Ici commence la fin - ALACIE

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Le printemps s'était bien installé sur le territoire, progressivement le soleil réchauffait la terre, les arbres reverdissaient, les fleurs des prairies se multipliaient, une saison prometteuse pour tous. Une saison prometteuse pour Kaamos aussi.

Le gris s'avançait paresseusement au sein du Fjord, profitant d'être à proximité de l'eau pour s'abreuver et y observer l'horizon bleuté. Le printemps était synonyme de renaissance. Pour lui, il prendrait une toute autre tournure. La souffrance n'a pas de ciel. Qu'il pleuve ou que le soleil brille, elle est présente, douloureuse, sournoise. Elle gangrène à mesure qu'elle s'accapare de nous. S'il aimait la provoquer, il n'en était pas moins aussi pourri que les autres. Elle l'avait touché en plein coeur, lui aussi. Ce qu'il en restait aujourd'hui n'était clairement pas beau à voir. Ni a fréquenter.

Le loup gris s'était remis de son combat avec ce Rise. Plusieurs semaines s'étaient passées depuis. Il espérait que les charognards s'étaient occupés de lui et qu'il n'en restait désormais plus rien. C'était tout ce qu'il méritait après tout.Il avait voulu s'en prendre à plus fort que lui et il avait était remis à sa place, définitivement. Du moins, il ne le croyait.

La meute Originelle c'était repliée dans le Fjord depuis la guerre, abandonnant une partie de son territoire. Varzar s'était absenté en partant à la recherche de sa soeur, et sans doute de cette louve rousse avec qui il s'était battue pendant l'assaut. Les deux canidés semblaient entretenir un lien particulier et chacun avait pu le remarquer. Kaamos avait voulu en finir avec celle là, mais il avait perdu sa piste à travers la neige. Ce n'était que partie remise après tout.

Kaamos voulait profiter de l'absence de son Alpha pour s'amuser avec sa meute. Blaise était au commande pendant son absence, mais c'était une opportunité en or pour pouvoir semer la zizanie. Il n'allait pas s'en priver.

Le gris avait déjà planifier son plan. La victoire des Boréales était une aubaine pour semer le doute auprès des "siens". Ce n'était qu'une question de temps. Il suffisait de planter une graine et la faire germer. Puis, comme des ronces, les épines finiraient par toucher tout les membres et les étouffer sous leurs branchages.

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La neige avait fondue, l'eau des ruisseaux coulait à bon train, les arbres bourgeonnaient et les fleurs poussaient à nouveau dans les étendus verdâtres des terres de Primitif. Alacie, pourtant, était toujours amère. Les semaines avaient passé depuis les combats qui avaient opposé sa meute à celles du Nord et du Sud. Un assaut qu'ils avaient vu venir. Une guerre pour lesquels ils étaient préparés. Pourtant, tout s'était écroulé et elle ne comprenait toujours pas comment ils avaient pu perdre. Les membres de sa meute s'étaient bien battus, au Nord et au Sud, et le vainqueur n'était pas encore prononcé, du moins pas avant que leur alpha capitule et abandonne. Pourquoi cette lâcheté? Il aurait pu tuer la dominante du Sud et gagner la guerre. Depuis, les Originelles s'étaient repliés au fjord et Alacie se demandait quand les siens admettraient que leur situation n'avait rien d'acceptable. Elle voulait retrouver leurs terres, elle voulait s'en prendre à ces imbéciles qui se prenaient pour des rois maintenant dans les terres de neige... Sauf que la meute Originelle ne bougeait plus. Varzar était parti à la recherche de sa sœur, depuis des semaines, et les rumeurs circulaient qu'il était maintenant allié à l'alpha du Sud. L'espionne ne doutait pas de lui, toutefois. Il était un excellent dominant et il reviendrait mettre de l'ordre dans leur position. Mais cela urgeait. Pour le moment, elle se sentait perdue et n'avait plus de repères auxquels s'accrocher.

Elle revenait d'une patrouille au Nord. Blaze, le bêta qui tenait pour le moment les guides de la meute, l'envoyait parfois pour espionner les changements chez les gagnants. Elle revenait avec le constat troublant que tout allait pour le mieux chez leurs ennemis. Nouveaux territoires, nouveau couple alpha. La meute Boréale prenait de la puissance alors qu'ils ne faisaient rien pour les empêcher. Alacie était découragée. Revenir vers le fjord en traversant leurs anciennes terres, vides de leur présence, la choquait. Elle avait peur que ce n'était qu'une question de temps avant que les loups du Nord prennent possession de leur ancienne forêt, un joyau qui ne resterait pas inhabité. Avant de rejoindre les tanières et d'aller faire un suivi avec son supérieur, elle se glissa le long du fjord et grimpa lentement ses falaises. Elle avait besoin de contempler l'étendue de vide et de cesser de réfléchir pour un instant. Elle avait besoin d'être seule.

Une fois au sommet, son regard parcourut l'ensemble des terres avec aucun vertige. Elle venait souvent sur ce point d'observation pour jeter un coup d'œil sur les territoires voisins. Une montée en puissance au Nord. Le vide dans leurs anciennes terres au centre. Un silence trouble vers le sud. Elle ne savait pas ce qu'était advenus des loups du Sud. Trop d'incertitude la mettait en colère. Elle détestait de rester ainsi immobile. Elle voulait que les choses changent. Sentant la frustration monter, elle poussa un violent jappement qui résonna contre les parois rocheuses du fjord.

On avait dû l'entendre de loin.

Alacie:

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