Azara était maussade depuis les derniers jours. Sa rencontre avec Keva, l'alpha de la meute Australe, l'avait d'abord rempli d'espoir: ils avaient peut-être une chance, grâce à cette fameuse alliance, de pouvoir chasser au centre, si Keva arrivait à détrôner la meute Originelle. Toutefois, sa rencontre avec Varzar, l'alpha du centre, qui s'était aventuré sur leurs terres, l'avait rempli d'angoisse: non seulement il savait maintenant pour leurs intentions, mais il semblait lui dire que Keva ne respecterait pas ses promesses. Dans ce cas, les loups au Nord n'auraient plus de chances. Varzar ne les aiderait pas. Keva était peut-être traite. Ils devraient se battre, eux aussi. La tête de la louve de neige bourdonnait et elle rageait contre elle-même: elle aurait dû ne jamais rencontrer cette satanée louve rousse.
La jour était levé depuis un bon moment lorsqu'elle quitta la forêt de conifères, seule. Plus que jamais, elle désirait qu'on la laisse tranquille, un peu coupable d'avoir peut-être nuit à sa meute, qu'elle désirait au contraire aider. Azara était en direction du lac, un territoire neutre, juste avant les marécages. Les loups du Nord devaient profiter de l'été pour y pêcher, parce que l'hiver, l'eau ne devenait qu'une dangereuse étendue de glace où la plupart des loups n'osaient s'aventurer. Après quelques minutes de marche, elle arriva à destination.
Elle vit l'eau miroitant sous le soleil d'été avant de remarquer ce qui titilla bien vite son flair. Une odeur de bête... une odeur terrible, toutefois. Perplexe, elle regarda autour d'elle, avant de suivre la piste, longeant la berge. Elle s'éloignait à présent de la côte tout près de ses terres. Une mouche vint lui tourner autour, qu'elle tenta de chasser d'un coup de queue. Ses pattes blanches s'enfonçait dans la terre boueuse. Puis, elle remarqua ce qui avait réveillé son odorat.
La bête gisait tout près de l'eau: ses deux pattes arrière y baignaient d'ailleurs. Un cerf. Son panache s'enfonçait dans la terre, de l'autre côté. Couché sur le flanc, la bête ne bougeait plus, et d'ailleurs depuis un bon moment, ce que jugea Azara par l'odeur de putréfaction du cadavre et les insectes qui grouillaient autour. Elle s'approcha prudemment. L'animal avait les yeux vitreux, la gueule entrouverte. Son corps était charcuté: des coups de griffes le recouvraient entièrement. Et pourtant, la viande de l'animal, clairement tué par un prédateur, n'avait pas été touchée.
Une si belle pièce de viande gaspillée, ragea intérieurement Azara, qui pensa aux siens qui avait été affamé tout l'hiver. Elle inspecta la berge, autour d'elle. Des traces de pattes allaient dans tous les sens. Mais quelle créature avait osé tuer un cerf sans même le manger? Certainement pas un des siens. Quelqu'un du centre? Varzar, en pleine nuit, à son retour sur ses terres, pour se moquer d'eux? C'était peut-être ces sauvages qui ne pensaient parfois qu'à tuer.
Il y avait quelque chose d'étrange dans ce triste spectacle.
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Sujet: Re: La mort près du lac Mar 30 Juin - 13:42
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Azara
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Sujet: Re: La mort près du lac Mar 30 Juin - 14:17
Un bruit attira l'attention d'Azara, qui tourna la tête vers les bosquets tout près du lac. Une louve venait d'y émerger en lançant un aboiement qui mit aussitôt la louve blanche sur ses gardes. Elle recula d'un bond de la carcasse en putréfaction, de peur qu'il s'agisse d'une proie que cette louve surveillait elle aussi depuis un bon moment. Elle ne voulait pas avoir d'ennuis. Sa semblable s'approchait au trot, tout en s'arrêtant tout près d'elle, la queue haute. Azara fut prise au dépourvu: elle lança d'abord un petit grondement et se bomba le torse, pour se défendre. Mais bien vite, elle remarqua que la louve ne semblait pas menaçante. Sa vivacité semblait plutôt s'expliquer par la façon dont elle fixait la proie morte: avait-elle faim?
La louve blanche se lécha le museau pour se calmer et recula encore un peu, laissant le champ libre à l'autre. La carcasse gisant au sol ne lui semblait pas assez appétissante pour se risquer à y manger des restes. Elle observa ensuite attentivement la nouvelle venue: c'était une louve grise, parsemée de roux, aux yeux verts qui lui rappelaient ceux de Keva. Elle n'était pas très grande, comme Azara, mais semblait un peu plus corpulente. Une cicatrice était bien visible sur son œil droit. Son odeur lui rappelait le froid, la neige et l'herbe de la toundra. Pourtant, ce n'était pas une des siennes : elle n'était assurément pas de la meute Boréale. Son visage lui était un peu familier, mais pas assez. La curiosité franchit ses lèvres: —Qui es-tu?
En prononçant ces mots, la bêta se rappela certaines discussions qu'elle avait eues avec les dominants de la meute: ils toléraient parfois la présence de certains sauvages sur leurs terres. Était-ce le cas pour celle-ci?
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Azara
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Sujet: Re: La mort près du lac Ven 3 Juil - 14:10
La louve grise semblait prudente. Malgré la faim qui se reflétait jusque dans ses yeux, il sembla à Azara qu'elle n'osait pas s'attaquer à cette viande non fraîche. Azara ressentait son débat intérieur, qu'elle interrompit en lui demandant de décliner son identité, ce que la louve lui accorda. Nasatya. Le nom ne lui était pas familier, mais pourtant... La louve l'appela même Blanchette, ce qui, contre toutes attentes, fit sourire la louve blanche. La douceur de cette inconnue lui rappelait presque sa mère. Elle lui demanda son identité en retour, toujours fière. Il y avait quelque chose d'intriguant chez elle. Bien qu'elle semblait douce et posée, la louve n'était pas soumise pour autant et continuait de garder la tête haute. Ce n'était pas de l'impulsivité, comme chez Keva. Azara eut l'impression qu'elle ne voulait simplement pas se laisser piler sur les pattes. La louve répondit d'abord à sa question.
—Tu peux m'appeler Azara.
Sur ses mots, la louve blanche recula encore un peu, lui laissant de l'espace, et vint se coucher près de l'eau, buvant un peu. Elle tourna la tête vers Nasatya, désignant du bout du nez la carcasse.
—Elle est tienne, si tu veux.
Elle voulait lui faire comprendre qu'elle n'était pas une menace. Elle avait assez de problèmes pour le moment. Elle laissa son regard se perdre sur l'étendue d'eau. Pour une raison qu'elle ne comprenait pas, Azara se sentait en sécurité avec elle. Était-elle une ancienne membre de la meute Boréale? Quelque chose chez elle lui rappelait les siens. La bêta se dit qu'elle devait le lui demander bientôt, mais qu'elle la laisserait se nourrir avant tout.
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La mort près du lac
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