Ombre trouble [Aeda]

Aeda somnolait. Profitant des doux rayons du soleil. La belle louve laissait les voix de ses camarades de meute s'emporter dans le vent, bercée par la banalité des discussions. Elle se contentait d'attendre patiemment la fin de la petite réunion pour demander à se joindre à une patrouille. Pourquoi pas celle de chasse ? Cela faisait un moment qu'elle n'avait pas chasser..

- Aeda ! On part pour une patrouille.

A l'appel de son nom, la louve dressa l'oreille. Elle ? La louve rousse releva la tête, surprise. Personne ne bougeait et quelques regards étaient braqués sur elle. Hostilité.. oui, rien qui ne changeait de l'ordinaire. Et.. de la surprise ? Voilà qui discordait. Elle n'avait pas rêver donc ? Habituellement elle devait faire des efforts pour se joindre à une patrouille. Tout le monde semblait la considérer comme invisible...
Du coup à chaque fois que les patrouilles étaient formés, Aeda avait pris l'habitude de buller. Elle fermait les yeux et écoutait d'une oreille distraite les avis de chacun. Elle avait bien remarquer les distorsions politiques de la meute à chaque fois qu'un loup prenait les directives. Varzar n'avait pas choisi de bêta et du coup, tout le monde cherchait ses bonnes grâce et grognait sur ceux qui avait assez de courage pour prendre les choses en patte. Une gueguerre assez futile à son goût puisque finalement, le choix reviendras à Varzar. Et leur alpha était loin d'être bête. Elle savait que le choix de ce dernier serait réfléchit et en dehors de tout conflit. Leur alpha faisait toujours ce qui était bon pour la meute. Voilà pourquoi elle le respectait. Voilà pourquoi tout le monde le respectait.

Aeda se releva, elle ne pensait pas que leur alpha connaissait son nom. Ravie ? Oh oui elle l'était ! Son coeur était brûlant de fierté. Oui elle. Elle avait été choisie. Partir en patrouille avec l'alpha était un honneur ! Toutes les louves de la meute rêvaient de pouvoir se joindre à une patrouille avec leur Varzar dans le but de "faire fondre son petit cœur de glace". La vérité, c'est qu'elle, elle s'en fichait. Bah oui parce qu'elle était pas bête, elle savait ne pas être dans la course puis de toute manière, être alpha ne l'intéressait pas tant.

- D'accord.

Son chef était déjà entrain de quitter le camp. Bon.. il ne l'avait sûrement pas choisi par amour ou un truc du genre.. mais il l'avait choisi. C'était déjà une victoire en sois.

N'espère pas non plus que je vais essayer de t’impressionner. Je suis bien comme je suis et à toi de voir ma valeur. Elle même n'y croyais pas vraiment. Sa valeur ? Plus faible de sa portée, incapable de prendre la parole en publique, effrayée par une flaque d'eau. Quelle valeur extraordinaire ! Mais un loup qui s'apitoie sur son sort, c'est pas un loup. Et Aeda avait toujours eu horreur qu'on la prenne en pitié alors malgré tout, elle gardait toujours la tête haute. Aussi c'est le regard fière et le pas droit qu'elle suivit son chef.

Tu n'a rien à prouver Aeda. A personne.

Varzar avançait d'un pas énergique, tout les sens en alertes. Aeda le suivait plus calme, ignorant le troisième loup qui marchait à leur côtés. Son attention était portée sur la forêt. Elle humait les odeurs et profitait de la chaleur du soleil qui se faufilait entre les branches feuillus des arbres. Il y avait tout de même un petit vent frai dans l'ombre qui permettait au temps d'être agréable. Ni trop chaud. Ni trop froid. Un peu comme Varzar. Le loup gris empruntais les sentiers terreux en gardant le silence. Sûrement ne savait t-il quoi dire à ces loups qu'il avait choisis sans même vraiment les connaître. Cela dit, la question du "pourquoi elle ? avait vite été effacée de son esprit. En fait, elle se demandait surtout ce qui pouvait bien inquiéter autant son alpha, au point de l'enfermer dans se silence alerte. Il faut dire qu'elle n'était pas toujours aux faits des nouvelles de la meute. Parfois, elle avait l'impression qu'elle venait juste d'arriver. De ce qu'elle avait compris, des odeurs étranges et des ombres avaient étés repérés par les patrouilles.

Aeda agita les oreilles, agacée par les reniflements bruyants de leur camarade de meute, néanmoins, elle ne brisa pas le silence et se contenta de rester alerte de son côté, laissant bientôt les odeurs du marécage titiller ses narines. Elle fronça légèrement le museau. Ce qu'elle pouvait détester ces odeurs ! Malgré tout, c'était ici qu'ils faisaientt halte. Donc ici que les odeurs étranges avaient étés repérés ?

Malin, pensa t-elle, ici, les odeurs sont mélangées aux fortes senteurs des marécages, seuls les meilleurs pisteurs trouveraient des traces olfactives par ici.

- Bien. Nous allons longer la frontière. Je veux que lorsque nous aurons quitter cette zone, l'odeur des Originelles soit si piquantes que n'importe quel loup solitaire comme en meute en pleure. Mais avant ça, nous sommes à la recherche d'odeur Boréales.

Leur chef était semblable à lui même, distribua,t ses ordres d'un ton froid et imposant. Cela dit, il ne pouvait cacher son inquiétude. Leur présence même en ces lieux étaient bien la preuve qu'il se faisait du soucis quant à ces odeurs.

- Des questions ?

A côté d'elle, le jeune mâle bomba le torse de fierté et une étincelle amusée s'alluma dans le regard d'Aeda. Idiot, pensa t-elle affectueusement avant de croiser le regard de Varzar, qui se posa directement dans le sien. Elle le soutint sans broncher, éteignant rapidement son amusement pour son habituelle air calme et posé.

- Si non, au travail.

Aeda n'avait pas de questions, les ordres de son alpha avaient le mérites d'êtres clairs.

- Bien, dans ce cas, je part de ce côté.

Exprima la louve, indiquant la direction d'un mouvement de la queue, pointant le sud de la frontière. Aeda avait parler d'une voix claire et franche, aucunement entravée par une trace de timidité ou de soumissions. Elle parlait comme une égale. Ce qui pouvait s'avérer étonnant en vu de sa position au sein de sa meute.
La belle louve commença alors la patrouille, prenant la direction qu'elle avait indiquée, laissant les deux mâles derrière elle. La rouquine partait seule de son côté. Elle aurait bien proposé au jeune mâle qui les accompagnait de venir avec elle, mais cela correspondrait à une chute sociale pour lui. Avec le temps, Aeda était devenue plus que le souffre-douleur de sa famille. Elle était devenue celui de la meute. Bien qu'elle ne soit pas une oméga. A côté de cela, elle avait beaucoup de valeur, son seul défaut était sa gentillesse : elle se laissait trop faire, elle en avait bien conscience. Donc elle se contentait de faire ce qu'on lui disait et de le faire en solitaire, parfois en patrouille, quand l'on voulait bien d'elle. Dire que sa valeur était jugée non pas par leur yeux mais par ceux de ses parents.

La rouquine huma l'air, pour le moment, elle ne détectait pas les odeurs de la meute du Nord. Elle marqua donc son territoire et continua d'avancer, remontant la frontière en humant chaque arbre, chaque pierre et chaque motte de terre avec une attention toute particulière. Il y avait bien une odeur Boréale, mais cette dernière se trouvait être assez ancienne.. dans le sens ou il s'agissait sûrement de l'une des odeurs qui les menaient ici. Donc aucune raison d'alerter leur alpha pour un rien. En revanche, si elle sentit des odeurs, elle ne voyait aucune ombre.

Aeda portait l'oreille aux sons de la forêt, même si la vie semblait être figée dans les marécages. La louve secoua la tête, si elle voulait pourvoir tout inspecter dans les temps, il faudrait peut-être humer plus et penser moins. Elle tourna la tête et aperçut le jeune mâle qui les accompagnait qui tentait d’impressionner encore leur alpha. Voilà qui prouvait qu'elle n'avait pas fait beaucoup de chemin. La louve reporta donc son attention sur les odeurs et son marquage.