsqu'elle le voulait. Ne sachant sur quels pattes dancer, Keva lança d'un ton sec:

"Keva. "

Aussitôt, la louve se reprit d'un ton plus calme et déposé. Après tout, cette Azara ne semblait pas très mesquine. La louve décida de jouer la carte de l'honnêté. De toute façon, en quoi était-ce utile de cacher son intention? Keva était consciente qu'elle devra se battre un jour ou l'autre pour ces parcelles de terre. Aussi bien savoir tout de suite à quoi s'attendre.

"Comme toi, je ne viens pas d'ici. Cependant, je convoite fortement une partie de ces terres, alors j'aimerais savoir si tu as l'intention de te mettre au travers de mon chemin. D'où viens-tu et pourquoi te présente tu sur des terres qui ne t'appartiennent pas?"

Keva dévisagea Azara et prit le temps de s'asseoir au sol pour lui montrer sa bonne foi. Son désir n'était pas de se battre, bien qu'elle se disait avoir toutes les chances de son côté. Elle resta toutefois bien droite, avec un regard perçant.

Messages : 619

La louve devant elle continuait d’afficher des signes de dominance. C’était vrai qu’elle avait l’air imposante, son poil roux hérissé sur son dos, plus qu’Azara aurait pu l’être avec sa petite taille. Toutefois, elle avait aussi l’air impatiente. Elle ne tarda pas à lui indiquer son nom. Keva. Il lui semblait qu’il y avait quelque chose de familier dans ce nom, mais elle ne pouvait mettre le doigt sur ce qui la chicotait réellement. Ce que Keva lui annonça par la suite eut de quoi la surprendre: elle n’était pas une louve de la meute Originelle et, comme elle, elle convoitait les terres centrales. Elle lui demanda ce qu’elle était venue faire dans le coin et si elle avait l’intention de se mettre dans son chemin.

La question piqua Azara. Alors que la louve était maintenant assise devant elle, montrant sa bonne foi, Azara fronça les sourcils, les oreilles bien droites. Elle quitta sa posture de soumission, tout en restant neutre. Qui était-elle pour avoir la prétention que ces terres étaient davantage à elle qu’à la meute Boréale? Azara n’aimait pas particulièrement son attitude. Elle était bien ambitieuse et elle semblait oublier que son ennemie n’était pas Azara, mais plutôt la meute Originelle elle-même, qui était bien celle qui se mettrait en son chemin.

Puis, Azara réfléchit. En observant attentivement la louve, elle se dit que Keva, dans toute sa fougue, était bien une louve qui pourrait leur être utile si la meute Originelle refusait de coopérer avec eux. Elle décida donc d’y aller pour la franchise, ce qui lui assurait plus de chance d’obtenir une alliée.

—Je suis bêta de la meute Boréale. Si tu convoites tant ces terres, je présume que tu es de la meute Australe. Aucun sauvage n’oserait réclamer les terres d’un rival à lui seul. Et pour te dire la vérité, je suis probablement ici pour des raisons semblables aux tiennes.

Pour éviter un éclat de colère de la louve, Azara s’expliqua aussitôt. Elle ne voulait surtout pas se battre: elle ne serait en aucun cas utile aux siens si elle mourait sous les griffes de Keva.

—Nos terres sont plus au Nord, où nous vivons bien, en général. Mais l’hiver dernier a été particulièrement difficile pour les miens. Le froid et l’air glacial a fait fuir ou a tué la grande majorité des proies qui nous étaient disponibles. Plusieurs loups de ma meute sont morts de faim, alors qu’ils étaient déjà affaiblis par le froid.

À ce souvenir, les yeux orangés d’Azara se brouillèrent. Elle pensa à sa mère.

—Si tu tiens à ta meute autant que je tiens à la mienne, tu comprendras pourquoi nous cherchons à élargir nos terres vers le centre. Ou au moins, réussir à y obtenir un droit de chasse qui nous empêchera de crever de faim aux prochains temps froids.

Elle s’arrêta. Cela résumait bien la situation: à Keva de voir si elle choisissait de la prendre pour un obstacle ou une alliée.

Messages : 626

La question sembla irriter Azara qui fronça les sourcils. À présent, elle avait opté pour une posture plus neutre. Keva la toisa en attendant toujours sa réponse. Ainsi, elle était la bêta de la meute Boréale... Keva croyait que cette meute ne relevait que des légendes que son père lui racontait enfant. Alors la poudre blanche dans son rève devait être la neige... Et cette louve, Azara, présentait un pelage assez distinctif pour pouvoir être la seule à se cacher dans la dites neiges.

Cette louve blanche devina également la meute de Keva. Celle-ci approuva du regard. Lorsque Azara lui dit qu'elle était sur ces terres pour des raisons semblables aux siennes, Keva se releva brusquement sur ses pattes, sans réfléchir, prête à toutes sortes d'éventualités. Sans que la rousse ne l'ait demandé, Azara s'expliqua, ce qui fit redescendre d'un cran l'énergie de Keva. Elle lui parla du froid, de la famine et de la mort. Keva parvenait à comprendre. La chaleur écrasante du Sud parvenait parfois à tout assécher, faisant fuir, par le fait même, le précieux gibiers. Également, les coups de chaleur non soignés pouvaient rapidement dégénérer, voir entrainer la mort.

En fixant la louve dans les yeux pour juger de sa sincérité, elle remarqua que ses iris orangés étaient imbibés d'eau... Keva se fit d'abord méfiante. Jouait-elle le jeu pour tenter de l'amadouer avec son histoire? La louve prit une grande inspiration en portant un regard sévère sur Azara. L'alpha se dit qu'il se pouvait aussi que par ce froid dont elle parlait, elle ait perdu un être cher. Un enfant peut-être?

Keva comprennait bien les raisons qui poussait la meute d'Azara à s'exiler vers le Sud, cependant, elle comprennait aussi que cela représentait une menace. Une menace pour les terres abondantes sur lesquelles elles se tenaient, mais également, une menace éventuelle pour ses propres terres et sa meute. Et si Azara avait d'autres raisons de chercher des terres qu'elle ne disait pas? Et si sa meute souhaitait prendre le contrôle de toutes les meutes avoisinantes? L'alpha ne pouvait quand même pas se fier à des spéculations... Aussitôt, elle répondit:

"Je comprends bien les raisons qui te pousse, toi et ta meute, a chercher refuge ailleurs, mais je ne crois pas que ce soit nécessaire. Il est difficile de croire que l'été au Nord soit aussi rude que l'hiver. Alors le gibier doit bien migrer dans vos terres durant l'été pour vous permettre de reprendre des forces? Et puis, tu peux me croire sur parole, la force du vent et du froid n'est rien comparée à la force des hommes."

Keva se demanda même si Azara savait ce qu'était un homme. En avait-elle déjà vu ou même senti un? Du côté du Sud, c'était plutôt le contraire. Les hommes étaient de plus en plus présents et l'été était difficile. Parfois sec et étouffant, parfois humide et écrasant. La sécheresse était souvent d'attaque. L'eau se faisait rare, et le gibier également. Durant l'hiver, en trois ans, jamais Keva n'avait pu voir de neige. Par contre, le gibier revenait en abondance et le sol des landes était détrempé. La dominante redressa sa posture debout, en prenant soin de placer sa queue bien haute. Keva enchaîna immédiatement, sans laisser à Azara le temps de répondre.

"Ce que je peux te dire Azara, c'est que j'aime ma meute et que je ferai tout pour sa survie, alors si je dois me battre contre toi pour ces terres, ne crois pas une seconde que j'hésiterai. Par contre, lorsque je serai maîtresse de cette forêt, je t'invite à revenir avec l'un de tes alphas. Nous pourrons alors discuter d'un arrangement si ces terres sont aussi prometteuses qu'elles ne le paraissent."

Bien qu'elle soit parfois trop ambitieuse, Keva avait tout de même de l'empathie pour les autres. Elle n'était pas non plus égoiste à ce point. De plus, avoir une alliée au Nord en cas de récidive de la meute Originelle serait un avantage considérable. Après réflexion, Keva se dit que Azara semblait bien courageuse. Si elle avait bien dit la vérité à Keva, elle pourrait lui être utile. Peut-être même pourrait-elle s'entendre et travailler ensemble pour arriver à leurs fins?

Messages : 619

L'alpha eut l'air méfiante à ses paroles, mais Azara fut soulagée de voir qu'elle comprenait la situation dans laquelle sa meute était placée. Toutefois, Keva semblait penser que le retour du gibier à l'été était suffisant pour que la meute Boréale reprenne des forces. Elle mentionna ensuite que le froid n'était pas comparable à la présence des hommes. Azara s'apprêtait à lui demander de ce qu'elle voulait dire par là, alors que Keva enchaîna, sur la défensive, la queue bien haute: elle était prête à se battre pour obtenir ces terres, mais l'invitait à revenir une fois qu'elle serait maîtresse des lieux, pour discuter d'un arrangement.

Azara gronda faiblement, moins par menace que par mécontentement. Elle était dans une position risquée: elle devait être en mesure de parler dans l'intérêt de sa meute. Un moindre faux mouvement pourrait leur coûter cher. L'attitude de la louve lui déplaisait: elle n'aimait pas les loups qui se croyaient tout permis. Elle était perplexe à voir sa rival croire qu'elle prendrait facilement possession de ces terres.

—Tu es bien ambitieuse, Keva, murmura Azara. Je suis contente de voir que tu es ouverte à la discussion. C'est ce que nous voulons. Nous ne risquerons pas de perdre des nôtres pour un droit de chasse, même si cela peut nous coûter un autre hiver difficile. Mais tu sembles oublier que ce n'est pas à toi de négocier avec ma meute.

Azara se leva et s'avança vers l'alpha. Elle n'avait pas envie de la provoquer, au contraire: elle avait l'impression de comprendre ce que se tramait derrière ces yeux verts. Keva était prête à tout pour le succès de sa meute. Si une alliance était ce qu'il lui fallait pour dominer la meute Originelle, elle le ferait. Sur le ton de la confidence, maintenant plus proche de Keva, Azara lui dit:

—As-tu la moindre idée des loups que tu croiseras ici?

Azara, elle, en avait entendu parler. Si son alpha prenait autant de précautions avant d'entamer la discussion avec leurs rivaux, c'était parce qu'ils étaient bien connus dans les terres du Nord.

—La meute Originelle ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle regroupe les loups les plus agressifs du territoire. Il me semble que dans une telle situation, ta meute, autant que la mienne, aurait tout à gagner à ne pas se battre inutilement.

Elle pense à sa dernière discussion avec les dirigeants de sa meute.

—Nous ne nous mettrons pas dans ton chemin. Mais nous serions prêts à t'aider si tu nous aides aussi.

Azara un petit sourire complice. Alors qu'elle quittait les terres du Nord ce matin, elle n’imaginait certainement pas qu'elle aurait peut-être une chance d'y retourner avec une alliée chez la meute Australe, qui semblait si loin, si inaccessible pour eux. Pourtant, c'était peut-être le cas.

—Sinon, oui, tu as raison. Nous arrivons à reprendre nos forces l'été, avec le retour du gibier sur nos terres. Mais les temps sont incertains. Penses-tu que je suis la louve la mieux adaptée pour espionner sur des terres ennemies? Non. Je suis ici parce que notre situation reste critique. J'aime à penser qu'à l'hiver prochain, nous aurons l'occasion de chasser par ici, si nous sommes en danger, là-haut.

Puis, Azara se tut. Elle se demandait toujours ce qu'était un homme pour Keva, mais elle ne voulait pas pousser sa chance. Elle laisserait Keva lui dire ce qu'elle souhaitait sur la situation de sa meute. Pourquoi voulait-elle tant ces nouvelles terres?

Messages : 626

Un léger grognement de mécontentement se fit entendre de la part de la blanche. Keva n'en resta pas moins méfiante. Elle plissa légèrement ses paupières pour mieux fixer Azara. Celle-ci lui dit qu'elle était ambitieuse. Bien que dans la bouche de Azara cela sembla être un défaut plutôt qu'une qualité, l'alpha ne pu s'empêcher de se sentir flatter. Elle qui espérait tant ressembler à son père. Elle l'avait toujours considérer comme un mâle ayant beaucoup d'ambition. Elle avait si fort tenté d'être à sa hauteur, qu'elle n'avait jamais remarqué qu'elle avait largement dépassé les idées de son paternel, qu'elle continuait de garder sur son piédestral.

Ensuite, le rappel d'Azara lui signifiant que ce n'était pas à elle de négocier avec sa meute la vexa. Lorsque celle-ci s'avança doucement vers Keva, la dominante dévoila légèrement ses crocs, sans réfléchir. Bien que le ton de Azara se voulait pacifique, la louve se senti attaquée. Azara la croyait à ce point innocente? Bien sûr que Keva avait entendu parlé de la meute Originelle. En revanche, puisqu'elle ne les avait jamais croisé, Keva considérait que la rage et la violence de cette meute n'était que des rumeurs faussement exagérées. Ces loups ne devaient pas être à ce point agressifs. Ces histoires arrivaient souvent de loups trop prétentieux qui avaient tenté leur coup auprès de cette meute et qui avaient eu simplement une mauvaise expérience.

À l'intérieur d'elle, le sang de Keva se mit à bouillir légèrement. Puis Azara mentionna qu'elle ne se mettrait pas au travers de son chemin. Un soulagement se fit immédiatement sentir. Keva ne souhaitait pas se battre inutilement non plus, mais elle devait s'assurer de ne pas avoir davantage d'ennemies. Azara lui dit que sa meute pourrait lui venir en aide, si la meute Australe en faisait de même. Pouvait-elle faire confiance à une meute dont elle ignorait la réelle existence jusqu'ici? Pouvait-elle se fier à une meute qui vivait dans un autre univers que le sien, à l'autre bout du monde? Et si cela se revirait un jour contre elle ou alors qu'il s'agissait d'un piège? Peut-être la meute Boréale et Originelle avaient déjà fait un pacte ensemble? Ils étaient si proche et si loin à la fois...

"Je comprends tes désirs et tes motivations. Je ne connais pas ta situation réelle et je dois me fier à tes paroles. Je crois que si nous voulons faire affaire ensemble, nous aurions tout intérêt à rendre visite à nos terres respectives pour prendre le poul de la réalité qui nous est propre."

Keva pensait ainsi avant tout gagner du temps et apprendre à connaître cette meute cousine, mais lointaine. Et puis si la meute Boréale devait un jour être une ennemie, Keva saura déjà à quoi s'en tenir.

"Nous avons un été bien clément. Nous devrions en profiter pour faire tout ce chemin et élaborer un plan jusqu'à l'automne. Ainsi, je pourrai ressentir le froid pénétrant du Nord et tu pourras sentir la chaleur étouffante du Sud."

La louve rousse fit une brève pause pour bien peser ses prochains mots. Si Azara s'était ouverte quant à la situation de sa meute, Keva avait gardé le silence, bien qu'elle y avait glissé certains indices laissant deviner les difficultés auxquelles ils devaient faire face. L'alpha se dit que pour gagner la confiance et la compassion de cette meute, elle avait avantage à jouer carte sur table.

"Au Sud, la situation est similaire à la votre, bien qu'elle soit différente. Au lieu du froid mordant de l'hiver, la chaleur écrasante de l'été nous accable. Tout ne devient que poussière. L'eau s'évapore et une simple bourrasque de vent peut devenir une véritable tempête de sable. Tandis que l'hiver fait fuire votre gibier, le notre disparait durant la saison chaude. Mais ce n'est que le dernier de nos problèmes. Jusqu'ici, nous arrivions à survivre. La rivière n'est pas très loin de nos terres et bien que ses berges se rapprochent durant l'été, elle regorge de poissons et d'autres bestioles en tout genre."

Au départ, Keva souhaite s'accaparer le territoire qu'occupait la rivière. Ainsi, elle n'aurait pas eu à se confronter à la meute Originelle pour le moment. Cependant, la venue des hommes avait changer bien des choses et la rivière ne lui suffisait plus. Elle devait trouver pour sa meute, un territoire où l'homme n'oserait jamais mettre le pied. Était-ce seulement possible?

"Notre véritable problème, ce sont les hommes... Ces étranges créatures doivent avoir des problèmes à se déplacer tout en gardant l'équilibre sur leurs deux pattes... Là est le problème. Leurs pattes avant sont souvent occupées avec des choses qui tuent. Ils peuvent tuer de si loin. Je n'ai jamais vue une telle chose. Nous ne pouvons s'en prendre à eux. Depuis que nous les avons aperçus dans les landes, plus aucun loup de la meute n'ose s'y rendre en dehors des sentinelles. Et ceux-ci rapportent souvent des hommes de plus en plus près de notre forêt. Ils gagnent du territoire. Je ne sais pas dans quels terriers ils se cachent. Se sont comme des fantômes. Ils apparaissent et disparaissent, sans laisser d'autres traces que le sang des notres. Nous devons trouver refuge, sans quoi c'est toute notre meute qui est en danger."

Le nez de Keva bougea de gauche à droite nerveusement. Le simple fait de parler de ces hommes suffisait à la rendre anxieuse. Elle devait s'approprier, avant l'hiver, d'autres territoires où l'odeur de l'homme n'était pas. Elle secoua son pelage dans le but de relâcher la tension qui montait en elle et reporta son regard vert sur Azara. En avait-elle trop dit?

Messages : 619

Azara avait peut-être dépassé les bornes: Keva n'avait pas l'air d'apprécier son air de confidence. Elle eut l'air vexée à son approche et lui montra les crocs. Toutefois, Azara vit dans ses yeux que l'alpha était soulagée de voir que la meute Boréale ne serait pas un problème pour elle. Elle lui proposa même de visiter leurs terres respectives pour mieux comprendre la réalité de chacun et élaborer un plan qui s'étirerait sur quelques saisons encore. Azara frémissa. Elle pensa à sa mère et se dit qu'ils avaient peut-être une chance finalement de se sortir du danger de l'hiver. Azara hocha la tête doucement, puis Keva continua son histoire. La louve avait l'air d'hésiter à parler, mais une fois qu'elle s'y mit, le flot de ses paroles hypnotisa Azara.

Elle lui parla de la chaleur cuisante de l'été, une chaleur qui faisait fuir leur gibier. Cela semblait surréel pour Azara, qui n'avait connu qu'au mieux un air frais, agréable, à l'ombre des conifères. Puis, elle vit peu à peu l'angoisse de Keva augmenter alors qu'elle lui parlait des hommes. Azara avait de la difficulté à se faire une image de ce que lui expliquait la louve. Jamais elle n'avait croisé ces étranges créatures dans le Nord, capables de tuer un loup de si loin, marchant sur deux pattes. Keva se secoua le pelage, tentant de retrouver son calme, mais la tension était visible chez chaque muscle de son corps.

Azara poussa un gémissement compatissant. Pour la première fois, il lui semblait que la louve avait baissé sa garde. Son visage ne reflétait plus que de l'ambition et de la fougue, mais plutôt de l'humanité. Keva avait peur pour les siens et devait trouver un refuge, un sentiment qu'Azara partageait complètement. Elle lui dit:

—Nous n'avons jamais vu ces hommes sur nos territoires, mais ils me semblent bien menaçants. Je devrai parler de notre entente à mon alpha avant tout, mais je crois que l'entraide nous serait bénéfique à toutes deux.

Azara regarda autour d'elle, ses yeux farfouillant entre les arbres. Le vent lui amenait depuis quelques minutes l'odeur de gibier frais, mais jamais celle d'autres loups. Elle en n'avait pas croisé d'autres depuis son arrivée aux terres du centre. Ils devraient avant tout observer à qui ils avaient vraiment affaire, mais il semblait que les loups de la meute Originelle se faisaient discrets: ou bien elles avaient simplement été chanceuses d'être passées inaperçues aujourd'hui. Un doute perça dans le crâne d'Azara, qui se remit sur ses pattes, toujours en regardant au loin. Le silence de la forêt mixe lui semblait suspect, tout d'un coup. Même les feuilles bougeant dans le vent semblaient se taire. Elle serra la mâchoire, puis se tourna vers Keva.

—Nous devrons revenir ici dans les prochaines semaines. Moi, ou certainement des loups qui seront plus habiles pour se camoufler dans le décor.

Elle regarda ses pattes, toujours trop blanches malgré la crasse de la terre. Puis, elle plongea ses yeux orangés dans les grands yeux verts de Keva.

—J'ai bien peur que nous ne savons pas ce qui nous attend vraiment.

Messages : 626

Keva avait vue juste. Le Nord se voulait exempt d'hommes. Azara n'avait jamais dû les confronter. C'était une bonne chose. Si la louve repérait la présence de trace humaine en terre centrale alors elle pourrait toujours monter dans l'extrême Nord, sur les terres des loups de la meute Boréale. Ce n'était pas un plan utopique, mais ça restait un plan qui laissait une dernière chance à la meute Australe de fuire l'homme. Cela calma un peu plus la louve. Elle devait se concentrer sur sa première idée. La rivière, puis les terres des Originelles. S'assurer que ces terres n'étaient pas marché par les hommes. Ensuite elle verrait.

Azara lui dit qu'elle devait d'abord parler de cela avec son alpha. La blanche sembla soudainement pensive. Keva redressa les oreilles. Un silence accablant se faisait maintenant sentir dans la forêt. Même la brise semblait s'être endormie. Keva renifla subtilement l'air. Aucune odeur ne laissait croire que quelque chose se préparait. Aucune odeur canine non plus, autres que celles des deux louves.

La bêta lui signifia qu'elles devraient revenir sur ces terres dans les prochaines semaines. La rousse n'avait pas le temps. L'été passait souvent très vite et elle ne tenait pas à se rendre au Nord durant l'hiver. Si l'hiver était frais et souvent sans neige dans le Sud, elle n'imaginait pas au pays de la glace. Son périple devait se faire durant l'été. Son empressement était une fois de plus, le résultat de son impulsivité. Les yeux orangés d'Azara croisa ceux de Keva. Il était vrai que Keva ne savait pas vraiment à quoi s'attendre, mais elle ne s'en faisait pas trop.

"Je ne crois pas que nous devrions revenir ici. Nous sommes en territoire ennemie et je crois qu'un effet de surprise sera beaucoup mieux. Si nous nous montrons trop présentes, ils finiront par entendre parler de notre plan."

Le Nord... Le froid. Non, Keva ne savait pas à quoi s'attendre. Sa fourrure n'était pas faite pour le froid. Elle était faite pour rester au sec et au frais durant les grosses canicules. Jamais sa peau n'avait expérimenté une température aussi froide que ce qu'elle s'apprêtait à affronder durant les prochaines semaines. Irait-elle seul? Pourrait-elle compter sur son bêta ou bien sur un loup fidèle à la meute? Une odeur... C'était bien l'odeur d'un loup de la meute Originelle. Elle était encore loin, mais toute de même perceptible. Et si Keva avait senti cette effluve, ce loup avait sans doute senti l'odeur des deux intruses. Elle devait quitter ce territoire rapidement. Ce loup ne tarderait pas à se pointer.

"Je ferai le trajet, avant que l'été ne se refroidisse. Je te rejoindrai au Nord. Compte une lune d'ici là. J'hurlerai une fois que j'aurai senti ton odeur et celle de ta meute, ainsi tu pourras venir me retrouver. Je serai accompagner de mes meilleurs guerriers."

Keva ne savait pas si elle serait accompagnée, mais elle devait absolument protéger ses arrières et ne pas donner de raison à Azara de croire qu'elle serait seule et vulnérable. La meute Australe n'avait pas besoin de perdre sa dominante pour une histoire d'alliance qui fini tragiquement. L'odeur du loup était de plus en plus présente. Keva secoua sa fourrure, comme pour raviver ses muscles, puis elle tourna le dos à Azara, en ne lui laissant pas le temps de répliquer. Finalement, elle lança:

"Dans une lune, Azara. J'espère que je peux compter sur toi."

Puis aussitôt, la louve se mit à trotter rapidement en direction de ses terres. Keva devait encore franchir la forêt et la prairie. Le danger était grand. Elle ne souhaitait qu'une chose, qu'elle soit libre de rejoindre la rivière sans embuche et sans rencontre importune. C'est seulement de l'autre côté de la rive qu'elle pourrait se sentir en sécurité.

Keva repensa à tout cela. Pouvait-elle sincèrement faire confiance à cette pure inconnue? Était-elle simplement naïve de croire à une alliance avec la meute Boréale? Tout était incertain. Keva activa davantage le pas, jusqu'à être à la course. Elle devait tenter le coup. C'était pour le bien-être de sa meute.

À dans une lune Azara... J'espère que je ne me suis pas trompé sur ton compte.

Messages : 619

Keva ne semblait pas du même avis qu'Azara: pour elle, c'était imprudent de revenir sur les terres du centre. La louve blanche restait perplexe: elle ne savait toujours pas si le jeu en valait vraiment la chandelle, n'ayant toujours aucune idée de ce qui les attendait. Cela ne semblait pas déranger Keva, mais les loups du Nord n'étaient pas aussi impulsifs qu'elle: son alpha aurait peut-être une autre vision de la chose. Azara se demanda si, au fond, Keva ne cherchait pas secrètement de l'aide dès le départ. La situation au Sud devait être bien pire que ce que la louve blanche arrivait à s'imaginer. Keva lui proposa de se rendre sur ses terres dans une lune, accompagnée de ses guerriers. Azara hocha la tête, un peu distraitement. Était-ce une bonne chose d'accepter un tel plan, sans même avoir l'accord de son alpha? Un mélange de fébrilité, d'excitation et d'angoisse se tortillait dans son ventre. Elle se lécha les babines et le museau pour se calmer.

Keva lui répéta leur plan, disant qu'elle espérait compter sur elle. Tout-à-fait sérieuse, Azara hocha la tête, cette fois avec confiance. Même si sa meute n'était pas d'accord avec l'alliance qu'elle venait de créer, elle honorerait sa parole et accueillerait en amis les loups de la meute Australe. Elle regarda Keva partir. La louve avait l'air si sûre d'elle, son physique reflétant toute la dominance de son rang. Secrètement, Azara se dit qu'elle aimerait lui ressembler.

Le vent la sortit de ses pensées: une nouvelle odeur commençait à l'envelopper, une odeur de loup, cette fois. Elle ne voulait pas rester sur les terres de la meute Originelle une seconde de plus et risquer de se faire repérer. Elle revint sur ses pas et quitta la forêt. Elle vit entre les arbres que le soleil commençait déjà à se coucher vers le sol. Elle devait raconter ses découvertes au plus vite à Asmund.

OUT.

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée