Pour une dernière fois [Varzar]

Le soleil prenait de plus en plus de temps à se lever le matin. Pourtant, Keva était toujours éveillée à la même heure... Ses pensées l'empêchaient de dormir davantage... Il y avait tant à faire avant la guerre qui venait et la fatigue s'emparait d'elle graduellement. Elle souhaitait presque que la première neige arrive tôt... Si les choses continuaient de s'étirer ainsi, elle n'aurait bientôt plus la force... La fatigue et l'anxiété dû au événement lui avait donner au moins quatre ans en plus et elle le ressenti dans tout son corps en s'étirant ce matin là.

La pluie n'avait pas cessé. Sa fourrure détrempée était lourde, froide et humide. Par chance, dans la forêt, on pouvait encore être légèrement à l'abri de ces températures. Se secouant pour évacuer l'eau accumulé sur elle, Keva se dégourdit les pattes... Tant d'événement s'étaient passé depuis sa dernière rencontre avec Varzar... Ce mâle occupait pourtant toujours ses pensées et elle redoutait le moment où elle devrait l'affronter.

Keva soupira dans la pénombre avant de marcher vers la rivière et le Fjord. Elle avait besoin de se ressourcer. Les derniers temps avaient été difficile. Une partie de sa meute et elle s'était d'abord rendu au Nord, où ils avaient conclus une alliance, malgré que cela fut difficile... Puis en chemin inverse, Keva avait bifurqué seule vers les terres centrales... Elle avait espéré y trouver Varzar. La rousse avait cependant fait la rencontre d'Akéla, qui ne se passa pas tout à fait comme prévue. Elle pouvait encore ressentir les impacts de son dernier combat dans ses membres ankylosé. Elle était ensuite retourné sur ses terres. Puis mère nature qui alors s'était montré clémente, se mit à pleurer, sans arrêt, inondant toutes les terres autour. Prise de court, Keva avait envoyé Adakite en mission d'espionnage vers les terres centrales dans le but d'obtenir des informations sur leur présente condition... Depuis, elle était sans nouvelle.

La louve trouva facilement le passage permettant de passer de ses terres au Fjord... Keva, marchant toujours sous la pluie, était perdu dans ses pensées. Elle espérait qu'Adakite, bien qu'elle ne la portait pas dans son coeur, s'en était sortie et qu'elle avait simplement un retard du au condition actuelle. L'hiver approchait... Les temps se faisaient plus frais au Sud... Cela aurait peut-être un impact sur la pluie. Keva l'espérait bien.

Lorsque Keva se rendit au coeur du Fjord, le soleil pointait déjà un peu dans le ciel, derrière les nuages. La matinée allait activer les êtres vivants autour. C'est pourquoi la rousse avait choisi un chemin au pied des montages, au niveau de l'inondation, longeant l'eau sur un terrain glissant et boueux. Elle ne cherchait pas les paysages en hauteur. En ces temps de guerre, il valait mieux se montrer discrète.

Perdue et vide, Keva s'assoya sur un rocher un peu plus élevé qui lui permis de bien constater l'étendue de l'inondation au creux des montagnes. C'était moins pire qu'à certains endroits, mais les dommages étaient tout de même présent.

Prenant une longue inspiration et fermant les yeux, un pigment dans l'air retint son attention... Il y avait une odeur qu'elle connaissait et qu'elle aurait pu reconnaître n'importe où. La louve figea sur place. Elle n'osa ni fuir, ni aller à sa rencontre. Et bien que cette odeur fut diffuse et encore trop loin pour s'inquiéter, le coeur de Keva s'affola et son ventre se serra...

L'odeur se rapprocha soudainement. Et alors qu'elle était volatile et légèrement en hauteur il y avait quelques instants, cette effluve était maintenant tout près de Keva... La rousse se retourna rapidement pour faire face à son ennemi juré et à son amour interdit. Tout en elle se chamboula. Il était là, devant elle. Elle qui avait tant espéré ce moment depuis le début des inondations. Elle qui avait tant redouté ce moment...

Varzar, cette fois, s'éloignait des souvenirs de la louve. Il se voulait menaçant, claquant les mâchoires et hérissant sa fourrure. La rousse, lâche, ne réagit même pas à ces comportements. Elle avait été meurtrie par la relation. Elle avait besoin de réponse. Elle avait besoin de lui. Toutes ses choses se mélangeaient sans cesse dans son crâne. La pluie tombant sur sa terre ne faisait qu'emplifier le son de ses pensées.

Le regard de Varzar se plongea enfin dans les yeux verts de la louve. Le souffle de cette dernière se coupa soudainement, comme s'il lui avait transpercer le ventre d'un poignard. Cette déchirure au fond d'elle-même. Elle était pénible, souffrante et envahissante. Le regard de Varzar sur elle ne faisait qu'emplifier ce sentiment douloureux.

La rousse resta en silence face aux paroles de son rival. Les mots lui manquaient et elle tentait toujours de reprendre calmement son souffle. Elle qui avait tant voulu le revoir... Elle y était maintenant et elle ne savait plus quoi dire. Une seule pensée lui traversa l'esprit... Si elle n'était pas en mesure de le confronté ici et maintenant... Elle ne serait pas en mesure de le faire durant la guerre. Keva ne devait pas se montrer faible. Elle devait montrer à ce mâle qu'elle n'avait pas peur de lui, qu'elle pourrait facilement l'affronter. Pourtant, ses prochaines paroles étaient teintées de tristesses et de douleur, plutôt que de colère et d'arrogance...


C'était les seuls mots qu'elle avait été en mesure de prononcer. Comme si cette simple phrase résumait tout ce qui se passait dans la tête de la rousse. Elle regardait maintenant Varzar avec tant d'émotions mélangées qu'elle ne pouvait même pas en saisir le sens. Elle était confuse, simplement. Et sous le choc. Devrait-elle se battre contre ce mâle ici et maintenant? L'attitude de Varzar lui laissait croire que ce serait le cas...

Le silence qui suivit ses grondements laissaient dans l'air une impression de déjà vu. Il est vrai que Varzar c'était posé de nombreuses fois la question : "Comment en étaient-ils arrivés là ?". À vrai dire, il se la posait tout les jours depuis le commencement. Lui, le stratège qui avait tout fait pour arriver au bout de ses objectifs. Voilà qu'il n'était plus au somment mais était tombé au plus profond des abysses que pouvait héberger ce monde.

La pluie, elle, restait imperturbable face à ces deux mondes qui se faisait face pour ultime et dernière fois. Car oui, c'était la dernière, l'alpha des Originels pouvait en être sûr. Dire qu'un jour, dans ce même lieu, il avait proposé à Keva de partir. Partir ensemble et ne plus jamais revenir. Qui était ce loup qui aurait été capable d'une telle chose ?



À ces simples mots venant de la louve, Varzar reprit tout à fait la maîtrise de son corps et par miracle de son esprit. Les grondements qui avaient cessé reprirent de plus belle et en un bon il se retrouvait le museau presque collé à celui de Keva. Cette louve qui avait réussit à le manipuler avec ce regard... cette odeur...

- Crois-tu que je ne le sais pas, gronda t'il. Ta chère amie Linéa a prit soin de me le faire savoir. Tout comme Adakite.

À ce dernier mot, le mâle foudroya la femelle d'un regard puissant. Il avait tant de haine qui brûlait depuis si longtemps qu'il en oubliait cette voix qui lui hurlait de se taire.

- Tu sais, ton espionne que tu as envoyé sur MES terres pour t'assurer d'avoir ton emprise partout.

On ne pouvait plus l'arrêter. Faisant un pas de plus, le mâle fit claquer ses mâchoires conscient que Keva ne se laisserait pas faire, surtout en ayant comprit les sous-entendus.

- Je peux dire que tu as réussi ce que beaucoup on échoué jusqu'à présent. Avoir su te faire connaître partout et avoir réussit à manipuler tout ton petit monde. Les Boréales ne sont que des pions pour toi, mais j'ai bien peur de devoir remettre tes conteurs à zéro. Les loups de ce monde mourront en ayant oublié tes actes de conquête et en ce souvenant simplement d'une louve qui aura perdu tout ce qui lui était cher.

L'alpha plongea vers Keva prêt à se défouler, tant par impulsion que par bon sens. Il avait besoin enfin de faire la paix avec lui même. De faire un choix. En d'autre terme, il n'y avait plus d'autre alternative que le sang.

L'attitude de Varzar se voulait de plus en plus agressive. Comment Keva avait-elle pu espérer une toute autre attitude? Elle s'était imaginé la scène, plus souvent qu'autrement. La rousse s'imaginait vivre des retrouvailles intenses, passionnées. Jamais son esprit n'avait pu créer un tel scénario. Les mots de Varzar la percuta et déstabilisa son esprit un moment.

Comment Linéa avait-elle pu la trahir à ce point? Une chose était certaine, Keva se jura que si elle remportait la guerre, jamais elle n'honorerait sa promesse envers la meute boréale. Son impulsion ne la raisonna pas. La rousse se moquait bien de l'information précise que Linéa avait laissé échappée. Elle en entendrait certainement parlé, quitte à se mettre la meute Australe à dos suite à la guerre. Bien qu'elle savait Varzar doué pour semer le doute dans l'esprit et pour manipuler ses prochains, elle le laissa pénétrer son esprit, comme il l'avait jadis fait pour Azara.

Puis cette fois, il mentionna Adakite. Le poil de la dominante s'hérissa aussitôt. Si elle était prête à tout pour Varzar, sa meute passait tout de même avant tout. Adakite n'était pas revenu de sa mission et Keva avait cru qu'elle s'était sans doute perdue ou noyé dans les inondations. Tout s'éclaira finalement. Il la tenait en otage... Ou alors l'avait-il tué? Tout simplement? Un grognement sévère s'échappa de la gorge de la louve. Elle ne pouvait pas envoyer une escouade au sein de la meute originelle pour en avoir le coeur net. Les temps étaient trop dangereux et la meute de Varzar, beaucoup trop informée et en alerte pour tenter quoi que ce soit. Linéa avait-elle dévoilé leur plan en entier?

Varzar s'était approché, claquant de ses mâchoires, brûlant de haine, puis il enfonça un dernier clou dans la tombe de la louve: l'oublie... Si la louve ne voulait pas être oubliée, une seule chose comptait: tuer Varzar. Aussitôt que le mâle plongea vers Keva, cette dernière esquiva légèrement et attrapa Varzar en plein vole par la nuque avant de le plaquer au sol. Ce à quoi s'en suivit quelques roulades, tantôt dominé par Varzar, tantôt par Keva.

Alors que Keva se releva une dernière fois, elle nota la bouche béante du Fjord, creuse et vide, qui attendait patiemment la vie d'un des deux combattants. La rousse ne réfléchit pas davantage et tête baissée, fonça droit sur le thorax de Varzar. L'impact fut forte. Suffisament pour que le mâle perdre pied. Les roches, fragiles sous les pattes de la louve, commencèrent à s'arracher du sol pour accompagner la chute de Varzar. Aussitôt, Keva se recula rapidement et reprit son équilibre en constatant avec terreur ce qui venait de se passer.

Varzar était là, suspendu dans le vide par ses pattes avant. La rousse fit deux pas de plus vers l'arrière. Elle cessa tout grognement. Dans son regard, les émotions se mélangeaient, tout comme le dilemme qui se présentait dans sa tête. Pouvait-elle réellement le laisser mourir ainsi?

La rousse pensa aux avantages. Elle pourrait alors reprendre le contrôle de la meute Originelle et effacer cette dernière de l'histoire. Elle pourrait trouver des terres, doubler ses effectifs. Elle pourrait éviter la guerre et l'alliance avec les Boréales. Elle pourrait obliger Linéa a se plier à ses exigences. Après tout, la meute Australe serait alors une puissance non négligeable et la meute Boréale n'aurait aucune chance... La mort de Varzar signifierait le début de son règne. Pour une louve ambitieuse comme Keva, c'était une opportunité unique qui se présentait devant elle... Le laisser s'épuiser et mourir ou même l'aider à terminer sa chute... C'était facile... Et pourtant, elle resta tétanisée avec cette énorme boule dans l'estomac, comme si c'était sa propre vie qui était en jeu.

Cette odeur qui se mêlait à celle du sang n'était qu'un avant goût de ce qu'ils les attendaient tous dans quelques temps. Comment en étaient-ils arrivaient là ? En tout cas, leur premier jeu au bord de la rivière semblait bien lointain, c'était sûr.

Varzar ne se laissa pas faire quant à la manipulation de force que la guerrière qui était en Keva prodiguait sur lui. Il faisait claquer ses mâchoires, tantôt dans le vide tantôt dans la chair de la femelle. Ce qu'il en ressortait cependant, c'était que lui ni Keva ne visait ou même n'osait enfoncer leur crocs trop fort. Un combat avec loup ne durait pas souvent des heures c'était clair. Comment avait-il fait avec Yorak ? Eh bien il n'avait pas mis longtemps à prendre un avantage pour donner un dernier coup de soumission. Ce combat là, qui était en train de se produire entre Keva et lui n'avait rien d'un combat mort...

Varzar sentit le coup de tête puissant de la poussiéreuse et une lueur inquiète et surprise à la fois apparut dans son regard lorsque qu'il sentit ses pattes arrières quitter la terre ferme sous cette pluie drue. Ses pattes avant de tardèrent pas à suivre le mouvement en glissant dans la boue et alors que l'alpha des Originelles se tordaient pour récupérer de l'équilibre, un jappement de stupeur suivit son mouvement en percevant soudain le précipice sous lui. Grattant la falaise pour éviter de glisser d'avantage, son coeur battait soudain la chamade. Voilà comment Varzar l'unique allait périr. Mourir ainsi ne lui avait jamais traverser l'esprit. Mourir à cause de Keva... non jamais.

Grognant sous l'effort, son regard croisa celui de la louve qui ne bouger plus d'un poil. La peur mêlait à la colère ne faisait pas bon ménage et le dominant sentit ses mouvements désespérés glisser un peu d'avantage. Il était hors de question de lui demander. Non, il ne pouvait pas...

- Pour...quoi hésites...tu.

Varzar gardait son regard rivé sur la femelle alors qu'il sentait ses muscles lâcher peu à peu.

- Si c'est ainsi que je dois mourir, fait le au moins... jusqu'au bout Keva.

Son sang lui montait à la tête, dans quelques instants sous l'effort, Varzar succomberait. Orgueilleux, il refusait son sort mais tôt au tard, on finit toujours pas payer ses dettes.

La question de Varzar chamboula davantage la rousse. Pourquoi hésitait-elle? Un mélange de crainte, d'angoisse profonde, de fierté et de colère la tenait toujours sur place. Si bien qu'elle ne pu entendre la deuxième phrase de l'alpha adverse. La seule chose que Keva voyait, c'était un mâle, au seuil de la mort, s'efforçant toujours et encore de survivre. Vulnérable. Pouvait-elle permettre à une telle chose d'arriver?

Le coeur de la louve se déchaînait dans son coeur et dans chacun de ses membres. Sans réfléchir, elle se projeta de nouveau vers Varzar, planta ses crocs dans la fourrure de la nuque du mâle et le tira de toutes ses forces sur le sol fragile et instable. Les larmes lui montèrent au yeux lorsqu'elle réussit à le remonter sur le plateau où ils étaient.

Une fois de plus, la rousse le laissa là et recula de quelques pas. Elle ne sentait plus les quelques morsures qu'elle avait reçu de sa part. Keva ne savait plus ce qu'il était bon de faire ou non. Elle aurait dû de laisser mourrir? Pourquoi en avait-elle été incapable? La rousse ressenti du dégoût envers elle-même. Son père serait certainement déçu de ce qu'elle devenait. Pourquoi avait-elle oser le sauver?

Puis en quelques instants, Keva se projeta dans un avenir rapprocher... La guerre à venir. Et si s'était à elle de mourrir dans son combat avec Varzar? Lui laisserait-il une chance? Impossible. La survie de sa meute était en jeu... Et si elle devait mourrir ce jour là? Keva secoua la tête. La dominante se senti soudainement prise d'une vertige immense. Comme si le sol s'effondait sous ses pattes. Comme si tout son sang quittait son corps. Son souffle coupé et rapide. Un poids immense sur la poitrine. Elle cru mourrir. Pour de bon cette fois. Pourtant, elle était toujours là et bien que sa vision flou lui obstruait la vue, elle voyait bien Varzar devant elle.

Dans tous ses états, Keva parvint à se calmer légèrement et à retrouver une respiration plus ou moins normal. La seule chose qu'elle fut alors en mesure de prononcer fut:

Ses pattes glissaient. Bordel elles glissaient bien. Varzar faisait le fier depuis sa naissance. Encore là, il faisait tout pour ne montrer aucune émotion mais la réalité était qu'il n'en avait pas fini avec la vie. Il ne s'était jamais vu mourir en chutant d'une falaise. Il ne s'était à vrai dire jamais imaginé mourir. C'était donc cela ? Ce que l'on ressentait lorsque la mort nous guette ? Non, il ne voulait pas mourir.

Varzar sentit ses pattes se dérober alors et il ne pu caché un couinement d'effroi. Lorsque les crocs de Keva se plantèrent dans son échine, le mâle essaya d'agripper les roches de la falaise pour aider la louve à s'extirper de cette chute mortelle. Ses pattes touchèrent finalement la terre ferme et la gravité cessa son emprise sur lui. Le mâle roula sur le flanc pour s'éloigner du précipice en ne se rendant pas compte que ses membres tremblaient.

Soufflant bruyamment avant de ralentir sa respiration doucement, Varzar redressa sa tête pour se coucher, les yeux rivés sur le vide au loin. Son cerveau avait été vidé d'un trait et voilà qu'il était encore en vie. Lentement, comme si chaque respiration lui coutait, l'alpha des Originelles tourna son regard vers Keva qui semblait tout aussi perplexe que lui.

Et maintenant...

Varzar venait d'échapper à une mort certaine et terrible par le biais de Keva. Cette même louve qu'il aimait sans pour autant en avoir le droit. Cette louve qui l'avait tant énervé qu'ils venaient de se battre pour en finir avec toute cette histoire. Le monde aurait totalement basculé si Varzar était tombé. Keva aurait pu prendre toutes les terres qu'elle aurait voulut mais non, elle l'avait sauvé. Le mâle baissa les yeux sur ses pattes, ses pensées d'habitude toujours ordonnées lui vrillaient l'esprit. Et maintenant ? Toute envie de se battre avait entièrement disparut du corps de Varzar. La pluie battait l'air et il se sentait soudain épuisé.

Le loup gris se redressa après s'être peu à peu calmé. Que répondre à la question de Keva ? La guerre approchait et bien que Varzar ferait tout pour l'emporter, il lui serait impossible de tuer Keva, tout comme elle envers lui, il venait au moins de le comprendre. Alors comment allé se terminer cette guerre alors que les deux adversaires ne pouvaient pas combattre l'autre ?

- On est quitte.

Varzar avait sauvé Keva aux marécages, elle venait de le sauver d'une chute sans retour. Ils étaient bien quitte donc ? À vrai dire, Varzar ne savait pas quoi dire d'autre encore sous le choc. Le gris s'avança vers la louve pour la toiser de son museau trempée. Il ne savait plus du tout quoi faire à ce moment précis. Comme si la rage s'était envolée, qu'il n'y avait plus que lui et elle, elle qui l'avait repoussé à ce même endroit en jurant qu'ils se battraient l'un contre l'autre et que les sentiments de chacun devaient être ignoré. Elle qui lui torturait l'esprit depuis tant de lunes.

- Je crois que ce que l'on veut tout deux sera toujours plus fort que ce que les autres attendent de nous. Ou est-ce que cette guerre va nous mener Keva ?

L'alpha des Originelles caressa du regard le corps de la louve avant de s'éloigner d'un pas peiné.

- Tu t'es emparée de moi. Tu ne sais pas le nombre de jours qui sont passés sans que ma tête ne pense à toi, me torturant de l'intérieur comme personne n'a jamais eu la force de le faire. Puis j'ai compris la dernière fois que tu t'étais jouais de moi pour m'affaiblir. Et voilà que tu me sauves ?

Varzar était perdu. Totalement perdu.

- L'amour est aussi puissant ?

L'alpha jeta son intérêt sur les fjords battus par la pluie.

- Je crois qu'il est temps d'accepter la vérité au lieu de la refouler. Mais je veux savoir. Est-ce que tout n'était qu'un jeu pour toi depuis le début ? J'avoue que j'aime les jeux d'habitude mais pas celui là. Je veux pas entendre ce que la responsable des Australes doit dire pour ne pas avoir de problème. Je veux entendre la louve qui vit en toi et qui se cache derrière le haut rang que tu as.

Tout comme Keva, Varzar affichait une mine déconfite où se mêlait plusieurs émotions à la fois. Pensait-il à la guerre lui aussi? Pensait-il au combat qu'il devrait mener contre elle? Aurait-il le courage de la combattre, de la blesser sévèrement, au point de la tuer? La rousse en avait presque oublié la pluie qui l'aveuglait au bord du précipice. Le terrain glissant sous ses pattes... Quelle drôle de métaphore.

Varzar lui dit que les comptes étaient remis à zéro. Puis il s'approcha de l'alpha des Australes. Le coeur de cette dernière s'emballa de nouveau. Ne jouait-il qu'un jeu? Puis les paroles de Varzar se mirent à couler, comme l'eau tombait du ciel. Le débit élevé, les mots percutant la louve. C'était inattendu. Varzar mit des mots sur ce que Keva avait tenter d'éviter d'exprimer. L'amour... Ce mot lui faisait peur. Ce mot lui était inconnu. Était-ce réellemet cela? Elle qui ne croyait pas en un tel sentiment? Pourtant, elle ne pouvait pas le dénier.

Le regard de Varzar sur Keva se montrait doux et peiné à la fois. L'amour devait-il être une constante souffrance? Keva resta pendu aux mots de Varzar. S'il avait la force de caractère et d'esprit pour assumer les sentiments qu'il lui portait, Keva ne savait pas quoi en faire. Ce qu'il lui disait, était comme un baume qu'il appliquait sur une plaie qu'il lui faisait simultanément. Douloureux, mais réconfortant à la fois.

La rousse resta silencieuse un moment après la dernière phrase du mâle. Tout se bousculait dans sa tête. Il croyait qu'elle l'avait simplement berné. Keva croyait qu'il l'avait simplement berné. Dans les deux cas, les deux loups ressentaient bel et bien quelque chose l'un envers l'autre. Mais à quel prix? Toute cette histoire draînait l'australe. Était-ce simplement une tactique pour la déstabilisé un peu plus avant la guerre? Pourtant Varzar semblait sincère. Mais pouvait-elle réellement s'y fier?

La rousse se secoua, chassant la pluie et quelques-uns de ses doutes. Puis, à son tour, Keva se laissa aller, hésisante, s'ouvrit à ce mâle qui la tourmentait depuis longtemps. Elle se dit que dans la pire des situations, elle n'aurait qu'à se reprendre. Keva était forte et saurait se montrer forte pour l'avenir de sa meute. S'il fallait combattre Varzar pour cela... Elle le ferait sans doute. D'autant plus si tout cela n'était qu'un jeu de manipulation pour lui.


Keva tentait elle même de se convaincre. Mais elle n'y croyait pas. Et ses mots la fit quelque peu grimacer lorsqu'ils furent prononcé. L'amour était une perte de temps. Elle comprenait pourquoi son père lui avait tant répéter cela au cours de son enfance. La rousse avait mit tant de temps et d'énergie dans cette histoire. Toutes ses pensées l'avaient éloignées de son principale but. La conquête. Diriger sa meute du mieux possible et veiller à ce qu'elle ne manque de rien. Et pourtant...


La rousse jeta un regard à Varzar. Impuslive, sans réfléchir aux conséquences si quelqu'un les voyait ensemble, Keva s'approcha du mâle, jusqu'à pouvoir appuyer sa fourrure contre la sienne. Cette chaleur lui avait tant manqué. La dominante plaqua sa tête sous la gorge de Varzar. Elle y entendait son coeur battre. Elle y entendait sa respiration. Keva resta ainsi blotti un moment avant de redresser sa tête, sans pour autant décollé son corps trempé de celui du mâle.


Avec toute sa bonne volonté, Keva tentait toujours de trouver une solution à quelque chose qui n'en n'avait pas de raisonnable. Toutes les solutions envisageables auraient d'énormes conséquences pour tous...

"C'est ce que nous ferons". Voilà ce que retînt Varzar des premières paroles de la louve. 'il n'y avait pas d'autre choix à cela, alors soit. Mais l'alpha savait déjà une chose. Et Keva le savait aussi. Sinon, toute cette mascarade depuis leur rencontre à la rivière jusqu'à ce sauvetage au Fjord n'aurait été que du vent. Aujourd'hui, il était l'heure pour lui d'arrêter de se torturer. Il avait souffert, trop longtemps, trop de fois, maintenant c'était terminé. Il aimait plus que tout les siens, il avait bien trop travailler pour arriver au sommet.

Le gris sentit un fin sourire se dessiner sur son museau lorsque la rousse parla de s'accrocher à l'esprit de quelqu'un jusqu'à ne plus pouvoir s'en défaire. Ils étaient tout les deux tellement obstinée qu'ils s'étaient montés la tête tout seul l'un contre l'autre alors que tout deux ressentait exactement la même chose. C'était à la fois si drôle et si ridicule.

Varzar ne cilla pas d'un poil lorsque Keva s'approcha de lui. Le pelage trempée par cette pluie sans fin. La mine déconfite. Le mâle rendit l'étreinte que lui portait la louve sans se poser la moindre question. Non, il aimait sa meute mais il aimait d'avantage Keva. Était-il un traître pour cela ? Ne pouvait-il pas combiner les deux ? Peu importe, il s'en moquait maintenant. Il avait déjà fait beaucoup en libérant les Originelles de ce piètre Yorak et il en ferait d'avantage en commandant la guerre à venir. Les siens lui devaient bien cela.

Une pensée envers toutes ces pauvres femelles qui s'étaient tant battu pour prendre place à ses côtés. Elles qui l'avaient soutenu depuis le début, il avait fallut qu'il choisisse l'alpha d'une meute adverse. Mais rien n'arrive par hasard.

- Je ne refoulerai plus rien Keva. J'ai fait un choix et je libère mon esprit de tant de problème. Si cette vérité doit sortir se sera peut-être tant mieux... C'est toi que j'aime Keva. Les autres ils peuvent dire ce qu'ils veulent.

Plantant son regard dans celui de la rousse, Varzar se dégagea de son étreinte pour commencer à s'éloigner.

- Nous nous battrons à la guerre. Mais je ne pourrai rien faire face contre toi, sache-le. Je te fais confiance.

Voilà une bien stupide répartis et loin d'être la plus maligne pour un grand stratège comme lui. Mais bizarrement... Il s'en moquait. Ses épaules qui pesaient si lourd depuis tant de temps semblaient être devenues aussi légère que des petites plumes. Il y aurait la guerre. Contre les Boréales.

Varzar s'accorda un dernier regard vers la louve avant de reprendre le chemin de sa meute.

Varzar répondit une dernière fois sur l'amour qu'il portait à la rousse. Sur la possibilité que la vérité soit enfin dévoilé. Était-ce réellement la solution? Keva n'apprécia pas cette réponse. Elle s'attendait à ce que le mâle lui sorte un plan sans faille, une solution grandiose qui répondrait à tout leurs besoins. Mais il n'en était rien. Que la triste réalité. La rousse soupira avant de regarder Varzar s'arracher à elle et commencer à s'éloigner. Cela ne pouvait durer éternellement. Keva en avait confiance, mais chaque fois, c'était comme un déchirement qui lui criait de rester auprès de lui. Ce mâle à la source de tous ses tourments.

Il lui indiqua qu'ils devraient se battre à la guerre. Il n'y avait donc aucune autre solution. La rousse le savait depuis le début, mais persistait à se conforter dans le déni. Comment le combat se déroulerait-il? Il faudrait qu'il y ait un gagnant. C'était inévitable. Varzar lui avoua ne pouvoir rien faire contre elle à la guerre. Keva ressentait la même chose. Comment s'en sortiraient-ils alors? Alors qu'il avait impliqué leurs deux meutes respectives, en plus de la meute Boréale?

Une fois de plus, Keva soupira en le regardant s'éloigner, priant pour qu'il lui jette un dernier regard. Et il le fit. Le coeur chamboulé, retourné et serré, la rousse rebroussa finalement chemin elle aussi. Mais si le mâle se sentait léger, la rousse avait un lourd poids sur ses épaules et elle devrait jouer la comédie en préparant cette guerre une fois de retour dans sa meute. Ou alors tout abandonner, quitte à faire souffrir sa meute davantage. Non. Elle n'avait d'autre choix que de combattre le mâle. En chemin, elle se fit la promesse de retrouver Varzar une fois toute cette histoire de guerre terminé...